Fonte de la banquise à cause du réchauffement : Qu’est-elle ? Où va-t-elle ?
Agissant comme un isolant entre océan et atmosphère, modifiant la salinité et donc la densité des eaux sous-jacentes, la banquise est un élément important de la circulation océanique et par suite du climat de la planète.
Formation de la banquise
L’inclinaison de 23° de l’axe de la terre sur le plan de son orbite empêche les rayons du soleil d’atteindre les 2 pôles en même temps. L’absence de soleil sur un pôle plonge celui-ci dans la nuit pendant 6 mois Sur les continents la neige qui tombe se transforme en glace formant des calottes polaires.
Parallèlement sous l’action du froid intense la température de surface de l’océan décroît lentement. Comme l’eau de mer contient du sel – de 29 à 35 grammes par kilogrammes d’eau dans les régions polaires-, elle ne va pas se congeler à 0°C comme l’eau douce mais à une température comprise entre –1,7 °C et –1,9°C. Lorsqu’elle avoisine ces températures les cristaux de glace se forment et c’est alors que la banquise apparaît.
La banquise agit comme une couche isolante entre l’océan et l’atmosphère en réfléchissant environ 70% de l’énergie solaire qui atteint sa surface. La surface enneigée et glacée n’absorbe donc que 30% de cette énergie alors qu’une mer libre en absorbe presque 95 %. Ce processus limite la fonte et assure le maintien de la banquise pendant plusieurs mois.
Rôles dans l’équilibre climatique
La banquise en formation rejette des eaux très salées, froides et denses, qui dans certaines régions océaniques vont plonger jusqu’au fond de l’océan (notamment autour du continent Antarctique). A la surface, par compensation, des eaux plus chaudes affluent. On appelle ces transports océaniques combinés de chaleur et de sel : circulation thermohaline.
En tant que surface solide, la banquise intercepte une partie des précipitations, qui s’accumulent à la surface au lieu de rejoindre directement l’océan. De plus, comme la glace de mer est nettement moins saline que l’eau de mer, toute création ou fonte de banquise se traduit automatiquement par une modification de la salinité de la surface océanique à cet endroit.
Constamment en mouvement, entraînée notamment par les courants océaniques et le vent, la banquise engendre d’importants transports d’eau douce et de sel, qui agissent en retour sur la circulation océanique globale et, par suite, sur le climat de la planète.
L’avenir de la banquise
Météo-France dispose d’un modèle couplé océan-banquise-atmosphère qui permet, par exemple d’évaluer l’impact d’une augmentation de la concentration des gaz à effet de serre et des aérosols atmosphériques sur le climat de la planète et sur la banquise.
Diverses simulations basées sur un scénario de doublement du dioxyde de carbone atmosphérique d’ici à 2100, ont traduit l’impact de cette évolution par :
· une banquise arctique disparaissant totalement en été vers la fin du XXIè siècle. En hiver, cette banquise serait beaucoup plus fine qu’actuellement (quelques dizaines de cm au lieu de 2m environ), mais presque aussi étendue.
· une banquise antarctique un peu moins étendue qu’actuellement
On estime, d’après des observations, que l’épaisseur moyenne de la banquise arctique est passée de 3 m à 1,80 m de 1980 à nos jours. Cette évolution est-elle attribuable au réchauffement climatique lié aux activités humaines ? S’agit-il d’un phénomène naturel ? Il est pour l’instant trop tôt pour répondre à cette question.
Aujourd’hui, les modèles couplés sont suffisamment sophistiqués pour simuler correctement les caractéristiques de la machine climatique planétaire et produire des résultats fiables. Ces derniers, qui vont dans le même sens que ceux d’autres instituts de recherche, sont affinés en permanence en fonction des progrès des modèles du système climatique terrestre.
Mais d’ores et déjà, une prise en compte adéquate de la banquise dans le cadre des études sur le changement climatique s’impose.