l’agriculture biodynamique, louée par certains, objet de fréquents articles de presse la plupart du temps laudateurs, mais renvoyée à ses fondements magico-ésotériques par ses détracteurs. Installée depuis des décennies, cette pratique héritée de la philosophie anthroposophique, est surtout utilisée dans la viticulture. Si elle est marginale (elle représenterait dans le monde environ 1% des surfaces de vignes cultivées, contre 9% pour le bio et 90% pour le conventionnel), elle est prisée par certains consommateurs, et revendiquée par certains des domaines les plus prestigieux (Pommard, la Romanée-Conti). En mai, Bernard Arnault a annoncé le passage prochain en biodynamie du domaine de Château d’Yquem, le plus célèbre des sauternes.
Depuis, on a encore pu constater de vives réactions suite à la publication dans Alim’Agri, revue du ministère de l’agriculture, d’un article louangeur consacré à la biodynamie, intitulé «au-delà du bio». Ou encore suite à l’annonce par le conseil départemental de la Côte-d’Or d’un engagement du département dans la biodynamie.
A chaque fois, il est reproché aux médias, aux institutions, ou aux responsables politiques d’être complices de la promotion d’une pratique «chamanique», «sectaire», «relevant de la magie». Les détracteurs les plus virulents dénonçant la poussée de l’anti-science, le recul de la raison et la promotion de la doctrine anthroposophique derrière la pratique biodynamique.
Il existe un cahier des charges pour quiconque veut revendiquer le label biodynamie Demeter (ou Biodyvin). Au-delà d’une stricte limitation des intrants (plus sévère que le bio, ce qui fait dire à certains que la biodynamie est «au-delà du bio»), les prescriptions comportent le traitement des plantes avec des préparations, dont les plus emblématiques répondent aux noms de «500» et «501»...
Nicolas Joly, propriétaire du domaine de la Coulée de Serrant, près d’Angers, et promoteur convaincu de la biodynamie, expliquait : «Chaque plante spécifique choisie par Rudolf Steiner correspond à une planète. Ces préparations sont ensuite ajoutées à des composts. Il faut les comprendre comme le levain pour le pain : on en met très peu, mais c’est lui qui le fait lever. Pour expliquer cela à des scientifiques, je les appelle les numéros de téléphone portable. On appelle quelqu’un à des milliers de kilomètres et on entend sa voix. Cela fonctionne de la même façon, par une onde, le gigahertz. Les préparations créent un canal énergétique qui, au lieu de porter la voix, porte la force de la planète. Pratiquer la biodynamie, c’est donc relier votre lieu au système solaire par des ondes qui portent la vie.» ...
On n'est pas obligé d'aller aussi loin pour plaire à ses adeptes, heu ! clients.
Aubert de Villaine, cogérant du célèbre domaine de la Romanée-Conti, prenait le contre-pied et donnait sa propre version. Lors d’un entretien accordé à la Cité du vin, en 2017, il déclarait ainsi : «J’aime beaucoup Nicolas Joly, mais notre biodynamie n’est pas philosophique, elle est pragmatique.» Reconnaissant travailler avec ses préparations à la liaison «des énergies telluriques et cosmiques au développement des forces de la vie», il évoquait surtout une biodynamie «concrète»
Ben oui quoi, le fric d'abord
Donc tout est orienté vers des soins pour les sols, pour les plantes, avec quand même des produits contre les maladies (comme le cuivre ou le soufre) mais à des doses plus faibles.»
Jean-Marc Meynard, chercheur à l’Inra et président du conseil scientifique de l’Itab (Institut technique de l’agriculture biologique) va dans le même sens : «Il y a évidemment un discours qui pour grande partie, n’est pas recevable d’un point de vue scientifique, pas prouvable. Mais indépendamment de ses justifications qui sont pour certaines indéniablement pseudo scientifiques, la biodynamie, c’est une pratique qui marche. Elle marche, dans le sens où elle satisfait les exploitants qui la pratiquent, et les consommateurs. Et cela en fait un sujet d’étude recevable, sur lequel on peut faire de la science.»
Ou tant que la demande est là, faut pomper le fric ou il est
L'habit ne fait pas le moine ...
Le chercheur déplore la quasi absence des études scientifiques menées sur le sujet
Ben y a les Bourguignons
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