Energie et croissance économique: UNE BRÈVE SYNTHÈSE ! par Remi Guillet. 1ere Partie: croissance et énergie.
Lire la Partie 2: les sources d’énergies dans le monde.
A propos de l’auteur, Rémi Guillet
Rémi Guillet est Ingénieur ECN (ex ENSM), il a été diplomé en 1966. Il est docteur en mécanique énergétique de l’Univ. H. Poincaré Nancy 1 (2002) et a un DEA Economie Paris 13 (2001)
Energie et croissance économique.
Quand on parle d’énergie au niveau mondial on parle essentiellement des énergies fossiles, les autres formes d’énergie primaire restant aujourd’hui encore anecdotiques (moins de 5% !).
Avec la pratique du feu, l’énergie fossile s’est imposée aux hommes comme une évidence, d’abord sous forme solide (le charbon), puis liquide (le pétrole) enfin sous forme gazeuse (le gaz naturel). Sa présence un peu partout sur la planète, son apparente « abondance », sa relative facilité d’utilisation, auront fait de l’énergie fossile le fondement de la croissance économique du XIXème et surtout de celle, extraordinaire, qu’aura connue la deuxième moitié du XXème siècle.
Et la volonté d’optimiser l’utilisation de chacune de ces « formes » (phases diraient les physiciens) aura engendré des innovations et autres avancées technologiques souvent géniales (machine à vapeur, moteurs thermiques…) dont certaines auront été boostées par les conflits majeurs qu’a connus le XXème siècle…
La place des énergies fossiles dans le monde entre 1980 et 2005 : 96% !
(Source / DOE-USA)
Bois non compté (environ 10% du total)
* tep signifie « tonne équivalent-pétrole » d’énergie dite « primaire »
NB : Le total n’est pas rigoureusement 100% car les valeurs pour les énergies fossiles sont arrondies au %.
A fin d’évaluation de ces pourcentages en grandeurs énergétiques, on notera que l’ensemble de la consommation mondiale d’énergie (hors bois) a été estimée à 10 giga tonnes équivalent pétrole (Gtep) en l’an 2000.
Mais le premier objet de cet article est de souligner la quasi parfaite corrélation entre la croissance (du PIB), la consommation d’énergie (donc essentiellement d’énergie fossile) et les émissions de gaz à effet de serre (GES) : ce que montre la figure qui suit ( du moins pour les pays de l’OCDE)… afin d’en déduire quelque enseignement pour les années à venir.
On pourra également repérer sur cette figure les diminutions temporaires des trois indicateurs à la suite des 3 chocs pétroliers (1973, 1979, 2000)…
Enfin on pourra aussi y noter que pour un point supplémentaire de croissance économique, on consomme environ 0,5 point en plus en énergie primaire, tandis que les émissions de gaz à effet de serre (CO2, eau, N0x, méthane…) augmentent de 0,3 point.
Entre 1970 et 2001 (base 100 en 1970)
* GES : gaz carbonique (le principal), méthane, eau, ozone, oxyde d’azote, gaz fluorés…
(Source BP Statistical review pour l’énergie, OCDE pour le PIB)
Pour les lecteurs souhaitant apprécier la corrélation, il leur suffit de reporter, sur deux axes -par exemple le PIB en abscisse et GES, énergie consommée, en ordonnée, les trois points concernant chaque année, pour voir apparaître deux ensembles de points quasiment parfaitement alignés (voire un seul alignement si on choisit les échelles à cette fin).
Ces corrélations étant observées, il suffit donc de s’intéresser à l’évolution d’une seule de ces données pour connaître celle de toutes. Alors, nous avons choisi de mettre l’accent sur le versant noir de l’extraordinaire développement économique que nous venons de connaître en suivant sur une plus longue période l’évolution de la teneur de l’atmosphère en GES ou plus exactement et par commodité métrologique celle du CO2 atmosphérique, indicateur habituel des GES (on estime que le seul CO2 est responsable de 55% à 60% de l’effet de serre dû à l’activité humaine)…
Alors la figure ci-dessous fait clairement apparaître le passage d’une croissance linéaire à une croissance d’allure exponentielle à la fin des années 50 !
Une anecdote pour dire que les années 80 devaient nous donner l’occasion de conférences sur les techniques d’utilisation des hydrocarbures les plus performantes mais aussi sur le « devenir du secteur pétrolier » devant un public anxieux de la ressource après les deux premiers « chocs »… tenant des propos jugés « incongrus » par la plupart des auditeurs lorsque nous soulignions que la crise de la ressource pétrolière serait devancée par la crise environnementale provoquée par l’utilisation intensive des combustibles fossiles ( il suffisait de comparer la dynamique d’évolution des émissions de CO2 avec ce qu’elles étaient au moment où la teneur atmosphérique pouvait être considérée comme stabilisée… pour avoir une idée de ce qu’il allait advenir !)…Mais l‘attention de l’auditoire était le plus souvent ailleurs!
– En savoir plus et en débattre sur les forums: energie et PIB: synthèse
– Lire la Partie 2: les sources d’énergies dans le monde
Info de l’auteur Rémi Guillet…(le 01 06 16)
On pourra aussi lire l’article universitaire de Rémi Guillet « Energy and economical growth: overview and global challenges » paru dans le n° 10 d’octobre 2010, vol.9 du « Environmental Engineering and Management Journal » p. 1357-1362