En septembre 1960 à Bagdad, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) est crée, regroupant le Venezuela, l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Irak et le Koweit. Ils seront rejoints plus tard par le Quatar, la Libye, Abu Dhabi, l’Equateur, le Nigéria, l’Indonésie et le Gabon. Il s’agissait d’unifier les politiques pétrolières des pays membres pour leur assurer des prix stabilisés et un revenu constant. Dans les faits, cela revenait à batailler contre les compagnies. Au début des années 70, le taux minimum des royalties est fixé à 55%. Les prix du brut sont majorés et révisés en fonction de l’inflation internationale. Cette offensive sur les prix est accompagnée d’actions visant au contrôle accru des pays sur leur production : en février 71, le président Boumediene décide unilatéralement que l’Algérie est actionnaire majoritaire dans es sociétés françaises opérant sur son territoire et transforme les oléoducs et les gisements de gaz naturel en biens d’Etat. Des mesures semblables sont prises en Irak et en Libye tandis qu’ailleurs les contrats sont renégociés.
Cours d’un baril de pétrole brut ramené en Dollars de 2000. Cliquez pour agrandir
En octobre 73, la guerre de Kippour fait rage. Six pays du golfe persique décident une augmentation de 70% du prix du brut. Puis ils (sans l’Iran mais avec les autres pays arabes exportateurs de pétrole) décident d’une baisse de 5% de la production tous les mois « tant que la communauté internationale n’aura pas forcé Israël à évacuer les territoires occupés en 1967 ». Enfin, ils proclament l’embargo envers les Etats-Unis, protecteurs de l’Etat hébreu, puis étendent la mesure aux Pays-bas, au Portugal, à la Rhodésie et à l’Afrique du sud. En deux mois, le prix du baril quadruple (passant de 3$ à 11,65$).
Ainsi la guerre de 73 permet de renverser définitivement le rapport de force entre les pays exportateurs et les grandes compagnies. Mais surtout, cette crise conjoncturelle révèle la crise économique latente et l’urgence du débat sur l’énergie.
Pourtant les Etats-Unis, principale cible de l’embargo, ne sont que faiblement touchés. En effet, les pays exportateurs ne peuvent pas toujours contrôler la destination des tankers qui quittent leurs côtes et puis en 1973, seuls 5 à 6% de leur pétrole était importé du Golfe. Par contre, les Etats-Unis profitent de ce que l’Europe et le Japon, ne possédant pas leurs propres gisements, sont rudement touchés en raison de la baisse de leur compétitivité.
Après la seconde crise de 1979-80, l’OPEP va progressivement perdre de son influence. Les énergies de substitution (le « tout-nucléaire » en France), l’exploitation de nouveaux gisements (mer du nord, Afrique…) et l’individualisme des pays producteurs vont l’affaiblir.
A partir de 1975, l’URSS cherche à augmenter son influence dans les pays concernés par les grandes artères du transport pétrolier (Afrique de l’Est, Sud Yemen, Afghanistan), probablement en prévision de conflits ultérieurs. Mais avec l’écroulement du bloc de l’Est et la fin de la guerre froide à la fin des années 80, met fin à cette stratégie. Cet échec, ainsi que la chute de la production en Russie est sans doute à l’origine de l’acharnement que met ce pays à maintenir sa souveraineté en Tchétchénie.
Depuis 1990-91, les Etats-Unis sont donc en position d’hégémonie. « Faut-il s’étonner que, dans ces conditions, l’hyperpuissance soit tentée d’imposer au reste du monde sa vision d’un ordre international qui coïncide -au nom de la morale et du droit- avec ses propres intérêts ? ». En 90-91, elle a réussi à réunir autour d’elle une coalition, avec la bénédiction de l’ONU. En 2003, elle s’en est passé.