Avec l’arrivée des températures printanières il est tentant de se lancer dans l’aménagement des jardins et espaces verts, voir même dans celui d’un potager de balcon. C’est donc le moment idéal pour rappeler le concept de la permaculture, un mode d’agriculture basé sur le développement durable, respectueux de la biodiversité et de l’humain et dont l’objectif est d’imiter le fonctionnement des écosystèmes naturels.
Les grands concepts de la permaculture
Le mot permaculture a été assemblé à partir des mots « permanent » et « agriculture », à lui seul il reflète assez bien le concept utilisé. Ainsi il s’agit de cultiver en prêtant attention à la terre, aux hommes et en prenant soin de redistribuer les surplus produits. Le concept est né dans les années 70 à l’initiative de Bill Mollison et David Holmgren ou plutôt est est re-né puisque dans la nature, tout est permaculture !
Le but est de recréer un écosystème à part entière dans lequel intégrer de manière harmonieuse les éléments que l’on souhaite cultiver. Ainsi la permaculture ne va pas se limiter à cultiver des légumes. Il s’agit de tout un ensemble d’éléments visant à produire sainement et de manière durable. Par exemple en privilégiant des variétés qui se resèment d’elle même : comme c’est le cas des courges, de la carotte, mais aussi de certaines salades telles que la mâche ou la laitue. Une liste assez complète de ces légumes peut être trouvée sur le site JardinierParesseux.com
Depuis 2014, sur le forum econologie, Didier Helmsetter a également développé une nouvelle technique de permaculture à base de foin. Plusieurs livres sur le potager du paresseux, ont même été édités à la suite de ces échanges sur le forum ! Vous pouvez régulièrement retrouver Didier sur sa chaine Youtube :
Il peut aussi s’agir de cohabiter avec les insectes déjà présents dans l’environnement. Ainsi les vers de terre sont les meilleurs alliés de la permaculture. Ils permettent d’aérer la terre, favorisant ensuite la pousse des végétaux. Il est aussi possible d’intégrer des animaux qui pourront contribuer à leur échelle à la réussite de votre potager. Ainsi quelques poules dans un jardin cultivé en permaculture peuvent permettre d’éviter naturellement la prolifération d’insectes destructeurs de plantations (limaces et escargots par exemple). Elles participeront aussi à l’aération du sol et produisent des œufs. Attention cependant à respecter un espace raisonnable pour le nombre de poules introduit afin d’éviter un effet inverse et une dégradation trop importante de votre terrain.
Un autre insecte à évoquer : la coccinelle ! Introduite sous forme de larve, elle permettra de lutter efficacement et naturellement contre les pucerons dont elle se nourrit. Ci dessous la photo d’une larve de coccinelle, réservez leur un bon accueil dans vos plantations :
Comment et quand lancer un potager ou un jardin en permaculture ?
Il existe plusieurs méthodes de permaculture, et donc plusieurs possibilités de démarrage. Une première approche consiste à ne pas du tout travailler le sol. Pour que cela soit possible il va falloir le pailler de manière à ce que les végétaux n’y poussent plus pour ensuite pouvoir replanter. Avant de pailler, il est conseillé de couper l’herbe à ras et de la laisser sur place. Une fois l’herbe décomposée, le sol peut être recouvert d’un substrat tel que de la paille, des copeaux de bois, mais aussi des feuilles mortes ou du BRF (Bois Raméal Fragmenté). Les possibilités sont variées. La vidéo suivante explique ce qu’est le BRF et comment le fabriquer :
Le paillage a en général lieu au printemps. Il faut ensuite le laisser en place toute une saison sans planter pour attaquer les cultures le printemps suivant dans un sol correctement préparé. Le paillage ne doit pas être mis en place sur une terre trop sèche, trop froide ou trop tassée. Il est possible de le pratiquer en fin d’été ou à l’automne, mais déconseillé de le faire en hiver.
Une autre méthode de culture consiste à travailler légèrement le sol. Cette méthode est par exemple conseillée sur les sols lourds ou tassés. Il s’agit alors de travailler le sol sur une 15ène de cm, en utilisant des outils tels que la griffe, la grelinette ou encore le campagnol. Dans la vidéo suivante vous pourrez découvrir la grelinette :
Après le passage de ces outils il est conseillé de retirer les adventices (nom donné aux mauvaises herbes en permaculture) et d’ajouter du composte pour enrichir le sol.
Qu’est-ce que le système des buttes ?
En permaculture, il est aussi possible de travailler en créant ce qu’on appelle des « buttes ». Ce sont des zones de terre que vous allez aménager en les surélevant du sol à hauteur de 15 à 30 cm. Il faut cependant savoir que leur conception va demander du temps et des connaissances plus techniques qu’en plantant directement sur sol plat. Il faut donc dans un premier temps réfléchir au bénéfice de leur utilisation.
Il existe de nombreux types de buttes différents. Certaines sont « posées » directement sur la surface du sol, tandis que d’autres sont construites sur des troncs « enterrés » (ce sont les buttes Hulgelkultur, du nom de leur concepteur). Ce second type de butte se décompose très lentement, et ne nécessitera que très peu d’entretien malgré qu’il soit plus complexe à mettre en place. L’idéal est de pouvoir construire les buttes en groupe afin d’en faciliter l’aménagement.
Les buttes ne sont pas adaptées à toutes les situations, elles sont même déconseillées pour certains écosystèmes. Ainsi un climat venteux contre-indique leur utilisation car elles auraient trop vite tendance à dessécher. Cependant dans les cas où les buttes sont réalisables, elles apportent alors de nombreux avantages : esthétique, pratique puisqu’il n’y a plus besoin de se pencher pour travailler. Les buttes permettent aussi d’éviter de tasser le sol. Elles vont rendre possible une bonne irrigation du sol, sans favoriser le surplus d’humidité, ce qui sera favorable à la pousse des végétaux.
L’importance du choix de la disposition des plantes
En permaculture, ce sont les associations de plantes qui vont permettre une synergie bénéfique à leur croissance. Dans la nature, on retrouve souvent certaines plantes les unes à côté des autres. C’est par exemple le cas du fraisier des bois qui pousse fréquemment au pied du noisetier. Il sera possible aussi d’associer des plantes qui vont avoir un cycle long, avec d’autres plantes au cycle court, par exemple la pomme de terre avec du radis ou de la salade. Ces associations permettront aux plantes de bénéficier d’avantages qui leurs seront procurés par la plante voisine (c’est le cas par exemple d’une plante de grande taille qui apporterait de l’ombre à une plante plus fragile). Attention les plantes d’une même zone, ou d’une même butte, devront cependant avoir les mêmes besoins en eau, en engrais etc.
D’autre part, certaines plantes peuvent être ajoutée dans le but de servir d’insecticide pour leur zone de plantation plutôt que pour être consommées. En effet les insecticides et engrais chimiques sont à proscrire. Le basilic par exemple est un bon répulsif contre les mouches et mouchettes, mais aussi contre les fourmis. La lavande est également un insecticide efficace, en macération elle peut aussi être utilisée dans la maison contre les araignées, mais aussi contre les puces ou même certains acariens. Attention cependant car certaines plantes ont certes une action répulsive contre les insectes, mais également une forte tendance à se répandre rapidement dans le potager au risque d’étouffer d’autres plantations. C’est par exemple le cas de la menthe qui se développe très rapidement à l’aide de ses stolons.
Arrosage et compostage en permaculture
L’utilisation de cuves de récupération des eaux de pluie permet un arrosage de votre terrain le plus naturel possible. Selon la taille du terrain il peut être conseillé de disposer plusieurs cuves à proximité des zones à arroser pour en faciliter la réalisation. D’autre part, il peut être utile de disposer plusieurs points d’eau non couverts dans votre terrain afin que les insectes, mais aussi les oiseaux puissent venir s’y abreuver. Attention cependant à ce que ces points d’eau ne tournent pas en eau stagnante attirant les moustiques !!
Pour réduire la fréquence des arrosages, une solution a fait ses preuves : l’utilisation des oyas. Ce sont des réservoirs d’eau en terre cuite qui sont à enterrer à proximité de la plante que vous souhaitez arroser. Les oyats doivent être couverts pour éviter l’évaporation trop rapide de l’eau, il est également possible de les pailler pour diminuer encore l’évaporation due à de trop fortes chaleurs. Il faudra cependant compter en moyenne une 20ène d’euros par oyat ce qui peut vite représenter un coût important.
Une autre solution peut être d’arroser directement au pied des plantes pour limiter les pertes d’eau. Cette fois cela sera réalisable facilement en récupérant des bouteilles plastique donc il suffira de retirer le fond, avant d’en enterrer le goulot au pied de la plante à arroser. Il suffira ensuite de remplir la bouteille régulièrement, plutôt que d’asperger aléatoirement au jet d’eau au risque de favoriser la brûlure des feuilles par le soleil.
Enfin un autre élément important à intégrer dans votre terrain : le composte. Il sera essentiel pour vous permettre de donner une seconde vie aux adventices que vous aurez eu à enlever. Mais aussi et surtout pour contribuer à l’enrichissement du sol pour vos cultures. L’idéal étant d’utiliser une solution de compostage qui vous permette d’insérer vos déchets verts par le dessus. Puis de récupérer par la suite le composte à l’aide d’une ouverture facilitée sur le dessous.
Pour aller plus loin
La permaculture peut aussi s’appliquer à l’agriculture dans un but commercial. Déjà en 2016 une étude de l’INRA sur la permaculture la considérait comme pouvant être un procédé de culture rentable. Dans ce cas de figure, il peut par ailleurs être intéressant de regarder aussi du côté du photovoltaïque appliqué au domaine agricole.
La vidéo suivante présente les intérêts de se tourner vers une agriculture plus respectueuse des sols et de la nature :