mur végétal

Façade végétale ou mur végétalisé : intérêt, avantages et contraintes

Avec la sortie du second volet du 6ème rapport du GIEC le mois dernier, c’est une nouvelle alerte que font les scientifiques concernant le réchauffement climatique. Mais comment lutter à échelle personnelle contre pollution et augmentation de la température, particulièrement quand on habite en milieu urbain ? Aujourd’hui, nous vous présentons la végétalisation des façades, une solution qui a fait ses preuves et qui mériterait d’être plus répandue dans nos villes.

Un rapide historique de végétalisation des façades

Avec son premier mur végétalisé présentée à la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette en 1986, puis son brevet déposé en 1988, Patrick Blanc est considéré comme l’inventeur du mur végétalisé tel qu’on le connait aujourd’hui.

En réalité ce concept, inspiré de la nature elle même, existe depuis plusieurs siècles. Dès lors que la nature reprend ses droits, elle tend à recouvrir béton et autres matériaux de construction. On pensera notamment aux ruines d’Angkor absorbées par la forêt au Cambodge, ou encore à ces villes abandonnées dans lesquelles la végétation envahit progressivement nos installations.

C’est plutôt la technique de mise en place des plantes sur un support de feutre horticole qui fait l’intérêt du mur végétal de Patrick Blanc.

Quels sont les intérêts d’un mur végétalisé ?

On peut tout d’abord citer le côté esthétique, bien que ce ne soit pas le plus marquant écologiquement parlant. De nombreuses espèces de plantes peuvent être utilisées dans l’aménagement de ce qui peut constituer de véritables jardins verticaux, donnant alors un charme certain au bâtiment qu’elles recouvrent. Attention cependant de ne pas vouloir en faire trop, il reste conseillé de choisir des espèces de votre région et adaptées à votre climat lors de vos réalisations. L’entretien de votre mur en sera facilité et sa durée de vie augmentée.

mur vegetalisé

Viennent ensuite les enjeux écologiques.

Le premier étant la réduction des îlots de chaleur dans les villes. Il s’agit d’une élévation localisée de la température causée par l’absence de végétation. En ramenant des plantes en ville et plus particulièrement sur votre façade vous pourrez contribuer à faire baisser la température ambiante. Combinée à une solution d’isolation par l’extérieur le mur vert ainsi créé contribuera également à rafraichir votre maison en été, sans la rendre plus humide l’hiver à condition de bien réaliser le mur végétal.

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Un autre intérêt essentiel de la végétalisation : lutter contre la pollution ou plutôt les pollutions ! En effet les plantes ont la capacité d’absorber les particules toxiques volatiles présentes dans l’air. Notamment les particules de Benzène, Toluène, Ethyl-Benzène et Xylènes. Elles permettent aussi l’absorption d’une partie des rejets de CO2 ! Ainsi les plantes peuvent être avantageusement utilisées pour lutter contre la pollution intérieure.

En 2012 une étude a par exemple été menée à Lyon par Anne Rondeau dans le cadre de sa thèse de Doctorat.

Des recherches récentes montrent également intérêts des murs végétaux en aquaponie

Comment mettre en place un mur ou une façade végétalisé.e  ?

Pour une installation durable et efficace, plusieurs éléments essentiels vont devoir être mis en place. Tout d’abord il va falloir déterminer si les plantes partiront du bas pour grimper le long du mur ou de la façade (plantes grimpantes) ou si le mur végétalisé va s’étager sur toute la surface du bâtiment tel que dans le modèle proposé par Patrick Blanc. Pour un simple mur recouvert de plantes grimpantes, ce seront des fils métalliques fixés à la paroi qui permettront le guidage des différentes plantes. C’est dans le cas des murs végétalisés verticaux que les choses se complexifient.

Dans le cas du mur étagé, il va falloir une structure d’accroche telle qu’une structure en acier ou des cages en inox. Sur cette surface il faudra ensuite faire tenir une base ou un substrat. Il en existe plusieurs qui ont chacun des caractéristiques et donc des usages différents. Dans le cas du système inventé par Patrick Blanc c’est une double couche de feutre à base de polyamide qui est utilisée. Les plantes viennent se glisser entre les deux couches de feutre, dans des poches qui sont ensuite agrafées.

La vidéo suivante montre la mise en place de cette technique :

Pour que les plantes survivent et se développent correctement, un système d’irrigation devra être incorporé. Il est préférable d’utiliser un circuit fermé, permettant d’économiser l’eau. Ce type de circuit est appelé système hydroponique, il peut être assez technique à réaliser. Raison pour laquelle il reste possible d’utiliser un substrat organique, qui s’il ne permet pas l’économie d’eau pourra dans certains cas se révéler assez absorbant que pour pouvoir éviter les arrosages fréquents. La rétention des eaux de pluie est aussi variable selon le substrat utilisé.

Bon à savoir : il est conseillé de laisser une couche d’air à l’arrière de la structure, entre le mur et l’installation pour éviter que les plantes ne pourrissent.

A chaque support ses caractéristiques

Pour les supports textiles on distingue le feutre aquanappe aussi trouvé sous le nom de fibre NFT, et le feutre géotextile. Les deux ont cependant des caractéristiques similaires. Ils sont inertes, c’est à dire qu’il ne sont pas biodégradables, et imputrescibles ce qui évite qu’ils ne pourrissent. Il est possible qu’une trame de nylon y soit incorporée, permettant d’en augmenter la solidité et donc la durabilité. Les feutres retiennent aussi facilement l’humidité, ce qui est une caractéristique importante à prendre en compte pour la mise en place du système d’irrigation.

Du côté des substrats, une grande variabilité de supports peut être trouvée. La laine de roche, aussi utilisée pour l’isolation, se retrouve ici sous forme de « pains » à incorporer le plus souvent dans un système de casiers métalliques. Pour les façades végétalisées, la laine de roche doit être la plus dense possible pour lui permettre de retenir les plantes.

On retrouvera aussi des mélanges de tourbe et de fibre de coco, ou encore de la sphaigne. Cependant il est important de rappeler que les murs végétaux composés de ces substrats organiques auront souvent une moindre durée de vie par rapport à ceux réalisés à l’aide des feutres. Leur rétention d’eau est souvent trop forte ou trop faible ce qui complique la gestion de l’arrosage des plantes.

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De l’importance de l’entretien !

Vous avez terminé votre mur ou votre façade végétalisée, vous êtes pleinement satisfait du résultat… Pourtant votre aventure n’est pas encore terminée !

Pour que votre petit bout de paradis ne se transforme pas en corvée envahissante, il vous faudra l’entretenir régulièrement. Tailler les plantes dont la croissance est la plus rapide pour éviter qu’elles n’envahissent toute la façade au détriment des autres. Remplacer les plus fragiles qui n’auraient pas résisté dans le temps, apporter de l’engrais si nécessaire. Autant de tâches essentielles pour que votre mur végétalisé reste un atout pour la biodiversité tout en évitant la situation décrite dans la vidéo suivante :

Mais aussi des toits végétaux et des murs intérieurs

Une fois lancé dans la dépollution à l’aide des plantes, difficile de s’en arrêter à la façade ou à un mur de votre jardin… Et ça tombe bien !

En effet, il est possible de mettre en place une toiture végétalisée qui a également un intérêt au niveau de la rétention des eaux pluviales ainsi que pour la conservation de la fraicheur d’un bâtiment l’été. Cette technique s’adapte aussi bien à une toiture plate qu’à une toiture en pente. Cependant il est vrais que sa mise en place est plus simple à réaliser si elle est pensée dès la construction de la maison.

Le mur végétal peut aussi s’inviter à l’intérieur de votre habitation pour lutter contre la pollution intérieure. Il aura là des effets intéressants contre la pollution aux particules toxiques liés à l’utilisation de produits ménagers, de parfums d’ambiance et même provenant de l’ameublement, un mur végétal d’intérieur peut ainsi préserver votre santé et celle de vos proches.

Attention cependant au choix de l’emplacement de votre mur végétal. La plupart des plantes absorbent du CO2 la journée, mais en relâchent la nuit. Mieux vaut donc éviter de les installer proche de l’endroit où vous dormez.

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