@ Remundo:
Ok, je reconnais avoir fait un contresens sur le terme "corpulence", il est bien évident que pour un même indice de poids corporel, le poids augmente lorsque la taille augmente (j'espère que mon interprétation est correcte cette fois). Je reconnais également l'influence de la diversité alimentaire et l'effet favorable d'un apport modéré en protéines, toutefois, le facteur de l'effort physique à l'adolescence méritait d'être souligné car il est négligé par certaines études.
Pour ce qui est de l'obésité, avoue qu'il était tentant de comparer une situation antérieure où prévalait un déséquilibre alimentaire par défaut, à la période actuelle où le déséquilibre s'inverse par excès et où l'on compte parmi les adultes de + de 15 ans, 26% qui sont en surpoids et 8,3% qui sont carrément obèses (il faudrait rajouter les enfants de + en + touchés par ce phénomène). Un vrai problème de santé publique qui a/aura des répercutions sur la durée de vie moyenne.
Bien qu'il ne s'agisse pas là d'un raisonnement, je ne peux m'empêcher de comparer symboliquement cette adiposité morbide (morbide au sens médical) individuelle et collective, à la boulimie de notre modèle économique qui dans le même temps qu'il crée les conditions de son expansion, engendre les conditions de sa perte. Même des économistes orthodoxes comme Patrick ARTUS commencent à avoir de sérieux doutes!
"OK pour les rapports Nord Sud et les profits, on tourne en rond, tu ressers du réchauffé, très bien écrit, mais réchauffé…comme je le dis, les pays du Sud seraient encore plus miséreux sans les échanges actuels, aussi imparfaits puisse-t-on les considérer."
Certes, il ya plusieurs manières d'accommoder un plat, mais les ingrédients de base resteront les mêmes. Il semble que pour toi, la période coloniale étant close, tu te satisfasses d'une indépendance formelle et néglige ce qu'implique la notion de néo-colonialisme.
Ce qui me semble important c'est de constater que les états se livrent une guerre économique, que c'est la violence qui domine les relations géopolitiques et que, dans ces conditions il n'est pas possible de parler de développement ou de co-développement: il ya contradiction frontale. Cette contradiction résulte de ce que ce qu'on appelle le "développement", est, par nature,
inextensible puisqu'il se fait principalement en parasitant d'autres pays. Ce qui le montre bien, c'est que ce qui était proposé comme un idéal pour toute la planète n'a pas fonctionné et entraine même aujourd'hui des effets de
feed back négatifs dans les pays du nord, qui sont peut-être en voie de sous- développement.
"Cela ne changera pas tant que ces pays resteront aussi peu nourris, éduqués, et donc démocratiquement et technologiquement développés"
Ca fait beaucoup de conditions à remplir! J'avoue ne pas comprendre le sens de ta phrase…
Il existe un pays où les gens ont suffisamment à manger (un peu juste tout de même!), où le niveau d'instruction est d'un très bon niveau. Bon, question démocratie ça n'est pas vraiment ça (mais c'est facile de trouver pire) et pour la "technologie", il faudra sûrement attendre très, très longtemps: c'est Cuba.
Il existe d'autres exemples, comme le Bhoutan qui vient de passer d'une royauté (débonnaire) à la république, et qui ne ressent pas l'envie ni le besoin de "développement".
Un contre-exemple de développement: dans la période qui a suivi la guerre, les Etats-Unis ont financé l'industrialisation des Philippines, dirigée alors par le dictateur Marcos, pour faire contre- poids à l'expansion communiste en Corée; une fois la guerre de Corée achevée et la situation se stabilisant, la Banque Mondiale a entrepris la désindustrialisation des Philippines.
Autre exemple: au Sénégal existait de nombreuses usines de décorticage (de riz); après l'adhésion enthousiaste des autorités sénégalaises au libéralisme et l'application du
Programme d'Ajustement Structurel imposé par le FMI et la BM, il n'en reste plus que quelques unes. Une autre conséquence a été le recours à l'importation massive de céréales, d'où la gravité de la conjoncture actuelle. Ce choix politique a entrainé une paupérisation des campagnes, mais ce n'est pas cela qui préoccupe le président Abdoulaye Wade (Cf mon post précédent): il sait que les paysans ne bougerons pas, mais que la hausse du prix des céréales va provoquer le mécontentement des gens des villes qui étaient jusqu'ici relativement avantagés par l'importation de riz asiatique bon marché. A bien y réfléchir il peut sembler curieux que dans une situation de pénurie alimentaire les gens des campagnes ne s'en tirent pas mieux que ceux de la ville: à la raison précédente s'ajoute l'extrême dénuement des paysans qui n'ont pas le strict minimum pour cultiver (parfois même pas de terre!).
C'est étrange que dans la déclaration à laquelle je faisais précédemment allusion le président parle du café, son pays n'en produisant pas, probablement un effet de style?
Pour ce qui est de nourrir les pays que tu cites, j'ignore précisément ce qui peut marcher, en revanche je sais très bien ce qui ne marche pas: des transferts de techniques agricoles efficaces au nord ne donne rien là-bas car les données agronomiques sont fondamentalement différentes (climat, sols…). En outre, cette approche ne correspond pas aux facteurs socio-économiques du sud. Les débauches de "technologies" finissent en "éléphants blancs"… Elles ne correspondent ni aux possibilités de ces pays ni à la volonté des pays potentiellement prestataires…En admettant cette possibilité, et en admettant que ça fonctionne, l'autarcie alimentaire serait obtenue au prix d'une dépendance technico-économique.
A priori, les solutions,
qui ne relèvent pas uniquement de questions techniques, doivent être avant tout locales, modestes, à la portée des populations. Ca me semble les seules pistes viables pour une autarcie réelle. Des ONG pourraient facilement vulgariser des méthodes inventées ou utilisées par des paysans d'autres pays, méthodes qui permettent de cultiver en conditions très sèches; par exemple des variétés de plantes résistantes ou peu gourmande en eau, ou bien l'utilisation du BRF, comme au Burkina-Faso… Bien sûr, il ne faut pas se leurrer, tout ce que j'évoque ne peut avoir qu'un impact limité sans l'adjonction de réformes structurelles, mais même avec cette réserve, humainement, ça vaut le coup.
"Les bibliothèques, c'est une arme d'instruction massive, certes, mais n'est pas une arme de construction massive. "
Ca me fait penser à une citation d'Audiard qu'un de mes amis affectionne:
"Deux cons qui marchent font plus de chemin qu'un intellectuel assis", mais comprenant le danger, il prend soin d'ajouter "mais il vaut mieux savoir où l'on va". Nous aurons l'occasion d'y revenir plus en détail.
Pour ce qui est de mon pessimisme, je le qualifierais de substantiel quoique raisonnable, j'y puise même un certain optimisme. Ou alors, avec moins de modestie, de lucidité (au moins d'une certaine dose)… A tout problème correspond généralement (mais pas toujours!) une quantité de solutions possibles dont la plupart sont franchement mauvaises et quelque(s) une(s) acceptable(s). Le drame c'est que ces dernières sont rarement facilement discernables…
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