sicetaitsimple a écrit :Une réponse un peu brutale serait de dire que si tu as 3 équidés c'est normalement pour ton plaisir et que tu te démerdes pour les alimenter.
Je ne comprends pas cette remarque !... Comme d'autres ont des chats, des chiens et des poissons rouges (j'ai d'ailleurs aussi chien, chats et poissons rouges), j'ai des équidés depuis des dizaines d'années. Ca a été mon métier pendant des années, et ça l'est encore ponctuellement, et forcément je les nourris comme il se doit. Récupérer des denrées alimentaires invendues lorsque l'occasion se présente pour améliorer leur quotidien et leur faire plaisir est un plus.
Ensuite qu'effectivement c'est un énorme problème de "répartir" d'une façon "équitable", en fonction des véritables besoins, des invendus périssables, si tu as une solution elle est la bienvenue.
Ce n'est pas l'objet de mon commentaire : il n'y a pas d' "équité" dans ma réflexion mais le constat d'incohérences d'un système en commençant par une loi qui interdit plutôt que de réfléchir au dysfonctionnement et proposer des recommandations ou des aides qui favorisent une solution.
Mais il est vrai, pour la défense de la Secrétaire d'Etat Brune Poirson, que cette loi a été motivée par de récentes affaires médiatisées où des grandes marques de vêtements détruisaient sciemment des collections entières car la nouvelle collection venait d'arriver. La loi a été étendu aux commerces alimentaires mais les contraintes ne sont pas les mêmes : l'alimentaire impose des délais très courts, voire le respect rigoureux de la chaîne du froid ou le stockage en un lieu adapté.
Le commerce alimentaire génère des invendus et du gaspillage, et c'est un fait contre lequel on ne peut pas faire grand chose à part essayer mieux anticiper.
Par exemple, ma boulangère m'expliquait que le temps jouait beaucoup sur le comportement des clients, mais aussi d'autres paramètres difficilement gérables. Par exemple, à l'occasion d'un événement local annoncé (marché, vide-grenier, fête, animation sportive, etc), le boulanger prépare plus de pain qu'à son habitude... et puis, contre toute attente, il y a moins de clients... Le surplus de pain produit part à la benne, et les quantités peuvent atteindre des volumes conséquents. Il y a aussi des erreurs, par exemple trop ou pas assez de cuisson, qui font que des quantités astronomiques d'un produit n'est pas vendu car ne correspondant pas aux critères de l'enseigne.
De même pour les commerces de fruits et légumes : certaines denrées sont conditionnées en sac de plusieurs kg, par exemple les pommes, les carottes, et si une pomme ou une carotte est abîmée dans le sac, tout part à la benne car c'est trop long d'ouvrir le conditionnement, retirer le fruit ou le légume abîmé, vérifier les autres, reconditionner en refaisant le poids vendu indiqué ou refaire l'étiquetage.
Pour des denrées vendues quelques €, le temps passé par un employé à faire cette tâche n'est pas rentable, donc c'est plus rapide et plus économique de prendre le sac qui contient 1 denrée abîmée et de le jeter.
Qu'enfin, il me parait vraiment mal venu de jeter la pierre plus ou moins directement aux opérations de collecte alimentaire à la sortie de supermarchés, collectes assurées par des bénévoles et dont le tri et la répartition sont également effectués par des bénévoles et qui font une partie substantielle des "intrants" des "banques alimentaires" diverses type restau du coeur ou autres.
Ce n'est pas non plus l'objet de ma remarque que de jeter la pierre à quiconque. Je ne cherche pas un "coupable" mais je constate des incohérences, en particulier au niveau du législateur qui fait une loi mais qui ne peut être appliquée correctement par tous les concernés.
Ceci dit, j'ai aussi des anecdotes qui traduisent encore un égoïsme qui n'a plus sa place aujourd'hui.
Par exemple, une chaîne de boulangerie connue m'a répondu qu' "ils ne donnaient pas les invendus car ça faisait mauvais genre et préférait les jeter"...
Ou une autre fois, alors que je demandais s'il y avait des invendus, on m'a demandé "Pour quoi faire ?". Quand j'ai dit que c'était pour des animaux, on me les a donnés en me disant : "Pour des animaux c'est d'accord, mais pas si c'est pour des gens"... Comme quoi, mes animaux de compagnie ont des avantages que les êtres humains nécessiteux n'ont pas.
Et je précise d'ailleurs que je trie la nourriture qu'on me donne, et ce qui est visiblement consommable, je l'amène à un centre d'accueil pour SDF... en toute illégalité mais avec le remerciement des responsables qui préfèrent avoir des bons produits alimentaires invendus même s'ils ne suivent pas la procédure légale...
Plus simplement, l'état aurait pu aider les communes, les (petits) commerces ou les associations caritatives à s'organiser pour mettre en place un système de recyclage des invendus. Chacun dans ce système a ses contraintes : certaines commerces n'ont pas le temps, pas le personnel, ni la place pour stocker leurs invendus, les associations n'ont pas la logistique pour faire le tour des commerces le soir pour récupérer les invendues, les communes ont d'autres soucis, etc. Comme je le disais, les seuls commerces qui arrivent à réagir ce sont surtout les grandes surfaces, et certaines le font, mais surtout pour des raisons d'avantages fiscaux. Et pour les grosses associations caritatives, il est plus simple d'envoyer un camion récupérer de gros volumes de denrées diverses dans une grande surface que de faire le tour des petits commerces.
On a d'ailleurs déjà souvent évoqué un autre détail : comptablement il est plus intéressant et plus simple de jeter que de donner !
Mais peut-être que la nouvelle loi a changé ce détail ?...