MOSCOU, 9 janvier – Tatiana Sinitsyna, commentatrice de RIA Novosti. Considérée au début comme triomphale pour le Protocole de Kyoto, l’année 2005 s’achève sur une note nettement plus pessimiste.
Le sort de ce premier projet international appelé à réduire l’influence anthropique sur l’atmosphère et prévenir ainsi les changements climatiques devient de plus en plus incertain. Les prévisions pour 2006 sont peu encourageantes. De nombreux experts expriment leurs craintes quant à l’avenir de ce projet unique.
Les prévisions pessimistes sont fondées, selon Sergueï Kouraïev, employé du Centre écologique russe, qui a récemment participé à la 11e session de la Conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques tenue à Montréal. « Il suffit de rappeler la position rigide de l’administration américaine qui ne souhaite pas entendre les mots « Protocole de Kyoto ». Les Américains ont déclaré avant même de venir à Montréal qu’ils ne participeraient qu’aux manifestations de la 11e session de la Conférence des parties à la Convention cadre sur les changements climatiques et qu’ils ne discuteraient pas du programme de la première réunion des Parties au protocole de Kyoto. La lenteur russe dans l’élaboration de la base institutionnelle du Protocole de Kyoto a aussi joué son rôle négatif », a souligné M.Kouraïev.
Toutefois, la Conférence de Montréal a enregistré certains progrès. Les vives discussions entre les 150 États signataires du Protocole de Kyoto qui défendaient leurs intérêts, refusant de céder un pouce de leurs droits, ont finalement débouché sur l’adoption des accords de Marrakech. Les Accords ont juridiquement fixé la comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre, les modalités de réalisation des projets d’application conjointe, le commerce des quotas, etc. Les accords stipulent également l’octroi de quotas d’émission supplémentaires aux puissances forestières compte tenu de leur apport en oxygène, et cela concerne directement la Russie.
L’adoption des Accords de Marrakech ouvre la voie à la réalisation du Protocole de Kyoto en tant que document des Nations Unies. Cependant les obligations concrètes de chaque pays font toujours l’objet de discussions.
Les débats sur le lancement des pourparlers en vue de définir une deuxième tranche de réduction des gaz à effet de serre par les pays industrialisés après 2012 ont été très vifs. Les pays n’ont ni propositions concrètes à ce sujet ni idées sur la formule et les modalités de ces entretiens. Les parties ont enfin convenu de mettre en place un groupe de travail spécial chargé d’exposer les futurs engagements et d’élaborer les mécanismes de prise des engagements bénévoles.
On considère que le Protocole de Kyoto est devenu pleinement opérationnel à Montréal. Mais sera-t-il efficace sans les États-Unis, la Chine et l’Inde – principaux émetteurs de gaz à effet de serre et pollueurs de l’atmosphère? Il n’y a aucune chance qu’ils adhèrent au protocole de Kyoto et l’enthousiasme manifesté par l’UE et appuyé par la Russie n’est pas suffisant. Les Américains affirment prendre des mesures nationales pour réduire les émissions. Et les pays émergents – l’Inde et la Chine – insistent sur la nécessité de rattraper malgré tout leur retard sur les pays développés. Cela laisse peu de chances au processus de Kyoto.
Source : Agence Novosti