PARIS (AFP) – Scientifiques et responsables gouvernementaux d’une trentaine de pays vont se pencher pendant trois jours cette semaine à Exeter (Grande-Bretagne) sur le réchauffement climatique et devraient dresser un constat pessimiste: la planète se réchauffe plus vite et avec des conséquences plus graves qu’on ne le pensait.
Une centaine de scientifiques et une soixantaine de ministres ou responsables gouvernementaux sont attendus mardi à Exeter (sud-ouest de la Grande-Bretagne), pour cette conférence internationale au cours de laquelle seront présentées 24 études relatives à l’impact des gaz à effet de serre sur le climat.
Ce conclave scientifique se tient à quelques jours de l’entrée en vigueur, le 16 février, du protocole de Kyoto, cet accord de lutte contre le changement climatique adopté sous l’égide de l’ONU en décembre 1997 auquel s’oppose avec virulence le président américain. L’isolement de George Bush sur ce dossier apparaît d’autant plus que son allié le plus proche, le Premier ministre britannique Tony Blair, qui préside cette année le G8, a fait de cette conférence un projet-fétiche.
La réunion d’Exeter doit mettre sur la table l’état des connaissances scientifiques, tenter de préciser les seuils dangereux, sans pour autant se prononcer sur les mesures politiques qu’il convendrait d’appliquer, a indiqué le président de la conférence Dennis Tirpak. « Les vingt-cinq prochaines années vont être décisives pour déterminer ce qui va se passer d’ici la fin du siècle (…). La conférence va tenter de rassembler les meilleures preuves possibles », a-t-il ajouté.
La dernière grande conférence scientifique sur le réchauffement climatique s’était tenue en 2001 sous l’égide de l’IPCC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat, GIEC), levant les derniers doutes sur l’impact du rejet des gaz à effet de serre, qui bloquent dans l’atmosphère les rayons du soleil et modifient l’équilibre climatique de la planète.
Toutefois une grande marge d’incertitude demeure sur l’ampleur du phénomène, sa rapidité d’évolution et les régions les plus touchées. Selon IPCC, les températures devraient augmenter d’ici la fin du siècle dans une fourchette comprise en 1,4 et 5,8 degrés centigrade par rapport à 1990, selon que les volumes de gaz à effet de serre auront doublé ou quadruplé depuis l’ère pré-industrielle. Selon les scénarios de l’IPCC, le niveau de la mer monterait de 9 à 88 centimètres.
Mais au cours des cinq dernières années, les prévisions des scientifiques se sont affinées: « les gens commencent à réaliser que la fourchette haute des estimations est du domaine du possible », souligne Chris Jones, chercheur au Hadley Centre, où se tient la conférence d’Exeter. « En fait, il est maintenant pratiquement admis que ces changements climatiques sont d’ores et déjà visibles », ajoute le chercheur britannique.
« D’ici au milieu du siècle, des canicules comme celle de l’été 2003 en Europe seront la norme, et avant la fin du siècle, on regardera sans doute 2003 comme un été froid », selon Chris Jones.
Les travaux les plus récents, dont certains seront présentés à Exeter, suggèrent que le compte à rebours s’égrène plus vite que prévu. Selon l’une de ces études, il reste à peine quinze ans pour faire en sorte que la pollution due au gaz carbonique se stabilise d’ici la fin du siècle à 550 parties par million (ppm), deux fois le niveau de l’ère pré-industrielle.
Même stabilisées à ce niveau, les émissions de CO2 entraîneraient une hausse des températures comprise entre 2 et 11°, avec, dans l’hypothèse haute, des bouleversements climatiques dramatiques: fonte des glaciers et d’une partie de la calotte glaciaire, inondations, ouragans à la chaîne…
Source : YahooNews