La « voiture verte » existe-t-elle vraiment ? Alors que les discours s’accordent pour plébisciter les voitures électriques, à l’impact environnemental bien moindre que celui des véhicules thermiques, l’industrie automobile d’aujourd’hui doit faire face à des défis environnementaux considérables. De la phase de construction à l’après-vie de nos véhicules, quel est le réel bilan écologique des constructeurs automobiles ?
Fabrication d’une voiture : différentes étapes
Une reprise dynamique, des économies et surtout, zéro émissions de CO2 : c’est la promesse de la technologie E-Tech 100 % électrique de Renault. Dix ans de recherches ont permis au fabricant de proposer un véhicule silencieux, qui n’utilise pas de carburant fossile et qui, à terme, se veut plus économique car générant moins de frais d’entretien.
Sur le papier, la promesse est belle et dans les faits, l’intérêt des véhicules électriques est évident. Cependant, est-ce suffisant pour répondre à l’urgence écologique ?
L’empreinte carbone d’une voiture, tous fabricants confondus, ne peut être réduite aux conditions d’usage qu’elle offre. Pour faire un bilan écologique plus réaliste et plus complet, il est également nécessaire de revenir en arrière et notamment, à l’étape capitale de sa fabrication.
L’approvisionnement en métaux et matières premières
Cobalt, phosphore ou encore nickel : la fabrication d’une voiture thermique ou électrique induit forcément une phase d’extraction de matières premières. Durant cette dernière, l’utilisation intensive de l’eau, la combustion d’énergies fossiles par les machines et l’utilisation de produits chimiques sont hautement problématiques.
Selon les chiffres fournis par l’Ademe, l’agence de la transition écologique, une voiture diesel pèserait environ 1145 kilos contre 1 031 kilos pour une voiture électrique, sans batterie. Si le poids de matériaux ferreux et acier sont similaires pour les deux types de véhicule (711 kilos pour la première, 658 pour la seconde), tout comme le poids des matériaux polymères (218 et 208 kilos), le poids du carburant, dans le véhicule thermique, et de la batterie, dans le véhicule électrique font la différence. Une batterie de véhicule électrique peut en effet varier entre 250 et 300 kilos en fonction du modèle. L’extraction du cobalt, du lithium et du graphite dont elle est généralement composée peut contribuer à la pollution environnementale.
Des sites d’extraction aux sites de production
Les matières premières ne sont évidemment pas transformées et utilisées sur leur site d’extraction. Elles sont tout d’abord transportées vers les usines de transformation qui utiliseront de l’énergie pour produire les matériaux finaux. Ces derniers seront à nouveau transportés vers les usines d’assemblage qui utiliseront elles aussi de l’énergie pour assembler les pièces, les peindre et les tester. Outre les émissions de CO2 des usines de transformation et d’assemblage, chaque transport de matériaux majore considérablement l’empreinte carbone liée à la fabrication du véhicule et sont évidemment à prendre en compte.
Fin de vie et recyclage : quel état des lieux ?
Des avancées considérables sont à prévoir dans le développement de nouvelles générations de batteries électriques. Les batteries de demain se voudront en effet bien moins polluantes, notamment grâce à l’introduction de batteries à base de lithium-fer-phosphate (LiFePO4). Elles sont en effet fabriquées à l’aide de matériaux bien moins toxiques.
Peut-être est-ce à cause de leur relative nouveauté sur le marché automobile ? Il semblerait que la question du recyclage des batteries lithium-ion des véhicules électriques intéresse davantage que celui des voitures thermiques. Ces dernières, lorsqu’elles sont mises à la casse, profitent pourtant d’une seconde vie. La récupération des pièces réutilisables, la dépollution des véhicules (huiles et fluides divers) et le tri des matériaux sont des étapes importantes mais encore trop souvent suivies par l’enfouissement des résidus ultimes, soit ceux qu’il est pour le moment impossible de réutiliser ou de recycler.
Or, l’enfouissement des déchets automobiles n’est pas sans conséquence puisqu’il favorise le risque de libération de méthane, un gaz à effet de serre puissant sans compter la dégradation de la biodiversité locale.
La voiture zéro carbone n’existe pas
Une voiture électrique, si intéressante soit-elle écologiquement parlant, n’est jamais zéro carbone.
Une dette impossible à ignorer
La production d’une voiture, toute écologique qu’elle soit est synonyme d’émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. Selon les modèles, une voiture électrique aurait une dette carbone de 5 à 15 tonnes équivalent CO2. Et contre toute attente, cette empreinte écologique serait même jusqu’à trois fois supérieure à celle attribuée à la fabrication d’une voiture thermique.
Une compensation plus ou moins nette à l’usage
C’est à l’usage que la voiture électrique démontre tout son intérêt. En toute logique, cette dernière émet moins de CO2 qu’une voiture thermique et ce, tout particulièrement lorsque la production d’électricité est issue, soit des sources renouvelables, soit du nucléaire. En quelques mots : plus une voiture électrique roule, plus elle est avantageuse, écologiquement parlant. En effet, sur une durée de vie de 200 000 kilomètres en moyenne, on considère qu’une voiture électrique aura un impact carbone 2 à 3 fois inférieur.
Moins d’émissions de particules
Outre la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la fabrication d’une voiture électrique permet de réduire considérablement la pollution de l’air. En effet, les moteurs électriques n’émettent pas d’oxydes d’azote et une quantité de particules bien moindre.
Malgré de belles avancées technologiques, le bilan écologique lié à l’industrie automobile reste conséquent. Selon l’Ademe, pour réduire au maximum l’impact environnemental de nos véhicules, il serait nécessaire d’envisager la voiture de demain avec davantage de sobriété et donc, d’en revoir la taille et le poids. Opter pour une production plus circulaire, avec l’intégration de matières recyclées dans les différents processus de production est aussi une piste particulièrement prometteuse. Le nombre de véhicules radiés, de plus en plus conséquent, représente à ce titre une belle source de matériaux à séparer, transformer et revaloriser.
Pour réduire considérablement les impacts environnementaux liés à l’automobile, revoir les habitudes quotidiennes resterait bien la clé de tout car la voiture la plus vertueuse possible ne sera jamais durable pour autant. Les transports en commun, la marche ou le choix du covoiturage peuvent permettre d’envisager cette transition avec davantage d’optimisme.