On sait l’attachement que le consommateur moderne a pour l’accès au crédit bancaire. Pratiquement né des évènements de 68. Mais quels sont les liens entre la croissance, la consommation, les crédits bancaires…et la pollution ?
Il n’est pas seul à vivre cette addiction au crédit. En effet, grâce à lui l’activité économique s’est mise à délirer pendant de nombreuses années. Sa croissance a pu booster l’investissement et ce qu’on appelle le développement. On peut dire que le néocapitalisme est fondé sur l’impératif « croissance » et même le revendique. Tant pis pour la planète qui en fait doublement les frais par une consommation, donc une pollution excessive et un gaspillage des ressources donc de son patrimoine induits (autre sujet !)…
Lien entre crédit bancaire et croissance
Ce lien n’est sans doute pas suffisamment expliqué et connu !
Alors comprenons que ce lien de dépendance (absolue) entre crédit et croissance est celui qui apparaît inéluctablement (du moins le plus souvent et depuis si longtemps !) quand on s’intéresse au contrat implicite entre un créancier et son débiteur. Le premier accepte de prêter une part de son avoir à condition que, le temps du prêt, sa dépossession temporaire lui rapporte un intérêt défini par la valeur du taux d’intérêt de l’emprunt.
Le temps c’est de l’argent dit le vieil adage populaire !
Ainsi la jouissance anticipée visée par l’emprunteur aboutit à une exigence du créancier pour la production d’une valeur ajoutée qui lui reviendra à l’issue du prêt en plus du capital initialement prêté…
Autrement dit, au plan macro-économique, tout appel au crédit implique une croissance économique le temps du prêt. Sans cela la formule devient nécessairement inflationniste !
Comme corollaire incontournable il faut aussi comprendre que le concept de décroissance ne peut s’installer durablement que s’il écarte la consommation à crédit. Sans cela, l’inflation sera nécessairement redoutable…
En résumé pas de crédit sans croissance…et pas de croissance sans crédit ?
Autre corollaire : lorsque le taux directeur conseillé par une banque centrale est très bas ou négatif la croissance induite est artificielle et ne peut être durable !
Assurément, la décroissance engendre un autre paradigme économique !
Et à propos du lien inflation et crédit
De ma petite enfance rurale j’ai gardé à l’esprit des prix stables…Mais tout d’abord, notons que le troc, qui est un échange par nature équitable dans l’instant où il se pratique, ne peut laisser de place à l’inflation (et quand le troc se développe il a comme corollaire une monnaie qui ne vaut plus rien).
L’inflation viendrait donc de la mise en œuvre d’une monnaie, un intermédiaire qui permet de différer dans le temps et dans l’espace, un échange alors intrinsèquement capable de produire une « plus-value ».
L’exemple type est le commerce établi entre un créancier et un emprunteur qui procèdent à un transfert de valeurs capitalistiques qui représentent un droit (une capacité à acquérir un bien), que détiendra l’emprunteur pendant une durée prédéterminée, avec obligation de retour au créancier du capital emprunté et des « intérêts » engendrés. En effet, dans une économie moderne, dynamique, la dépossession acceptée par le créancier pendant le temps du prêt ne peut que respecter le vieil adage « le temps, c’est de l’argent »
C’est la condition sine qua non du commerce instauré entre un créancier et son emprunteur. Mais on comprend aussi que si le prêt n’a pas permis la création de nouvelles valeurs pendant la durée dudit prêt, alors ce prêt sera fondamentalement inflationniste (bis repetita !)
Par ailleurs, les taux d’intérêt étant définis a priori (ante), par prudence, le principe même du crédit a toutes les chances de générer de l’inflation via des taux (directeurs) tendant à être surestimés.
L’économie récente qui a inventé le crédit pour investir mais aussi pour consommer depuis les années 70 est donc structurellement inflationniste. Et ceci est accepté comme « naturel » par le public dans la mesure où l’inflation est devenue coutumière et reste raisonnable. Elle contribue même à donner plus de valeurs aux biens et les possédants peuvent trouver là comme une compensation au temps qui passe ! Et la boucle est ainsi bouclée.
Mais ce que nous venons de développer nous enseigne aussi que celui qui confie son capital pour un temps plus ou moins long à une entreprise n’a aucune raison de ne pas recevoir une part de la valeur ajoutée que ce « transfert » d’avoir va permettre. Et dans notre économie occidentale actuelle basée sur l’usage du crédit à tout va, Marx serait probablement hésitant avant de revendiquer que toute la plus – value créée doit aller exclusivement au travail !