De nombreuses études montrent qu’énergétiquement et sur le CO2, les agrocarburants actuels ont un bilan médiocre voir négatif. En utilisant ces terres agricoles pour planter d’autres cultures pérennes, le bilan CO2 s’agrave encore largement au détriment des agrocarburants.
En prenant en compte, non plus seulement le CO2 et l’énergie, mais également tous les intrants (engrais, électricité, chauffage…) d’une exploitation agricole, il est possible d’établir un bilan EQF: équivalent litre de fioul par hectare cultivé. Quand il faut plus d’EQF par ha que ce que peut produire l’agrocarburant, le seul effet des agrocarburants est de doper le profit des multinationnales. Or rares sont les agrocarburants qui donnent plus d’énergie que d’EQF qu’ils ne consomment. Voir l’image ci-dessous:
En savoir plus: le bilan pétrole d’une exploitation agricole, cliquez-ici.
Plus grâve est encore l’influence des agrocarburants sur les cotations boursières des céréales et par extension capitalistique: on commence à sentir un couplage des céréales « énergifères » sur le prix du pétrole! Ce fait est difficilement acceptable.
Les tonnes de blé ou de maïs (origine du bioéthanol) ont doublé en quelques mois, rendant la situation des paysans des pays en voie de développement très critique. Comme si elle ne l’était pas déjà…
Selon Jean Ziegler: « Il faut 232 kg de maïs pour faire un plein de 50 L de bioéthanol. Avec cette quantité de maïs, on alimente un enfant pendant un an ».
Nous sommes bien d’accord sur ce fait, nous le sommes moins sur le fait que, sans agrocarburant, cette quanité de maîs arriverait dans le ventre de cet enfant! La malnutrition et les famines ne sont surement pas dûes à la production des agrocarburants, sinon elles n’auraient pas existées avant…mais il est certain que les agrocarburants utilisant des plantes nourricières vont faire empirer les choses.
Par contre, les famines sont souvent dûe à l’exploitation de ressources naturelles proches: pétrole et gaz en tête. Ceci devrait être pris en compte dans l’écobilan global du pétrole…et à forciori, et par comparaison, dans celui des agrocarburants, l’améliorant ainsi…un peu!
Les agrocarburants actuels, bioethanol en tête, sont donc très loin d’être une solution durable et globale au problème de l’énergie.
Néanmoins il existe heureusement d’autres voies bien plus prometteuses pour les agrocarburants: les biocarburants de 2ième et 3ieme génération. Ce sont généralement des techniques connues depuis des années (des décénies pour certains) alors pourquoi ne sont-elles pas plus développées? Elles permettraient de réellement changer la donne de ces « nouveaux » carburants…sans oublier que le carburant le plus propre est, bien évidement celui qu’on ne dépense pas!