Fonctionnement de l’inflation 1

Quelques notions d’inflation, de monnaie et de finance…(1/3)


Mots clés : argent, coût, Friedman, Keynes, chicago boys, ordre monétaire, banque centrale, BCE, taux directeurs

C’est parce que l’argent gouverne le monde qu’il importe de savoir qui gouverne l’argent…

Introduction

Inflation, argent, voilà des termes qui paraissent bien familiers à chacun d’entre nous, et pourtant, qu’en savons nous vraiment? De la première, on en entend souvent parler dans les médias (sans forcément comprendre exactement à quoi elle correspond), quant au second, son usage quotidien nous en fait ignorer l’essentiel: qui le crée, et selon quels principes et quelles règles?

Les systèmes monétaires actuels fonctionnent sur des principes bien différents de nos représentations, issues du passé. Qui sait ainsi que désormais, l’argent est créé à partir de rien (l es spécialistes disent ex nihilo ), et sans contrepartie métallique? Eh oui, « l’argent » moderne (la monnaie) n’est plus convertible en or depuis plus de trente ans !

Nous en sommes encore à penser que l’argent doit être « gagné » et épargné avant d’être dépensé ou prêté ! Pourtant, qui sait que l’essentiel de ce nouvel argent, de cette nouvelle monnaie est créé par les crédits accordés par les banques (selon leur bon vouloir) qui elles-mêmes se fournissent « au prix de gros » auprès des Banques Centrales (européenne, la BCE, pour les euros, ou américaine, la FED, pour les dollars) ?

Qui sait qu’en agissant sur les taux d’intérêt « dits de refinancement », un groupe d’hommes (les « gouverneurs ») non élus, n’ayant à se justifier vis-à-vis de personne dans le cas de la BCE (puisque celle-ci est déclarée totalement indépendante dans ses choix de politique monétaire) et décidant à huis clos et sans aucune trace écrite des débats et des prises de position internes, influent sur le prix de gros de cet argent frais ?

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Ils sont ainsi en mesure de « piloter l’économie par le haut », véritables chefs d’orchestre moderne de l’activité économique des peuples…

Bien peu de gens savent quel lien l’économie moderne établit entre chômage et inflation.(…) Mais une chose est sûre, l’inflation constitue depuis plus de trente ans l’Obsession absolue des économistes modernes…Bien avant le chômage !

Alors, comment ca marche l’inflation ?

En réalité cette obsession de la lutte contre l’inflation a été impulsée à la fin des années 60 par un courant d’économistes libéraux, les monétaristes, et notamment Milton Friedman et ses « Chicago Boys » comme on les a appelés.

Pour Friedman, l’inflation, c’est-à-dire la hausse du niveau général des prix dans une economie (définition essentielle, on y reviendra) est, pour reprendre sa célèbre formulation,  » de tous temps et en tous lieux de nature monétaire et dûe à un excès de monnaie « . Trop de monnaie chassant trop peu de biens à échanger entraîne fatalement une hausse générale des prix. Pour reprendre une de ses célèbres images, si un hélicoptère déverse 50% d’argent en plus sur la société (une pluie de billets), les gens n’en seront pas plus riches pour autant et l’activité économique n’en sera pas forcément stimulée (si ce n’est temporairement et dans l’euphorie générale, par un effet psychologique de richesse). En revanche, à plus ou moins long terme, le niveau général des prix se sera élevé de 50% (il y aura eu 50% d’inflation). Dit autrement, si tout le monde gagnait le salaire d’un patron du CAC 40, la baguette de pain coûterait 1000 euros! La richesse apparente serait très relative. Car ceci est un fait absolu à méditer pour bien comprendre le sens de la thèse developpée sur ce site: la richesse n’est que relative…

Friedman attribue aux Etats et aux gouvernements (issus du vote démocratique…) la responsabilité historique de l’inflation : tant que ceux-ci auront le pouvoir de contrôler la monnaie (le fameux privilège de « battre monnaie »), ils le feront pour financer leur « déficit », c’est-à-dire payer les coûts de leurs politique. Que ce déficit provienne de dépenses somptuaires de l’Etat (luxe du pouvoir, gaspillages) ou de dépenses utiles pour la société (infrastuctures sociales ou d’équipement, lutte contre le chômage ou ses effets sociaux), tout cela est mis dans le même sac : cela va générer de l’inflation !

Or, il est un fait certain: l’inflation est plus un problème pour ceux qui possèdent beaucoup d’argent (les détenteurs de capitaux) que pour ceux qui n’en ont pas ou peu. Et il est aussi plus un problème pour ceux qui prêtent que pour ceux qui empruntent…
« L’inflation, c’est l’euthanasie des rentiers » comme avait dit Keynes. En grignotant la valeur de l’argent, l’inflation est perçue par les rentiers comme une taxe sur la fortune. C’est comme s’ils possédaient alors une monnaie fondante, fondant d’autant plus que l’inflation est forte…

Le nouvel ordre monétaire et financier mis en place ces dernières décennies au niveau international est conçu précisément pour ne plus être l’euthanasie des rentiers. Bien au contraire…Le taux de chômage minimal nécessaire pour stabiliser l’inflation à un niveau bas, l’euthanasie a bien changé de camp : elle concerne désormais ceux qui n’ont plus que leur travail pour obtenir un revenu, et les chômeurs et précaires sont les moyens de pression et de Peur pour y parvenir.

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Ce nouvel ordre monétaire et financier a été mis en place en suivant les préceptes de Friedman et de ses accolytes. Sans doute devrais-je dire que ces préceptes ont servi de caution pseudo-scientifique à ce qui s’apparente à un coup d’état silencieux sur la Monnaie…

Le principe « d’indépendance totale » de la Banque Centrale, gardienne absolue et toute puissante de la Monnaie, a été ainsi retenu. En Europe, nous avons à l’heure actuelle la Banque Centrale la plus indépendante du monde, puisqu’elle n’a de compte a rendre à personne comme précisé plus haut. Ce principe a permis de retirer des mains de nos gouvernants tout le pouvoir (immense dans des sociétés dominées par « l’économique ») associé au contrôle de la monnaie. Ainsi est retiré toute possibilité de céder à la pression populaire lorsque celle-ci s’exprime dans les urnes ou dans la rue, parce que les conditions de travail se dégraderaient ou que le chômage augmenterait par exemple. Le contrôle du pouvoir a subrepticement changé de mains, nos gouvernants ne sont plus là que pour faire de la « pédagogie » à destination de la foule votante. (…)

Bien sûr, si on confie le contrôle de la monnaie à une Banque Centrale Indépendante, c’est en affichant bien haut deux principes Friedmaniens, présentés comme fondateurs et légitimateurs de cette décision :

  • La priorité absolue à la « lutte contre l’inflation » et à la « stabilité des prix »
  • Le contrôle strict de la « masse monétaire », c’est-à-dire de la quantité d’argent que cette Banque Centrale va mettre en circulation dans l’économie.

C’est qu’il s’agit de faire bien mieux que ces fichus gouvernants si sensibles aux grognements de leurs peuples à chaque réélection…

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Extraits du site Nairu

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