Abandon du projet de développement massif des biocarburants en Allemagne
L’Allemagne a dû renoncer le 4 avril 2008 à un des piliers de sa politique environnementale : le développement massif des biocarburants. « Tous ensemble, nous avons sous-estimé les problèmes », a reconnu le Ministre fédéral de l’Environnement, Sigmar Gabriel. Un aveu qui condamne l’E10, le nouveau carburant que Berlin voulait imposer dès l’an prochain et qui devait contenir 10% d’éthanol incorporés dans de l’essence classique.
La raison invoquée est technique : le mélange, plus corrosif que le carburant classique, risquerait d’user trop vite certaines pièces des moteurs et serait inadapté aux plus vieux véhicules. Selon l’estimation de la fédération des importateurs VDIK, environ 3,3 millions de véhicules seraient incapables de rouler avec le nouveau mélange de bioéthanol et d’essence classique. Or, M. Gabriel avait déjà prévenu qu’il abandonnerait le projet dans le cas où le nombre de véhicules inadaptés dépasserait le million.
Les automobilistes qui n’auraient pas pu mettre de l’E10 dans leur réservoir auraient dû se rabattre sur du Super-Plus, carburant plus cher. Ainsi, le club des automobilistes ADAC refusait le surcoût entraîné par l’E10. Des hommes politiques de tous bords s’étaient ralliés à ce front d’opposition, et les écologistes eux-mêmes dénonçaient les méthodes de culture du colza ou du soja destinés à la production d’agrocarburants, et concurrençant ainsi l’industrie agro-alimentaire.
Et à Christian Hey, secrétaire général de l’Office fédéral pour l’Environnement (UBA), de renchérir : « Les biocarburants représentent un danger pour la biodiversité, ils imposent une pression massive sur la forêt tropicale et détruisent les capteurs naturels de gaz à effet de serre contenus dans les sols non cultivés ».
Suite à l’annonce de l’abandon du projet, M. Gabriel a continué malgré tout à défendre son ambitieuse stratégie de réduction des émissions de CO2 (-40% en 2020 par rapport à 1990) en déclarant que l’objectif restait réalisable si :
– la part de l’électricité renouvelable était rehaussée à 30% d’ici 2020 (contre un objectif annoncé de 25 à 30% dans le plan énergie-climat),
– le développement des biocarburants de seconde génération était soutenu.
Toutefois, l’abandon du projet n’est pas sans conséquence. Les biocarburants devaient permettre à l’industrie automobile de satisfaire l’objectif des 120 gCO2/km fixés par la Commission européenne. Les constructeurs devront désormais trouver « d’autres mesures techniques ».
Source: BE Allemagne