Le climat peut changer brusquement à cause de forces naturelles ou d’origine humaine
Mots clés : changement climatique, température, biosphère, glaciers, études.
Résultats d’une étude portant sur des carottes glaciaires prélevées dans des zones tropicales
Pour la première fois, des glaciologues ont comparé des éléments se trouvant dans des carottes glaciaires prélevées dans les Andes et dans la chaîne de l’Himalaya pour savoir comment le climat avait changé, et changeait encore, dans les zones tropicales.
La Fondation nationale des sciences, l’Administration des études océaniques et atmosphériques et l’université d’État de l’Ohio ont financé ces travaux de recherche, indique le communiqué de presse que cette université a diffusé le 26 juin.
Les résultats de ces travaux montrent un grand refroidissement il y a plus de cinq mille ans et un réchauffement plus récent ces cinquante dernières années.
Ils laissent penser que les grands glaciers situés dans les zones tropicales vont disparaître dans un avenir proche et indiquent que, dans la plupart des pays du monde, les glaciers et les calottes glaciaires reculent rapidement, même dans les régions où les précipitations augmentent. Il s’ensuit que c’est la hausse des températures et non pas la diminution des précipitations qui en est la cause.
Des chercheurs du Centre de recherche polaire de l’université d’État de l’Ohio et de trois autres universités ont mis ensemble des données climatiques chronologiques enregistrées dans sept lieux reculés au nord et au sud de l’équateur. Des carottes prélevées dans des calottes glaciaires et dans les glaciers ont permis de retracer l’histoire climatique de chaque région, de fournir dans certains cas des données annuelles et dans d’autres des moyennes décennales.
« Environ 70 % de la population mondiale vit maintenant dans des zones tropicales. Il est donc probable que lorsque des changements climatiques s’y produiront, les effets seront considérables », a déclaré le professeur de sciences géologiques Lonnie Thompson, de l’université d’État de l’Ohio.
Au cours des trente dernières années, le professeur Thompson a organisé une cinquantaine d’expéditions pour collecter des données climatologiques dans des glaciers et dans des calottes glaciaires. L’étude actuelle porte sur les carottes prélevées dans les calottes glaciaires de Huascaran et de Quelccaya au Pérou, dans la calotte de Sajama en Bolivie et dans les calottes de Dunde, de Guliya, de Puruogangri et de Dasuopu en Chine.
L’équipe de glaciologues a extrait de chaque carotte de glace des données chronologiques en calculant le rapport de deux formes chimiques d’oxygène, dénommées isotopes. Ce rapport constitue un indicateur de la température de l’air à l’époque de la glaciation.
Toutes les sept carottes glaciaires ont fourni des données claires pour chacune des quatre cents dernières années et des moyennes décennales remontant à deux mille ans. « Nous avons des données remontant à deux mille ans et lorsqu’on les met en graphique, on peut observer la période médiévale de réchauffement et le petit âge glaciaire », a-t-il dit.
Pendant la période médiévale de réchauffement, qui va de 1000 à 1400, les températures auraient été supérieures de quelques degrés à celles des périodes antérieure et postérieure. Ses effets climatiques ont été principalement ressentis en Europe et en Amérique du Nord.
La période suivante, le petit âge glaciaire, de 1400 à 1800, a vu une augmentation des glaciers en montagne et un refroidissement des températures mondiales, en particulier dans les Alpes, en Scandinavie, en Islande et en Alaska.
« On peut aussi voir clairement ce qui s’est passé au XXe siècle, et ce qui ressort particulièrement, que l’on considère chaque calotte glaciaire ou l’ensemble des sept, c’est le réchauffement inhabituel des cinquante dernières années. On ne trouve rien de tel pour les périodes antérieures, même pour la période médiévale de réchauffement. » Les valeurs inhabituelles des isotopes de l’oxygène indiquent donc que les choses sont en train de changer considérablement.
Les données isotopiques sont claires dans toutes les carottes glaciaires, mais la donnée la plus frappante est l’apparition, dans la calotte glaciaire de Quelccaya qui a reculé ces dernières années, de plantes non fossilisées, qui poussent normalement dans les marécages.
Depuis leur découverte en 2002, les chercheurs ont trouvé vint-huit lieux limitrophes de la calotte glaciaire où ces anciennes plantes ont été exposées au jour. La datation à l’aide du carbone 14 révèle que ces plantes ont de cinq mille à six mille ans. « Il s’ensuit que le climat à la calotte glaciaire n’a jamais été plus chaud qu’aujourd’hui ces cinq mille dernières années ou plus. S’il avait été plus chaud, ces plantes se seraient décomposées. »
Selon les chercheurs, le grand changement climatique qui s’est produit il y a quelque cinq mille ans dans les zones tropicales a probablement causé un refroidissement dans ces régions puisque la calotte glaciaire s’est agrandie et a recouvert les plantes. Le fait qu’elles sont maintenant exposées au jour indiquent que l’opposé se produit à l’heure actuelle : le réchauffement important cause la fonte rapide de la calotte de glace.
Les glaciers dans les zones tropicales, a dit le professeur Thompson, constituent un système d’alerte pour le climat mondial parce qu’ils réagissent à la plupart des grandes variables climatologiques : température, précipitations, nuages, humidité et rayonnement solaire. « Cela nous montre que notre climat (…) peut changer abruptement à cause de forces soit naturelles soit d’origine humaine. Si ce qui s’est passé il y a cinq mille ans devait arriver de nos jours, cela aurait des implications socio-économiques de grande portée pour toute notre planète. »
En savoir plus:
– Forum réchauffement climatique
– Etude américaine de l’université de l’Ohio