Comment trouver un terrain

[Did67]

Il y a deux gros pièges à éviter :

a) confondre "chiffre d'affaire" avec "revenu"... Même si on peut, dans un système peu intensifié au sens d'usage d'intrants, réduire considérablement les charges et rapprocher les deux chiffres... Il reste des mortes-saisons...

Médite ce que j'ai écrit : si c'était si simple (sans allusion à celui qui m'a précédé dans ce fil), beaucoup de gens seraient des cons... C'est que c'est tout de même un peu plus compliqué !

b) se méfier des projets de "micro-fermes" à forte notoriété (suivez mon regard), dont le gros de la main d'oeuvre est constitué de "stagiaires" et dont le gros du revenu net est issu de "stages payants" , la quintessence étant atteinte quand on peut faire raquer les stagiaires (jusqu'à 1 000 euros la semaine m'a-t-on dit) et les faire bosser au motif de les former "en pratique"... Comme il y a parmi eux des gens qui n'ont jamais aimé l'école, ils "marchent" dans la combine, sans savoir que cela en est une. Esclavage moderne ! Bien sûr, ces "modèles" marchent.

Mais ce sont des pyramides de Ponzi : les pionniers se font des couilles en or ; mais une fois généralisé, le modèle s'écroule

[sicetaitsimple]

faire raquer les stagiaires (jusqu'à 1 000 euros la semaine m'a-t-on dit)

Si j'a bien suivi ton regard, ce n'est pas 1000, mais 1400€ pour 5 jours. La bouffe est comprise, mais pas l’hébergement.Et comme dit dans le catalogue, ce sont des groupes "à taille humaine", 50 personnes!!!

[Did67]

Tu as bien suivi... Je ne me souvenais plus des "détails"...

Ailleurs, je m'étonne des fumeurs qui mangent "bio"... Mais que dire des gens qui payent sans broncher 1 400 euros pour 5 jours de "formation" en groupe de maxi 50 et pensent découvrir une "méthode" alternative (mais pas au business !), respectueuse de la nature (mais pas trop des clients ?)...

[Antoche]

Merci pour le partage de vos ressources et de vos réponses, je vais regarder tous cela.
Oui en parlant de 1000€ je parle de revenu net/bénéfice.

D'accord je comprend pour l'hiver. Mais il y a quand même des légumes d'hiver voir cette vidéo et l'article en dessous. https://potager.ooreka.fr/tips/voir/287 ... r-en-hiver

C'est vrai que il y aura moins de variétés qu'en été mais je pourrai alors pendant ces saisons me limiter à des légumes d'hiver mais de manière plus productif. La vente de conserves fait maison pourra également éventuellement durant ces périodes être intéressant pour palier à d'éventuel manques.

Médite ce que j'ai écrit : si c'était si simple (sans allusion à celui qui m'a précédé dans ce fil), beaucoup de gens seraient des cons... C'est que c'est tout de même un peu plus compliqué !

Oui c'est vrai c'est pas si simple, c'est pourquoi nous discutons car je veux analyser en détails les limites de ce type de projet, je crois que tout problème à une solution sans vouloir paraître et être trop utopiste.
Par rapport à ça, tout d'abord nous vivons dans un civilisation tertiaire, beaucoup de gens ne désirent pas s'installer en agriculture même si ils auraient la possibilité de vivre de cela, certains se contentent très bien d'un emploi au bureau donc grand nombres de français ni prêtent pas la moindre attention, ou même des artisans qui se plaisent de leur métier et c'est très bien comme ça car ils font ce qu'ils aiment et ne ressentent pas le besoin de s'intéresser au sujet.
D'autres s'intéresse au sujet mais abandonne.
D'autres s'intéresse au sujet et s'installe mais ils périssent par manque de connaissance, sans la connaissance des rouages pour dégager un revenu Et qui peuvent finir par vendre des formations cher...
D'autres s'intéresse au sujet et ont la connaissance ou bien ont la bonne stratégie, la capacité pour se diriger et récolter la bonne connaissance. Si on a la connaissance des fonctionnements naturels on a tout gagné (connaissance des plantes, des vrais bonnes alliances de plantes, du sol et toute la multitude des paramètres pour un système productif) Sans devenir un expert de la nature si on lit les bons livres sur les sujets primordiales avec un peu d'expérience dans le concret je suis convaincu qu'on peut être productif et c'est d'ailleurs ton but et tu la démontrés que sa marcher. On produit plus en investissant moins de temps. Le temps est avant tous investi dans la bonne connaissance. Ça c'est le plus important maintenant il y a aussi le sujet de la connaissance des rouages du système afin de s'installer dans un endroit idéal (demande local forte en bio + bonne pluviométrie en été chaud) et être rentable et vivre de cela.

L'un des meilleur investissements (après le système d’intérêt des dettes) je crois bien que c'est la graine. Une graine de tomate devient un plant qui pourra produire des centaines de graines à travers le grand nombre tomates.

Prenons ton cas Didier, tu cultives sur une certaines surface une certaine quantité en légumes (pour tes proches) en passant un certain temps. Il y a donc le facteur:
1) de la surface cultivé
2) de la quantité/production
3) du temps investi

Quel surface as-tu ? à combien estimes-tu ta production ? combien de temps passes-tu par semaine au potager ? (c'est vrai que le temps est un facteur variable selon les périodes et la météo mais si on devait donner une moyenne, sans compter les périodes creuses d'hiver, disons printemps-été)

A partir de ton modèle de potager à combien estimerais-tu la multiplication nécessaire de surface cultivé, et de temps investi pour 1000€ de bénéfices ? (en vendant cela avec les même tarifs que dans le bio)

Ou bien sur un modèle de travail de temps investi à 35h par semaine quel surface estimerais-tu nécessaire et quel quantité estimerais-tu produire ?

J'espère que mes questions ne sont pas trop vague où qu'elles manquent trop de paramètres à considérer pour y répondre.

Sinon je vois bien que s'installer et être durable tout le monde n'y arrive pas. Je vous rejoint dans votre méfiance. Par exemple la ferme du bec hellouin se vente de dégager un smic mais je me demande bien si dans leur discours ils comptent l'argent de leur formations.

[Did67]

Faisons un petit point...

1) Bien entendu, je suis convaincu qu'on peut vivre d'un projet bien conçu... J'ai juste essayé de dire : "attention, ce n'est pas si simple !"

2) J'ai des contacts avec certaines personnes ayant des projets professionnels - j'ai encore reçu un jeune d'un peu plus de 30 ans la semaine dernière.

3) Mon "modèle", en l'état, n'est pas transférable "dans le cas général" : il est fait pour produire un max de légumes avec un minimum de travail. Mais je n'ai pas les contraintes de devoir satisfaire une clientèle. Le système "tel que", a quelques défauts :

a) un retard "congénital" du à un réchauffement tardif du sol ; or la clientèle se précipite sur les fraises en ce moment ; quand j'en aurai, elle courra après les litchis de Noël...

b) des facteurs de risque très élevés : je ne maîtrise pas suffisamment les risques sanitaires ; l'an dernier, mes 3 semis de petits-pois ont capoté à cause de mes célèbres chenilles de lycaenidés ; mon premier semis de haricots verts aussi... L'an dernier, le 3ème semis de carottes seulement a donné quelque chose, et encore, pas le top ! Dans mon cas, ce n'est pas grave... Pour une production commerciale, pas sûr que les clients suivent de tels "caprices"...

c) une extensification : si je devais produire tout le foin que j'utilise, il me faudrait des surfaces importantes ; ou alors, cela devient une charge non négligeable (environ 4 000 euros / ha et par an).

4) Je n'ai hélas pas de données fiables sur la production et sur le temps...

a) production : mes environ 500 m², y compris fruits rouge, produisent ce que nous consommons, y compris des "cadeaux" occasionnels à des amis, des salades au restau du coeur, etc... J'ai vendu des framboises une année...

Mais on est très très loin d'un SMIC si je "valorisais" cette production...

b) cela me prend peu de temps

Donc du point de vue travail, hormis quelques "installations" (cloture électrique, citernes d'eau, serre, tunnel à tomates...), je pourrais multiplier considérablement les surfaces.

[olivier75]

Bonsoir,
Comme viens de le dire Didier, la valorisation en économie d'achat d'une famille et la valorisation commerciale ne sont pas comparable, il me semble qu'un maraicher en amap peux en vivre vers les 50 familles par maraicher, (extrapolé des vidéos msv, visite de fermes, que je te conseille), et entre 2000 m2 et 1 hectare. Eux, comme c'est régulièrement rappelé sur ce forum, utilisent et essais d'appréhender le plus de matériaux possible, dans le but de valoriser au mieux les ressources facilement disponibles par chacun.
Si tu peux te permettre une année off avec stage(s) ou emploie chez d'autre(s) fais le vraiment, tu y apprendras ce que tu veux faire comme ce que tu ne veux vraiment pas faire. Le savoir et le savoir faire sont déjà bien éloigné dans la plupart des métiers mais je pense encore plus lorsque le sol, la météo et les 7 plaies d'Egypte, récemment décryptées, s'en mêle. Tes objectifs peuvent aussi changer vite les premières années ou mois.
J'ai par exemple décidé d'agrandir le jardin après l'achat d'un micro tracteur pour d'autres travaux et du coup d'un rotavator... inutile ici de te préciser que ce n'était pas très malin, mais c'est le point de départ, je ne serait probablement pas tombé sur le potager du paresseux sans. Il me sert aujourd'hui d'échange pour le prêt de jardin.
N'oublie pas non plus que tu devras maitriser une ou plusieurs centaine de variétés son tes possibilité et tes envies.
Pour le bec helloin il me semble que l'étude qui démontre qu'il est possible de dégager un smic ne concerne que la partie maraichage sur très peux de surface, avec un rapport travail/revenu quantifié scientifiquement, mais ce n'est pas leur revenu réél, sur une plus grande surface, avec stages et visites payantes qui doit être bien au delà.
Olivier.

[Stef72]

je trouve cette discussion super intéressante, on a échangé quelque MP avec Didier sur ce sujet car j'aurai comme Antoche des envies d'aller plus loin professionnellement dans cette voie, mais comme Didier le dit la route est longue et il y a de nombreuses embuches.

En ce moment je cultive sur 2 jardins, le mien et dans le champ d'un copain qui est déjà dans un projet de maraichage traditionnel depuis quelques années. On essaie ensemble de réfléchir à optimiser les taches pour rendre la chose opérationnelle et on se rend compte que c'est très technique et qu'il faut pleins de qualité dans des domaines divers (planification, connaissance des cultures. Je fais donc ça pour le moment sur mon temps libre, pas folle la guepe.

Posséder les terres me parait un énorme avantage, ou au moins en disposer de façon sure pour quelques années me parait essentiel. Mais encore se pose le problème de disposer de lieux batis pour permettre l'abris d'outil, mais aussi de l'eau courante, une station de lavage, des véhicules pour le transport des marchandises, et surtout des débouchés et un système de vente efficace pour que ça paie vraiment.

Etre à plusieurs me parait un avantage mais être 100% en phénoculture ça parait casse gueule. Avec mon pote on mixte les planches en phénoculture avec des planches traditionnelles, d'autre sont bâchées avec de la toile tissée pour juste désherber. On a préparé une serre à semis et une station de lavage sommaire, faut penser aussi à l'arrosage automatique.

A mon avis comme le dis Antoche il y aurait surement quelque chose à faire avec le modèle de Fortier et pourquoi pas intégrer la phénoculture pour certaines cultures mais il y aura du boulot pour que ça fonctionne sur le long terme, mais comment savoir si ce n'est en essayant ?

et bien sur, penser à soi pour ne pas s'épuiser non plus dans des projets intenables ! ;)

[sicetaitsimple]

Pour le bec helloin il me semble que l'étude qui démontre qu'il est possible de dégager un smic ne concerne que la partie maraichage sur très peux de surface,

L'étude sur la ferme du Bec Hellouin a fait l'objet de beaucoup de controverses sous les aspects méthodologiques, notamment lors des rapports intermédiaires.
Le rapport final est de ce point de vue beaucoup plus nuancé.
Mais effectivement ça ne s’intéresse qu'aux 1000m2 les plus productifs de la ferme, dont 420m2 sous serre. Ce sont 1000m2 effectivement cultivés (surface des planches de culture).
https://www.fermedubec.com/wp-content/u ... omique.pdf

[brinbrin62]

Eh bien, je n'aurais pas cru que mon sujet aurait généré autant de réponses. Intéressant.

Bien d'accord avec le fait que beaucoup génèrent des revenus qui n'ont rien à voir avec la production : Stages, conférences, etc, etc. J'en vois qui après juste quelques années d'exploitation se lancent dans le filon. Mouais...

Bien d'accord avec didi67, faire le même maraichage que tous les autres, c'est aussi revoir ses marges à la baisse. Avoir un produit plus haut de gamme est plus rémunérateur : Crocus, safran, ginseng, asperges, viandes et salaisons, miel et hydromel, bière, vin, etc. Mais c'est plus difficile. Si j'avais 200 000 euros à investir, mon projet serait tout autre.

[brinbrin62]

Quelques autres filières bio : cresson, champignons, spiruline, fromages, petits fruits (framboises, groseilles, cassis et myrtilles), plantes aromatiques, médicinales et à parfum, fruits à noyau (bigarreaux, cerises, mirabelles, reines-claudes, prunes), fruits à coque (châtaignes, noix, noisettes), escargots, grenouilles (si c'est encore autorisé), cailles, gibier...

Après, la rentabilité dépend tellement des moyens mis en oeuvre et des méthodes (matériels, batiments, volume de production, etc.)

Certains ont évoqué "la plante qu'on ne doit pas nommer" plus haut dans ce fil. En dehors du fait que ce soit une très mauvaise idée, un de mes amis (gendarme) m'a expliqué que la plupart se faisaient coincer à cause d'une consommation hors norme d'électricité 24h/24. Tout est survéillé par les centraux de distribution et des systèmes experts repèrent les anomalies.

Donc.