izentrop a écrit :
Si le compost est trop arrosé, il peut y avoir lessivage et pollution si il n'y a pas de plantes pour absorber ces nutriments qui s'échappent,
....mais s'il est bien mené avec suffisamment de matière carbonées, il fera un bon humus.
Le compost de surface l'hiver risque aussi le lessivage si des racines ne sont pas là pour pour récupérer ces nutriments.
Laisser les plantes sur le sol peut aussi perpétrer maladies et parasites.
Tout est à considérer pour un jardin pérenne.
Reprenons ces points :
1) Je suppose que tu parles du "tas de compost" ? Et en effet, au cours du compostage, des matières organiques se décomposent, des éléments solubles sont libérés et si le tas n'est pas abrité, cela peut percoler à un endroit, où, en principe, on ne cultive pas.
Mais arrivé dans le sol, ce "jus" connaîtra des fortunes diverses : les nitrates sont lessivés, le potassium ou le phosphore sont "absorbés" par le complexe argilo-humique, retenus par les argiles... Ils ne seront que très peu lessivés en profondeur...
Le sol est une structure complexe, avec des charges, avec une CEC (capacité d'échange de cations), etc... Ne pas voir le sol comme une passoire, même si c'est une image souvent colportée...(et vraie pour les nitrates)
2) Même avec un bon rapport C/N, seule une petite partie de la matière organique se transforme en humus. Le reste termine sa décomposition, sa minéralisation...
La quantité de matière sèche qui se transforme en humus (substances humiques) varie de quelques % pour des déchets de culture à des chiffres allant de 15 à 30 % pour des pailles, engrais verts, composts urbains... Il atteint 50 % pour des fumiers déjà bien décomposés. Je n'ai pas le chiffre pour des déchets verts mis à composter : cela doit être quelques % ! [les agronomes appellent ce pourcentage "coefficient isohumique K1", pour te faciliter les recherches internet]
Cela veut dire que quand tu manipules 1 tonne de déchets, avec un taux de matière sèche de 20 % (ce qui est élevé ; les fruits et légumes en ont moins de 10 %), cela te fait disons 200 kg, dont 10 % [prenons K1 = 10 % ; mais je ne suis pas sûr que cela l'atteigne...] de 200 kg se transforme en humus, soit 20 kg d'humus au bout du compte !
Il faut arrêter de penser qu'un tas de déchets se "transforme en humus". Comme ça. Par miracle.
La réalité est qu'une petite fraction de ces déchets se transforment en humus, la plus grande partie partant en "chaleur" ou étant minéralisée (c'est-à-dire décomposée en éléments minéraux simples, ou "démantibulés jusqu'au bout ; les substances humiques sont des molécules bien particulières qui sont synthétisées, au cours de la décomposition à partir de la cellulose et de la lignine - ce qui ne représente qu'une fraction du déchet initial).
Même si cette petite fraction joue un rôle essentiel dans le sol !
3) Sauf que l'hiver, la décomposition s'arrête car il fait froid. Donc les organismes entrent en vie ralentie... Le processus de décomposition suit grosso modo le rythme de développement des végétaux...
Maintenant, en effet, à la marge, on n'est pas à l'abri de percolation et de lessivage, pour des éléments solubilisés tard en automne, dans des sols non occupés par une culture. C'est clair. Mais encore une fois, ne pas occulter la capacité de rétention d'un sol. Outre ce qui "passe" par les végétaux, il y a des quantités extrêmement importants d'éléments nutritifs dans un sol, sous différentes formes.
4) On a évoqué les maladies ailleurs, notamment à propos du mildiou. Donc à examiner au cas par cas... Cela dépend...
Mais un sol "stérile" est un leurre ! Même "propre" en surface, il y a toujours des débris de végétaux, des racines, etc...
Et sans activité biologique intense, je pense que c'est pire, car il n'y a pas un "brassage général" et des équilibres entre organismes (y compris ceux qui sont nocifs)...