Comment construire une mare ou un point d’eau pour la biodiversité de votre jardin ?

L’arrivée du printemps annonce aussi le retour de la biodiversité dans vos jardins. Celle-ci est bénéfique pour son équilibre… à condition d’être correctement répartie dans votre terrain ! Une mare, bien construite, peut vous aider à apporter cet équilibre essentiel à vos activités de jardinier. Voyons ensemble les différentes raisons d’installer un point d’eau chez vous cette année.

Pourquoi installer une mare dans son jardin ?

Dans la nature, la notion d’écosystème est un point clé du développement des êtres vivants. Pour faire simple, l’écosystème est un environnement au sein duquel les différents éléments, vivants ou non, interagissent entre eux. Partie essentielle de ces écosystèmes : l’eau, essentielle à la survie des êtres vivants, qu’ils soient végétaux ou animaux ! En installant une mare dans votre jardin ou sur votre terrain, c’est un écosystème à part entière que vous allez créer. Il permettra à terme aux insectes et petits animaux de venir s’y abreuver, et aux plantes aquatiques d’y pousser.

L’arrivée de nouveaux locataires dans votre jardin, si elle est bien gérée, devrait vous permettre d’améliorer votre façon d’y travailler. En effet, de nombreux insectes vont être attirés par votre mare. Parmi eux, des insectes pollinisateurs, essentiels au bon développement de nombreuses cultures. Bien sûr, il est probable qu’elle attire aussi quelques moustiques, mais ces derniers ont de nombreux prédateurs qui pourraient faire leur apparition simultanément : oiseaux, autre insectes, batraciens. Dans certains points d’eau, il est aussi possible d’installer des poissons rouges, qui raffolent des larves d’insectes. Attention cependant à ne pas se faire déborder par leur reproduction, car vous l’aurez compris, la clé au jardin pour éviter les inconvénients c’est l’équilibre, et la bonne proportion de chaque espèce !

Autre cible des petits prédateurs cités ci-dessus : la limace ! Si vous cultivez quelques légumes au potager, il est probable que vous ayez déjà fait les frais d’une population de limaces trop conséquente. Bonne nouvelle, l’arrivée d’un point d’eau pourrait aider à en limiter naturellement la population. En effet les batraciens, mais aussi les hérissons, sont les principaux prédateurs des limaces. S’ils viennent s’abreuver sur votre terrain, il est probable qu’ils vous débarrassent de quelques unes d’entre elles par la même occasion ! Attention cependant, si vous souhaitez laisser une chance à la nature de s’équilibrer naturellement sur votre terrain, il est préférable de stopper les traitements chimiques de type « anti limaces ». En effet, les prédateurs risquent eux aussi être empoisonnés après avoir consommé des proies ayant absorbé le produit.

La vidéo suivante propose des idées de points d’eau de toutes tailles et donne un aperçu des espèces qu’il est possible d’y trouver

Comment choisir son emplacement ?

Une fois l’installation décidée il est temps… de s’asseoir un moment, et de réfléchir posément au type de point d’eau que vous souhaitez aménager ! En effet, il ne suffit pas juste de creuser un trou dans votre jardin pour qu’une mare s’y mette en place. Voyons ensemble comment préparer son emplacement.

Dans un premier temps, il va falloir choisir où positionner le point d’eau dans votre terrain. Pour se faire plusieurs éléments doivent être abordés :

  • L’ensoleillement de votre terrain
    • En effet votre mare aura besoin d’environ 6h d’ensoleillement par jour
    • La lumière va contribuer à la pousse des végétaux
    • Cependant, une exposition plein soleil n’est pas recommandée non plus
    • La faune aura besoin de zone d’ombres pour se sentir bien
    • Et un bassin exposé en plein soleil risquerait de s’assécher trop rapidement en été
    • Et d’être la cible d’algues vertes envahissantes le reste de l’année
  • La présence d’arbres à feuilles caduques (= qui tombent pendant l’automne)
    • Si la proximité d’un arbre peut-être une source d’ombre appréciée par la vie de votre bassin,
      mieux vaut cependant éviter ceux dont les chutes de feuilles pourraient venir compliquer l’entretien de votre bassin
    • Même si votre point d’eau est équipé d’un filtre, une quantité importante de feuilles mortes pourraient boucher les conduites
  • La pente éventuelle
    • Si votre terrain est situé en pente, il est préférable d’installer votre bassin au point le plus bas
    • Ainsi, l’écoulement naturel des eaux de pluies contribuera à le remplir
    • Il sera alors plus difficile pour votre point d’eau, de s’assécher en été
  • La présence d’un composte
    • Si ce point peut sembler anodin, il a pourtant son importance dans le choix d’un emplacement approprié
    • En effet, les « jus » provenant du composte ne doivent pas pouvoir s’écouler jusqu’à votre bassin lors de temps pluvieux
    • Ils sont riche en azote, et pourraient provoquer une forte prolifération des algues vertes
A lire aussi:  Téléchargement: Guide de l'éco-construction

Vous l’aurez compris, choisir la place de votre point d’eau requiert de prendre toute une série de paramètres en compte. L’emplacement idéal dépendra de la configuration de votre terrain. Mais s’il y a dans celui-ci une zone humide, située mis ombre, mais avec un ensoleillement raisonnable en journée, et dont la végétation ne risque pas d’être problématique pour votre bassin, alors il s’agit sans doute de la bonne place pour son installation !

Quels matériaux utiliser ?

Comme nous l’évoquions ci-dessus, il ne suffit pas de creuser un trou dans votre jardin pour que l’eau y reste en place (sauf si vous avez une terre vraiment très argileuse, mais c’est relativement rare). Il va donc falloir s’assurer de l’étanchéité de votre futur point d’eau. Pour cela, deux grands types de solution sont possibles.

Recourir à une bâche ou un bassin préformé

C’est la solution la plus souvent utilisée, parce que la plus simple à l’installation. Si vous débutez dans les aménagements extérieurs, et que vous n’avez aucune connaissances en bricolage/jardinage (ou presque), c’est sans doute vers cette solution qu’il faudra vous tourner. Deux types de bâches ou l’utilisation d’un bassin sont alors envisageables :

  • Une bâche classique de type liner
    • Cette solution est la moins coûteuse, mais pas forcément la plus judicieuse
    • Une bâche classique s’usera plus rapidement
    • Elle aura une espérance de vie de 10 à 15 ans
    • À terme, elle devra être changée pour éviter une pollution liée aux débris plastiques consécutifs à son usure
    • Elle reste cependant une bonne solution pour des installations provisoires de petite envergure
  • Une bâche en EPDM (Ethylène Propylène Diène Monomère)
    • L’EPDM est un caoutchouc utilisé dans de nombreux domaines de l’industrie
    • Il a une très bonne résistance aux intempéries, à la lumière et au froid
    • Ainsi, sa durée de vie pour une utilisation en bassin pourra aller jusqu’à 50 ans
    • Il est aussi, sans être absolument idéal, relativement moins polluant pour l’environnement que les liner classiques
  • Un bassin « préformé »
    • Particulièrement bien adapté aux ouvrages de petite et moyenne taille
    • On peut les acheter dans le commerce mais ils sont assez coûteux (plus ou moins équivalent à l’utilisation d’EPDM)
    • Il est aussi possible de les fabriquer à l’aide de matériaux de récupération, bassine, ancien évier, baignoire…
    • Dans ce cas, veillez cependant à ce que le matériau du contenant ne puisse pas se disperser
      dans l’environnement en cas d’usure.

Ces trois solutions vous permettront aisément de créer un bassin dans votre jardin. Mais il est possible que vous souhaitiez recourir à une étanchéité plus naturelle. En effet dans la nature, les points d’eau n’ont pas besoin de bâches pour exister, cela s’explique par la composition de certains sols.

Apporter un supplément d’argile

Les sols argileux ont naturellement tendance à retenir l’eau. Il est donc possible de recréer la bonne composition de sol à l’emplacement du bassin pour parvenir à retenir les eaux de pluies. Attention, cette méthode, plus délicate, peut apporter des déceptions si elle n’est pas correctement réalisée. Dans certains cas, il est possible de faire appel à un professionnel pour vous aider dans la confection de votre bassin.

A lire aussi:  Pourquoi vous devriez opter pour la pompe à chaleur ?

Si vous vous tournez vers la réalisation d’une mare entièrement naturelle, attendez vous à devoir utiliser une bonne quantité d’argile ! En effet, un minimum de 8cm d’argile bien tassée est nécessaire pour que l’étanchéité se fasse. Parfois, il peut être bon d’utiliser également de la bentonite. Celle-ci, lorsqu’elle est utilisée par les professionnels, se pose sous forme de laies (comme pour le papier peint) entre lesquels on va intégrer de l’argile.

Cette technique, lorsqu’elle est correctement réalisée, permet la réalisation de bassins sans bâche ou contenant. Elle est cependant réservée aux terrains naturellement humides et/ou argileux, et doit être réalisée avec soin pour éviter les déconvenues. Le bassin ne doit jamais s’assécher entièrement, en effet l’argile perd ses propriétés en séchant, et il vous faudrait alors reprendre depuis le début.

La vidéo ci-dessous vous donne une technique qui vous permettra de déterminer si l’aménagement d’un bassin à base d’argile dans votre terrain peut réussir :

Les différentes étapes de la construction

Vous avez bien réfléchi à votre projet et le moment de la construction est maintenant venu ? Voyons ensemble les étapes à effectuer et l’ordre de leur réalisation :

Étape 1 : Délimiter les contours de votre bassin

Vous avez défini un emplacement pour votre bassin, il va maintenant falloir décider de sa forme. Pour de petits projets, la délimitation peut assez aisément se faire directement à la bêche. Par contre, si votre bassin se destine à une plus grande taille, il peut être judicieux d’en délimiter au préalable les contours (par exemple avec de la corde) pour savoir ensuite où creuser ! Cela vous évitera de devoir apporter des corrections en cours d’ouvrage.

Étape 2 : Creuser le bassin

Le moment de creuser est enfin arrivé ! Selon la taille de votre bassin, et la structure de votre terrain, vous n’utiliserez pas forcément la même méthode. Pour un petit bassin et si la terre est assez meuble, une bêche ou une pelle peuvent suffire. En revanche, en cas de projet plus ambitieux, il est possible de louer une mini pelle qui vous permettra de terminer cette étape beaucoup plus rapidement.

Attention, c’est à ce moment qu’il vous faudra penser à des points tels que :

  • La profondeur de votre bassin
    • Une profondeur d’au moins 60cm au point le plus profond est conseillée !
    • Plus le bassin est profond, moins il aura tendance à s’assécher en été
    • En général, la profondeur idéale d’une petit bassin de jardin se situe entre 80cm et 1m de profondeur
  • La création de reliefs
    • Il est conseillé de faire varier la profondeur de votre point d’eau
    • Cela permettra aux plantes aquatiques de s’y sentir plus à l’aise
    • Pour ce faire, pensez à créer des paliers de profondeur circulaire en partant des bords de votre bassin
    • Un peux comme si le bassin se présentait sous forme d’un « escalier » destiné à rejoindre le centre
    • D’autre part, la création d’une plage ou d’une pente douce permettra aux animaux de pouvoir s’y abreuver facilement
    • Il est conseillé de créer cette pente sur le bord exposé au sud de votre bassin
    • Ainsi, l’eau à cet endroit, sera légèrement plus chaude que dans le reste de votre bassin

Étape 3 : Nettoyer la surface creusée

Pour éviter toute fuite ultérieure, il vous faudra débarrasser complètement le sol de tous les cailloux ou objets pointus qui pourraient s’y trouver. Une fois cette opération réalisée vous pouvez :

  • Étendre une couche de sable au fond de votre bassin
  • Utiliser un géotextile spécifique vendu pour cette usage
A lire aussi:  Téléchargement: Guide de la ventilation VMC et VMR

De la qualité de votre protection peut dépendre en partie la longévité de votre bassin, soyez donc soigneux dans votre travail lors de cette étape.

Attention, dans le cas de la réalisation d’un bassin utilisant l’argile comme solution d’étanchéité, cette étape se limite au retrait des cailloux.

Étape 4 : Pose de la bâche ou de la solution d’étanchéité

Il s’agit cette fois encore d’une étape cruciale et délicate. Si vous avez opté pour la pose d’une bâche il va vous falloir :

  • Calculer la surface de bâche nécessaire
    • La formule suivante permet de le faire :
    • Longueur de bâche = longueur du bassin + deux fois la plus grande profondeur + 1m pour les bords et la marge de précaution
    • Largeur de bâche = largeur du bassin + deux fois la plus grande profondeur + 1m pour les bords et la marge de précaution
    • D’autres formules sont possibles, n’hésitez pas à utiliser plusieurs méthodes et à comparer les résultats
    • Si vous obtenez sensiblement la même surface en utilisant plusieurs formules,
      c’est un bon signe indiquant que vous avez la bonne surface nécessaire
  • Poser la bâche
    • En vérifiant qu’elle soit bien aplanie sur toute la surface du bassin
    • La bâche ne doit pas être laissée apparente sur la bordure du point d’eau, cela pourrait accélérer son usure
    • Vous pouvez utiliser différentes méthodes, l’enterrer sur les bords,
      créer un cadre de fixation que vous camouflerez ensuite avec des éléments de décor tels que des cailloux…

Si vous avez opté pour une solution utilisant de l’argile, c’est le moment de la mettre en place. Il faut pour cela l’humidifier. Une couche épaisse (8cm grand minimum) d’argile doit être utilisée sur toute la surface de votre bassin. N’hésitez pas à lisser la surface à la main. La mise en eau doit avoir lieu immédiatement après la pose de l’argile car comme nous l’avons évoqué plus haut, celle-ci perd ses propriétés étanches en séchant.

Étape 5 : Mise en eau

Cette étape peut être réalisée de divers manières :

  • En laissant la pluie faire son travail
    • Le remplissage sera sans doute lent, mais il finira par se faire, et cette solution ne demande pas d’effort particulier
  • En utilisant de l’eau de pluie stockée au préalable
    • Cette solution permet une plus grande rapidité, nécessaire dans le cas d’une réalisation avec argile par exemple
    • Mais selon la taille de votre bassin, le stockage de l’eau peut prendre beaucoup de place
    • Vous aurez aussi besoin d’avoir à disposition des cuves de récupération des eaux de pluie
  • En utilisant l’eau « courante »
    • Il s’agit d’une possibilité, mais que nous ne recommandons pas
    • En effet ce n’est pas la méthode la plus écologique

Important : juste après sa mise en eau, votre bassin peut avoir une couleur trouble. Ce léger désagrément devrait cependant passer progressivement. Les particules en suspension dans l’eau vont progressivement se déposer au fond du bassin et l’eau pourra retrouver sa limpidité !

Pour aller plus loin

Si vous avez suivi toutes les étapes ci-dessus, vous avez maintenant un bassin en eau. Cependant son esthétique laisse encore fortement à désirer. Pour en améliorer l’apparence il va vous falloir :

  • Y installer des plantes aquatiques
  • De la patience le temps que la nature s’y installe progressivement
  • L’entretenir régulièrement

Ces différents points feront l’objet d’un prochain article. En attendant nous vous invitons à partager vos réalisations sur notre forum !

Vous pouvez également consulter la vidéo suivante qui donne un bon apperçu de ce que vous pourrez obtenir à terme :

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *