Je prends le train en marche, mais je ne peux pas ne pas réagir aux propos de Raimundo, non pour le stigmatiser, mais parce qu'il expose des poncifs trop répandus. Gesix et Bibifoc ayant déjà répondus, je voudrais seulement essayer de compléter leurs propos.
Tu veux certainement parler du café, cacao etc, notamment en Côte d'Ivoire. Cela n'a pas généré de famine, mais de la misère économique et des troubles politiques, oui. Mais ces pays sont bien libres de diversifier leurs productions pour ne pas se mettre sous le joug du marché. La monoculture purement exportatrice est une mauvaise stratégie... Je le redis, ces pays ont leur LIBRE ARBITRE. Et s'ils mettent des présidents verreux à la tête de leur Etat, c'est leur problème. Au cas où tu n'es pas au courant, la décolonisation remonte en gros à 40 ans en arrière...
D'abord un petit distinguo entre famine et malnutrition: la famine résulte de circonstances particulières, comme un conflit armé, une anomalie météorologique (tornade, inondation...) ou des invasions de sauterelles; la malnutrition est une insuffisance et/ou un déséquilibre alimentaire, moins spectaculaire, c'est pourtant le plus répandu. Contrairement à ce qui est affirmé dans la citation c'est la misère qui est la cause principale de la malnutrition.
Le mécanisme est simple à comprendre et d'une redoutable efficacité: encourager les cultures de rente (d'exportation), c'est réserver les meilleures terres à cet usage, chasser les petits paysans pour agrandir les exploitations. Une fois partis rejoindre les bidonvilles des agglomérations ces gens deviennent tributaires de l'argent pour se procurer de la nourriture qu'ils ne peuvent plus produire eux mêmes.
Dans la perversité, il y a encore plus fort:
la dette. Les pays du nord ont consentis des prêts aux gouvernements africains (très souvent mis en place par les pays occidentaux) en échange d'engagements précis. Je résume: l'idée c'est que les pays africains fournissent aux états du nord des produits agricoles et miniers et achètent les produits du nord. Là où ça coince c'est qu'il y a dissimétrie dans les termes de l'échange (comme il y a dissimétrie dans les rapports de force): les cours du cacao sont, par exemple, cotés à la bourse de Chicago. Bref, la Banque Mondiale impose ce qu'elle veut à ces pays, notamment de renoncer à créer leurs propres industries et, au contraire, à exporter toujours plus de matières de base afin de renbourser les intérêts de la dette: ce sont les pays appauvris* qui payent indéfiniment les pays riches!
Comble de malheur, les excédents agricoles subventionnés
et bradésviennent concurrencer la production locale, accélérant la ruine des petits producteurs locaux. Et, les gouvernements du sud,dans la mesure où ils le souhaiteraient, ne peuvent élever des barrières douanières en vertu des accords signés. C'est ce que l'on appelle du néocolonialisme = colonialisme sans les frais de l'administration du pays!
Même l'aide alimentaire d'urgence, dont on parle en ce moment, peut être un vrai pavé de l'ours!
* je parle de pays appauvris, car si les africains sont majoritairement pauvres
leur pays est riche.