En Somalie, les tsunamis ont fait remonter des déchets toxiques
Les tsunamis qui ont frappé l’Asie en décembre dernier ont permis de redécouvrir des déchets radioactifs immergés illégalement par les pays occidentaux le long des côtes de la corne africaine. C’est ce que révèle un rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, intitulé « Après le tsunami – Une évaluation environnementale préliminaire », publié fin février 2005.
La Somalie : dépotoir pour les déchets radioactifs occidentaux ?
Les raz-de-marée qui ont endeuillé l’Asie du Sud, en décembre dernier, ont également eu un impact en Somalie. Les répliques ont été ressenties jusque dans la sous-région d’Afrique de l’Est (qui a également payé un lourd tribut à la catastrophe) et ont fait remonter à la surface les déchets radioactifs, déversés au large des côtes somaliennes, durant les années 80 et 90, par des pays occidentaux. Une enquête préliminaire menée par les experts du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) évoque le cas de la Somalie et du Kenya. Elle devrait faire l’objet, dans les prochaines semaines, d’une enquête plus approfondie sur place. Mais dans l’immédiat, et pour des raisons que l’on imagine aisément, les différentes autorités contactées semblent s’accorder à entretenir la plus grande discrétion sur ces découvertes.
Le rapport des experts du PNUE, publié fin février, fait état de l’ampleur des dégâts, causés par les tsunamis, tant sur le plan sanitaire qu’environnemental dans toutes les zones touchées. Il évoque, entre autres, les scandaleuses découvertes en Somalie. Profitant de l’instabilité du climat politique en Somalie, en guerre civile permanente depuis la fin de 1990, de nombreux pays occidentaux auraient fait des propositions à l’Etat somalien : armes contre stockage de déchets toxiques. Le rapport du PNUE estime que la gestion et l’élimination des matériaux dangereux reviendrait à 2,50 dollars la tonne en Somalie, contre 250 dollars en Europe. Les autorités n’ayant ni les moyens, ni les compétences pour surveiller et contrôler ce type de gestion, la porte était ouverte à tous les abus.
Problèmes de santé inhabituels
Une partie des conteneurs, en dépôt dans les fonds marins depuis des années, a refait surface, avec les tsunamis. Leur état d’usure avancée inquiète les autorités, d’autant que ces objets flottants non clairement identifiés demeurent à quelques centaines de mètres du rivage. Les populations locales ont ressenti les premiers effets de cette présence indésirable. « Un nombre important d’individus dans les zones somaliennes concernées se plaint de problèmes de santé inhabituels, y compris de difficultés pulmonaires graves et d’infections de la peau », indique-t-on dans le rapport.
Le danger concerne les hommes mais aussi l’environnement. Les observateurs du monde marin avaient déjà constaté en 2004, des troubles du comportement de la faune liés au déversement de produits chimiques dans la mer : de « nombreux cas de cécité » chez certains animaux marins, qu’il est « parfois possible de pêcher avec les mains : les poissons ne bougent pas, ils ne fuient pas. Quant aux tortues, elles sortent déposer leurs œufs sur le sable, mais ensuite, au lieu de retourner à l’eau, elles avancent toujours plus loin sur la terre ferme » souligne le portail alternatif sur l’eau Planète Bleue. En l’absence d’un véritable Etat somalien, les habitants n’ont pas grand monde vers qui se tourner pour demander des comptes…ou des soins.
Sandrine Desroses (Afrik.com)