Ou comment EdF arrive à faire du lobbying pour contrer les normes concernant la température des eaux de refroidissement de ses centrales atomiques.
Introduction
La canicule de 2003 l’avait révélé, la canicule de 2006 l’a confirmé : les centrales nucléaires sont trés sensibles à une température ambiante au dessus de la moyenne ! Raison : il faut refroidir une centrale avec des eaux fluviales. Or non seulement ces eaux sont actuellement plus chaudes (canicule) mais le débit des fleuves est également limité (secheresse). Et comme EdF n’a, en théorie, pas le droit de réchauffer l’eau de plus de X°C.
Ainsi la valeurs X est fixée à 0,3 °C pour les installations situées en bordure de Garonne, à 1,5 °C pour les installations situées en bordure de Meuse, de Moselle ou de Seine et à 1 °C pour les installations situées en bordure de Rhône équipées, partiellement ou en totalité, de tours de réfrigération atmosphériques. Cette valeur est portée à 3 °C en l’absence de telles tours.
Puisque le débit du fleuve est constant et que la différence de température est fixée par les normes, il y a un problème de bilan thermique et des soucis de refroidissement (ou de réchauffement) se créent donc. Une baisse de la puissance pourrait facilement résoudre le problème…
Seulement voila : EdF ne peut pas facilement baisser sa production car le fort développement des climatiseurs individuels (depuis 2003) demande désormais une plus forte puissance durant l’été (+3% par rapport à la normale des mois de juillet selon RTE). Les climatiseurs mécaniques ne sont donc pas du tout une solution au problème du réchauffement global, bien au contraire ils contribuent largement à la surchauffe des centres urbains et à la surconsommation d’électricité! Et dire qu’il existe des climatiseurs solaires…mais ceci est un autre débat.
Afin de satisfaire la demande, EdF n’a donc pas d’autre choix que de rejeter des eaux plus chaudes que ne l’impose les Normes…
Voici quelques extraits de Presse :
1) Canicule: EDF veut que ses centrales puissent rejeter des eaux plus chaudes
EDF a demandé au gouvernement d’autoriser exceptionnellement, en cas de persistance de la canicule, ses centrales nucléaires et thermiques situées en bordure de fleuve à prélever et rejeter des eaux de refroidissement à des températures « légèrement supérieures » aux normes, a annoncé le groupe samedi.
« La nécessité de maintenir la sécurité d’approvisionnement en électricité sur le territoire, dans les conditions actuelles de très fortes chaleurs persistantes dans plusieurs pays européens, a conduit EDF à solliciter, par précaution, la mise en place de mesures exceptionnelles auprès des pouvoirs publics », a indiqué EDF dans un communiqué.
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La demande d’autorisation a été faite auprès des ministères des Finances, de l’Ecologie et de la Santé qui, s’ils l’acceptent, prendront un arrêté interministériel en ce sens, a expliqué une porte-parole d’EDF jointe par l’AFP.
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A Golfech, l’eau restituée l’est à un maximum de 30 degrés contre 28 habituellement, tandis qu’à Bugey, elle l’est à un maximum de 27 degrés contre 24 normalement, a précisé EDF dans son communiqué.
Pour expliquer sa décision, le groupe a souligné que « les chaleurs exceptionnelles de ces derniers jours, supérieures de 3 à 6 degrés aux normes saisonnières, ont entraîné une hausse historique des températures des fleuves » et affaibli les ressources en eau, « indispensables à la production hydraulique » et au refroidissement des centrales.
2) Canicule: des dérogations pour les rejets d`eau accordées à EDF
Dans un communiqué, EDF souligne cependant qu’un dispositif similaire avait été mis en place lors de la canicule de 2003 et « qu’aucun impact sur la faune ou la flore n’avait été constaté ».
Des dérogations lui ont déjà été accordées cet été pour trois centrales situées sur la Garonne et le Rhône.
L’entreprise rappelle avoir été récemment contrainte d’acheter de l’électricité sur les marchés de gros pour garantir l’alimentation du territoire français.
Le 19 juillet, EDF avait annoncé avoir acheté 2.000 mégawatts d’électricité à l’étranger.
3) Canicule : dérogation et centrale nucléaire 3 partout …
Le dépassement de ces seuils de température pourrait entraîner l’arrêt de plusieurs centrales de production électrique.
EDF a demandé au Gouvernement d’autoriser des dérogations sur la température des rejets dans l’eau pour 6 centrales thermiques de production d’électricité, à Blénod, La Maxe, Porcheville, Aramon, Richemont et Cordemais.
Nelly OLIN, Ministre de l’écologie et du développement durable, a écarté pour l’instant toute possibilité de dérogation pour 3 des 6 centrales concernées. Cette décision a été prise, après consultation du ministère chargé de l’industrie, à partir de l’analyse de ses services en terme d’impact sur les milieux aquatiques naturels et au vu des informations fournies par le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, RTE. En effet, le fonctionnement de ces centrales n’apparaît pas indispensable à la continuité d’alimentation des utilisateurs.
Elle a autorisé, à titre préventif, les préfets à prendre des dérogations pour 3 centrales (Aramon, Cordemais et Richemont). Ces dérogations ne sont déclenchées qu’en cas d’absolue nécessité afin de maintenir la sécurité du réseau de distribution électrique et sont accompagnées de mesures d’accompagnement relatives au respect de l’environnement.