Le declin des abeilles ne touche pas tous les pays, selon les chiffres de la FAO, Le Monde, 11/05/09 Gaelle Dupont
Le nombre de colonies d'abeilles domestiques presentes a la surface du globe a augmente de 45 % depuis 1961. Ce chiffre, publie jeudi 7 mai par la revue Current Biology, peut surprendre, au moment ou les apiculteurs recensent des mortalites importantes dans leur cheptel, et ou la mobilisation scientifique et politique autour de cette question prend de l'ampleur.
Pour parvenir a ce resultat, le chercheur argentin Marcelo Aizen et son collegue canadien Lawrence Harden ont utilise les statistiques de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO). Ces chiffres temoignent d'une evolution tres contrastee du cheptel apicole mondial : la baisse constatee aux Etats-Unis et dans certains pays d'Europe est compensee par une hausse importante en Chine, en Argentine et au Canada.
"Les tendances enregistrees aux Etats-Unis et en Europe ont ete tres mediatisees, releve M. Aizen, mais la realite est heterogene. Le declin des abeilles n'est pas un phenomene mondial, et on ne peut pas parler de crise de la pollinisation au niveau global."
Cette conclusion ne remet pas en cause l'existence de "veritables problemes biologiques dans certains pays, mais souligne que les solutions devraient etre trouvees au niveau local et non global".
Crise de la pollinisation
L'etude presente l'interet d'analyser les seuls chiffres disponibles a l'echelle mondiale, mais ses conclusions doivent etre nuancees, selon Bernard Vaissiere, qui dirige le laboratoire de pollinisation et ecologie des abeilles a l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) d'Avignon. "Il faut avoir conscience des limites des statistiques de la FAO, qui reposent sur les donnees fournies par les pays, affirme-t-il. Or, meme au niveau national, nous avons le plus grand mal a disposer de donnees fiables."
Principal biais : lorsque des apiculteurs perdent une partie de leur cheptel, ils remplacent les colonies mortes. Si le recensement est effectue apres cette operation, les pertes n'apparaissent pas. Les lacunes statistiques sont un probleme connu des specialistes de l'abeille. Par ailleurs, les chiffres de la FAO ont deja ete contestes dans d'autres domaines : les donnees fournies par la Chine en matiere de peche sont, par exemple, surevaluees.
Selon les auteurs, l'augmentation globale du cheptel apicole est principalement "tiree" par la hausse de la demande mondiale de miel. "Les abeilles elevees exclusivement pour la pollinisation (des cultures) representent une proportion mineure", affirment-ils. Des facteurs economiques peuvent expliquer la baisse du nombre de ruches dans certains pays : "Les pays producteurs se concurrencent, et il peut etre plus rentable d'importer du miel que d'en produire", analyse M. Aizen.
Les chercheurs n'ecartent pas l'hypothese d'une future crise de la pollinisation. Si le stock global d'abeilles a progresse depuis 1961, la fraction de productions agricoles entierement dependantes des abeilles pour la pollinisation a augmente de plus de 300 % dans le meme temps. "Cette augmentation rapide pourrait entrainer des problemes de pollinisation pour ces especes et les especes avoisinantes", ecrivent les scientifiques.
http://abonnes.lemonde.fr/planete/artic ... id=1191552
Source : Current Biology
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http://www.cell.com/current-biology/abstract/S0960-9822(09)00982-8