La Chine souhaite diversifier ses sources d’énergie
La Chine, qui poursuit son développement économique et démographique sera à terme le premier pollueur de la planète
L’Agence internationale de l’énergie estime que la Chine et l’Inde dépasseront ensemble les Etats-Unis (premier pollueur) vers 2015.
Alors que la gestion de l’environnement reste un problème encore opaque en Chine comme en témoigne la récente pollution au benzène du fleuve Songhua, ce pays se tourne de plus en plus vers les énergies renouvelables comme solution d’appoint à son développement.
La Chine : un nouveau gouffre énergétique…
Rappelons que la Chine est sans doute l’un des pays les plus dynamiques de la planète avec une croissance de 9% en 2004 et une population qui représente près de 20% de l’Humanité.
La Chine, qui n’est pas tenue de réduire ses émissions de gaz à effet de serre est dorénavant le deuxième consommateur de pétrole après les Etats-Unis. Il est également le premier producteur et premier consommateur mondial de charbon, l’une des sources d’énergie les plus polluantes, qui alimente près de 70% de ses besoins énergétiques.
« La Chine est déjà le premier pollueur dans certains domaines comme les émissions de dioxyde de soufre. Globalement, elle est aujourd’hui à la seconde place, mais elle devrait passer devant les Etats-Unis d’ici dix ans », estime le professeur Gérald Fryxell, spécialiste du développement durable à la China European international Business School à Shanghai. Il ajoute d’ailleurs – un problème que connaissent les sociétés industrialisées – : « la Chine peut toujours réduire la proportion de pétrole et de charbon dans ses sources d’énergie, elle continuera malgré tout à en consommer davantage », affirme Gérald Fryxell. En effet, la consommation ne cesse d’augmenter, que ce soit en France où la population est vieillissante ou en Chine ou elle augmente considérablement vu la taille actuelle de sa population…
…qui s’appuie massivement sur le charbon
Les Etats-Unis, l’Australie, la Chine, l’Inde et la Corée du sud ont révélé le 28 juillet 2005 l’existence d’un projet alternatif au protocole de Kyoto. Cette alliance, baptisée « Asia-Pacific Partnership for Clean development and Climate » a également pour objectif final la diminution des émissions de gaz à effet de serre (GES) afin d’atténuer le changement climatique en cours. Cependant, les moyens qui seront mis en place privilégient la mise en place de technologies propres et avancées autour de l’exploitation du charbon.
« Nous pensons que le plus important pour la Chine est de rendre son charbon propre avec des procédés comme la gazéification », renchérit Emiliano Cecchini, chef de projet du Programme de coopération sino-italien pour la protection de l’environnement, basé à Shanghai. 650 millions d’euros seront d’ailleurs investis pour réduire les émissions de dioxyde de soufre qui résultent de la combustion du charbon.
Les villes chinoises sont affectées par la pollution au dioxyde de soufre
Selon une étude récente de l’Institut chinois des sciences environnementales et l’Université Qinghua, sur 338 villes chinoises où la qualité de l’air est mesurée, près des deux tiers (63,5%) ont un niveau de pollution de l’air considéré comme moyen ou grave, les régions les plus affectées étant le sud et le sud-ouest du pays.
Les émissions de dioxyde de souffre augmentent rapidement en Chine, notamment à cause de l’importante utilisation de charbon de mauvaise qualité ou de techniques de combustion surannées dans les centrales thermiques. Les émissions de dioxyde de souffre se sont élevées à 6,6 millions de tonnes en 2002 et atteindront 12,86 millions de tonnes en 2005 si elles continuent à progresser au rythme actuel, selon l’étude. Au total, 30% du territoire chinois souffre des pluies acides.
L’Agence spatiale européenne (ESA) a montré, début septembre 2005, sur une carte réalisée par le satellite Envisat, l’ampleur de la pollution dioxyde d’azote (NO2) au dessus de Pékin et du nord-est de la Chine. Il s’agit en fait du plus gros nuage de pollution au monde conséquence de la croissance économique spectaculaire de la Chine ces dix dernières années.
Les oxydes d’azote sont massivement émis par les voitures et les sources fixes de combustion telles que les centrales thermiques de production électrique, les installations de chauffage, les industries lourdes, les feux de forêt ou encore les usines d’incinération. Les NOx sont à l’origine des dépôts acides avec le SO2 et participent à la pollution photochimique en engendrant la production d’ozone troposphérique qui est un facteur de surmortalité.
Vers une diversification énergétique
Toutefois, la Chine souhaite réduire une partie de sa dépendance au charbon dont l’extraction coûte aussi la vie chaque année à des milliers de mineurs. L’Institut de recherche sur l’énergie en Chine table sur une réduction de 10% d’ici à 15 ans. Et, récemment, le China Daily avait rapporté que la construction de nouvelles centrales au charbon était désormais interdite à Pékin, Shanghai et dans 21 capitales provinciales.
Pour ce faire, la Chine a annoncé début novembre, un investissement de 180 milliards de dollars pour développer les énergies renouvelables et porter de 7% à 15% leur part dans la consommation énergétique globale en 2020. « La Chine encourage les entreprises à utiliser d’autres sources d’énergie, telles que l’énergie solaire ou éolienne, en allégeant certaines taxes », explique Han Zhengguo, analyste pour le groupe financier Haitong Securities à Shanghai.
Enfin, la Chine investit également dans le nucléaire avec le soutien de la France puisque d’ici à 2020, 40 centrales nucléaires seront construites.