Depuis son commencement le 17 novembre dernier, le mouvement des Gilets Jaunes est l’actualité qui fait écho dans les médias. Cette manifestation a déjà occasionné de nombreux dégâts en France. Elle a pris de l’ampleur et nombreux sont ceux qui se questionnent sur l’avenir de ce mouvement. Jusqu’à quand les blocages vont-ils durer? La manifestation va-t-elle prendre d’autres proportions? Petit rappel sur l’origine et les principales revendications du mouvement des Gilets Jaunes, tout en évoquant la manière dont ce mouvement peut se terminer…
Les origines du mouvement des Gilets Jaunes et ses spécificités (par rapport aux autres contestations populaires)
Contrairement à d’autres manifestations antérieures organisées par des associations syndicales, le lancement et le développement de cette mobilisation a été réalisés entièrement depuis le Internet sans réel leader (c’est un mouvement spontané citoyen). Ceci à travers les réseaux sociaux tels que Facebook, YouTube et Twitter, mais également par le biais de plateformes dédiées…Par exemple, sur Econologie, nous parlons du mouvement des Gilets Jaunes sur les forums depuis le 4 novembre. Ce sujet compte déjà plus de 800 interventions (que cela soit pour ou contre le mouvement) depuis cette date!
Suite à la hausse des prix du carburant et à l’annonce de l’application de nouvelles taxes en janvier 2019, le mouvement des Gilets Jaunes a débuté par la diffusion sur les médias sociaux d’appels de citoyens à manifester. En effet, le 29 mai 2018, Priscilla Ludosky, une automobiliste en provenance de Seine-et-Marne, lance une requête en ligne en vue de revendiquer une réduction des prix du carburant à la pompe. Dans l’introduction de sa demande, elle mentionne la hausse de 3,8 centimes/litre pour l’essence et de 7,6 centimes/litre pour le gazole, mise en application à partir du janvier 2018. Par ailleurs, l’automobiliste a précisé l’importance des taxes rapportées au prix du produit.
Une fois lancée, la requête a connu un succès instantané. Le 25 octobre 2018, elle a récolté jusqu’à 226 000 signatures. À la fin du mois de novembre, ce chiffre dépasse le million.
Deux chauffeurs routiers (Eric Drouet et Bruno Lefevre) de Seine-et-Marne publient sur Facebook un appel au blocage national contre la hausse du prix du carburant le 10 octobre. Ce blocage est prévu pour le 17 novembre. L’organisation de la manifestation a eu lieu lors de cette première manifestation nationale, qui s’est poursuivie tous les jours et jusqu’à aujourd’hui encore. Cette manifestation est dite non structurée parce que pour le moment, il n’a pas de représentants désignés. Les partisans ne veulent pas être présidés par des syndicats, encore moins par des politiciens.
Qui sont les gilets jaunes ?
Le mouvement de protestation des Gilets Jaunes se fait à la manière d’une jacquerie. C’est donc un mouvement citoyen découlant d’un ras le bol populaire, provoqué par une fiscalité jugée, avec certaines raisons, mal répartie ou injuste. Les participants sont principalement des citoyens représentant la classe moyenne qui en a marre d’être matraquée économiquement de toute parts. Ce sont surtout des habitants des zones périurbaines (population des villes périphériques) et de la ruralité, des artisans, des patrons et des employés de petites entreprises…
L’opinion publique et partis de l’opposition à l’appui de la mobilisation
D’après le sondage, l’opinion publique soutient largement le mouvement des Gilets Jaunes et cela depuis le début. Ceux qui apportent leur soutien sont notamment les catégories populaires, ainsi que les habitants des communes rurales et des petites agglomérations. Mais aussi des grandes villes puisque des sondages faisaient office, fin novembre, de plus de 80% de soutien au mouvement!
Par ailleurs, de nombreux dirigeants de partis politiques d’opposition appuient également la manifestation à savoir Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Laurent Wauquiez…avec des tentatives de récupération politiques plus ou moins efficaces…
Les principales revendications
Si, à l’origine, le mouvement des Gilets Jaunes était axé uniquement sur la hausse du prix du carburant et la taxe et leurs augmentations jugées excessives, ce n’est plus uniquement le cas maintenant. Les revendications se sont largement étendues pour toucher quasi tous les aspects économiques de la société Française, c’est à dire tous les points sensibles jugés injustes par les citoyens. Ainsi, outre le coût du carburant, elles concernent également le prix des péages, le contrôle technique des voitures, les mesures défavorables aux automobilistes, le pouvoir d’achat des classes moyennes et populaires, la dette publique privatisée par la finance, l’éducation, la retraite, le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC)…Certains exigent même la démission ou la destitution du président Emmanuel Macron.
Comment et quand le mouvement des Gilets Jaunes peut-il et va-t-il se terminer ?
Les violences occasionnées par la mobilisation des Gilets Jaunes ont déjà causé d’importants dégâts matériels par de petits groupes isolés. Paris est particulièrement touchée par la violence. Néanmoins les chiffres ont montré qu’économiquement c’était une des régions qui avait subit le moins de pertes en terme de chiffres d’affaire. La région la plus touchée étant la Champagne-Ardennes.
La manifestation du 17 novembre a commencé très tôt sur la capitale. Le blocage des périphéries a débuté vers 7 h 30, où plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé sur l’avenue des Champs-Élysées en début d’après-midi. En se dirigeant vers le palais de l’Elysée, ils ont bloqué la place de la Concorde.
Le ministère de l’Intérieur communique le lendemain les chiffres pour la journée du 17 novembre. Selon lui, on compterait 287 710 manifestants vers 17 h dans toute la France, 2 034 sites occupés par les manifestations, 409 personnes blessées, 1 mort, 117 interpellations dont 73 gardes à vue. Cependant, d’après les élus de gauche et de droite, le Ministère de l’Intérieur a sous-évalué ces chiffres.
Les blocages ont par la suite continué dans toute la France et l’effectif des partisans s’est renforcé. Les lycéens viennent également rejoindre la mobilisation pour protester contre les réformes du baccalauréat. Les interpellations s’accroissent et depuis le 8 décembre dernier, le gouvernement déploie 89 000 agents des forces de l’ordre sur le territoire français, avec 12 véhicules blindés de la Gendarmerie à Paris.
Selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur recueillis à la suite des manifestations, on compte 136 000 manifestants, 1 723 interpellations (1 082 à Paris) et 1 220 gardes à vue.
L’avenir de la mobilisation des Gilets Jaunes
Le gouvernement a annoncé que les revendications des Gilets Jaunes ne pourraient pas être réglées facilement.
Lors de son discours télévisé du lundi 10 décembre , le Président Emmanuel Macron a fait part de quelques mesures qu’il souhaite mettre en place pour tenter de résoudre les revendications des gilets jaunes. Parmi ces mesures immédiates, il y a l’augmentation de 100 €/mois de la prime d’activité pour les salariés au SMIC qui peuvent la toucher (et non du SMIC comme beaucoup de gens l’ont cru lundi soir), l’abandon de la hausse de la CSG pour les retraités percevant moins de 2 000 €/mois et la défiscalisation des heures supplémentaires.
Cependant, pour les Gilets Jaunes, les annonces du Président n’ont pas sonné comme de réelles preuves d’efforts pour la revalorisation de leur pouvoir d’achat et de leur condition sociale. La France Insoumise n’hésite pas à parler d’arnaque à propos des propositions de Macron du 10 décembre.
Les manifestants sont en train d’étudier la manière dont ils vont poursuivre leur combat. Comment se faire entendre au mieux en face d’un gouvernement qui semble faire la sourde oreille aux difficultés d’un nombre croissant de Français? Et cette lutte ne concerne pas que les Français puisque des Gilets Jaunes sont apparus dans d’autres pays. Notamment en Belgique où des actions importantes ont déjà été menées, comme le blocage de dépôts de carburant!
Le mouvement des Gilets Jaunes n’a pas encore de leaders à ce jour. Certains d’entre eux sont favorables à la réalisation d’élections de représentants. Malgré les différences d’opinions, tous les partisans semblent disposés à s’orienter vers la structuration du mouvement.
Un acte V est très fortement envisageable pour le samedi 15 décembre. Jean-Luc Mélenchon encourage même le maintien de cette mobilisation.
Pour l’instant, il est donc difficile de savoir quand et surtout comment le mouvement des Gilets Jaunes prendra fin. Tant que les revendications ne seront pas satisfaites, des révoltes se poursuivront. Du côté du gouvernement, Emmanuel Macron et Edouard Philippe sont en train de chercher un moyen d’éviter l’acte V…très certainement en vain! Sauf via une répression policière et étatique toujours plus violentes? Ces méthodes d’intimidation, employées lors des 4 premiers actes contre, notamment, des journalistes, nous semblent indignes de la part d’une démocratie comme la France!
Espérons que l’acte 5 de demain fasse preuve de moins de violences…et ceci dans les 2 camps!