Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue

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Moindreffor
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Moindreffor » 05/10/18, 08:11

Ahmed a écrit :Qu'en tant qu'agronome tu portes un jugement sévère sur P. Rabhi et c'est cohérent avec tes connaissances, mais ton indulgence pour l’aspect philosophique du personnage ne découle, à mon sens que d'une insuffisante formation en cette discipline. Le succès de ce "paysan" médiatique résulte, à mon avis, du côté parfaitement inoffensif de ses propos: en se limitant à une révolution intérieure, il sert très précisément les intérêts de ce qu'il prétend combattre.
Dans la société du spectacle, il prend le contre-pied fallacieux et symbolique des outrances de la société industrielle et offre ainsi un antidote illusoire à tous ceux qui en souffrent.

P.S.: Ceci dit, je ne partage pas pour autant entièrement l'analyse de J-B Malet, notamment lorsqu'il s'appuie sur les Lumières ou le Progrès pour condamner P. Rabhi...

je me laisse à penser que Didier ne veut pas basculer dans le côté "mystique" du personnage,
- ne plus se baser sur des savoirs ou des expérimentations mais rester sur le seul niveau des convictions
- recentrer son discours non plus sur son potager mais sur sa personne
- ne pas faire évoluer son discours car il ne sera pas aller plus loin dans sa réflexion initiale

chaque période recherche son personnage et si le potager du paresseux à tant de succès c'est bien parce que l'Homme est paresseux par nature, et donc quand on a trouver le bon personnage on exploite à fond le filon, surtout si le dit personnage sait exploiter sa propre exploitation médiatique

dans l'audiovisuel on connaît bien les marronniers, que les politiques s'emparent du personnage, rien de plus naturel, puisse que lorsqu'on bascule dans la croyance, on s'abstrait de toute critique puisqu'on n'a plus rien à prouver...
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 05/10/18, 09:09

Ahmed a écrit : Le succès de ce "paysan" médiatique résulte, à mon avis, du côté parfaitement inoffensif de ses propos: en se limitant à une révolution intérieure, il sert très précisément les intérêts de ce qu'il prétend combattre.


Tu sais que je me situe dans un registre de pensées "non révolutionnaires". Je ne pense pas que sur terre, l'utopie d'une société "idéale" puisse voir le jour. Je pense qu'il vaut mieux que 1 million de personnes "bougent un peu", plutôt que trois idéalistes fassent leur "révolution" dans leur coin - ou fassent des propositions radicales que 999 995 personnes rejettent. Dès lors, la réflexion autour de la "décroissance heureuse" est, pour moi, une vision intéressante même si - ou peut-être justement parce que - non radicale, non absolue.

Cette façon de voir les choses n'a rien d'exaltant, je l'admets. Mais on sait où finissent les exaltés. On peut toujours rêver qu'un jour naitra l'exalté intègre et bienveillant qui changera le monde. Le "Christ" du 21ème siècle. Et cela finira quand même en Eglise qui niera ses travers comme le Vatican a longtemps nié la pédophilie.

Cela n'est en rien prouvé. J'exprime juste ma conviction.

Sur ce point, je m'expose donc à la même critique que celle qu'on peut faire à Pierre Rabhi [et toute une flopée de penseurs "non révolutionnaires"].

Mais tu l'as dit, je suis un mauvais philosophe, insuffisamment formé. Et sans doute pas assez brillant pour bien philosopher par moi-même. Mais n'étant pas très brillant, sans doute ne vais-je pas aveugler grand monde ? Ce qui me convient parfaitement ! C'est ainsi que je veux mourir : médiocre !
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 05/10/18, 09:16

Moindreffor a écrit :je me laisse à penser que Didier ne veut pas basculer dans le côté "mystique" du personnage,
- ne plus se baser sur des savoirs ou des expérimentations mais rester sur le seul niveau des convictions
- recentrer son discours non plus sur son potager mais sur sa personne
- ne pas faire évoluer son discours car il ne sera pas aller plus loin dans sa réflexion initiale

chaque période recherche son personnage et si le potager du paresseux à tant de succès c'est bien parce que l'Homme est paresseux par nature, et donc quand on a trouver le bon personnage on exploite à fond le filon, surtout si le dit personnage sait exploiter sa propre exploitation médiatique

dans l'audiovisuel on connaît bien les marronniers, que les politiques s'emparent du personnage, rien de plus naturel, puisse que lorsqu'on bascule dans la croyance, on s'abstrait de toute critique puisqu'on n'a plus rien à prouver...


Pas sûr d'avoir compris à 100 %.

Je rajoute juste un point : je suis allergique à toute forme de "mysticisme institutionnalisé" - c'est-à-dire aux religions.

Pour résumer, même si c'est un peu brutal, donc excessif : "je suis contre toutes les religions, mais je respecte toutes les fois".

Je vois beaucoup de "religieux" dans ce qui se dit / s'écrit sur internet, se "professe" sur Youtube, y compris et tout particulièrement en ce qui concerne le jardinage !

[Peut-être est-ce là que je le vois perçoit le mieux ; mais "l'orthorexie" - comment bien se nourrir - est un autre filon riche ; je suis resté scotché, dans le dernier salon du bine-être où j'ai fait une conférence, devant l'affiche d'un extracteur de jus qu clamait que c'était le top - je ne me souviens plus, mais il était question d'énergie, de revitaliser, etc... Fondamentalement, un extracteur est une machine à appauvrir de la biomasse et de la priver d'une partie de ses atouts - fibres, vitamines et minéraux contenus dans l'extrait sec, glucides, protides, lipides non extraits, etc... On "assassine" le microbiote intestinal, qui a besoin de fibres, et dont on commence juste à découvrir les vertus. Une idiotie donc, si ce n'est que c'est agréable ! Souvent joliment coloré. Il me parait évident que notre organisme s'est génétiquement organisé, formaté, au cours de l'évolution, alors que n'existait aucun extracteur - le "chasseur-cueilleur", dont nous héritons des gènes, avait bien trop de mal à trouver sa nourriture pour ne jeter la partie la plus nutritive !]
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par stylo67 » 05/10/18, 09:20

Ahmed a écrit :Qu'en tant qu'agronome tu portes un jugement sévère sur P. Rabhi et c'est cohérent avec tes connaissances, mais ton indulgence pour l’aspect philosophique du personnage ne découle, à mon sens que d'une insuffisante formation en cette discipline. Le succès de ce "paysan" médiatique résulte, à mon avis, du côté parfaitement inoffensif de ses propos: en se limitant à une révolution intérieure, il sert très précisément les intérêts de ce qu'il prétend combattre.
Dans la société du spectacle, il prend le contre-pied fallacieux et symbolique des outrances de la société industrielle et offre ainsi un antidote illusoire à tous ceux qui en souffrent.

P.S.: Ceci dit, je ne partage pas pour autant entièrement l'analyse de J-B Malet, notamment lorsqu'il s'appuie sur les Lumières ou le Progrès pour condamner P. Rabhi...


Tiens Didier et Ahmed, Mr Rabhi n' était pas loin de chez toi hier(pour Didier Colmar et Sundhouse) il donnait des conférences notamment dans une école, ci-après extrait des DNA où il revient sur l'article du Monde:
Rencontre-débat sur le thème « Conversations pour la Terre et les Hommes », avec Pierre Rabhi et Jacques Lecomte (docteur en psychologie), jeudi 4 octobre à 20 h 15 au parc des expositions de Colmar, organisée par Les Jardins de Gaïa .




Je ne me suis jamais inscrit dans ce système qui voudrait qu’on travaille durant une certaine période pour s’arrêter ensuite et aller mourir. Pour moi, c’est un système carcéral : de la maternelle à l’université, nous sommes enfermés, nous travaillons dans des « boîtes », on va s’amuser « en boîte », on y va dans sa « caisse », puis on nous met dans une « boîte à vieux » en attendant de reposer dans une dernière boîte. C’est ça la liberté ? Onze mois de coma et un mois de réanimation ? !

« Je me considère comme « milliardaire », pas en argent, mais en valeurs»

Les gens ne profitent pas de ce que la vie leur donne gratuitement. La nature est généreuse en matière, en nourriture, en beauté… Mais les gens sont incarcérés, hors-sol et ne profitent pas du tout de cette générosité. Ils ont des besoins sans cesse réactivés et une insatiabilité « dynamique », sans contentement. Moi je me considère comme « milliardaire », pas en argent, mais en valeurs : je vis dans un lieu magnifique où je peux admirer les levers et les couchers de soleil, la voûte céleste, les montagnes cévenoles, j’ai à manger, un toit. Pour moi, la vie c’est ça ! Le vrai luxe, c’est le contentement, se rendre compte de ce que l’on a. Je ne me pose pas du tout en exemple, mais je crois profondément qu’une vie humaine n’est pas faite pour produire du produit national brut et servir une croissance économique illimitée.

Trouvez-vous qu’on prête une oreille plus attentive à vos idées aujourd’hui ?

Oui car nous sommes en période de crise. Qui est assuré aujourd’hui du lendemain ? Personne ! Nous ne maîtrisons plus le système que nous avons créé qui produit de l’exclusion, du chômage, de la désespérance. Notre société génère beaucoup de souffrance, les gens consomment des anxiolytiques et du divertissement car il leur manque la joie de vivre. Des budgets considérables sont consacrés à la mort plutôt qu’à la vie. On pourrait consacrer l’argent investi à aller sur la Lune pour sauvegarder notre planète, reboiser, lutter contre l’érosion, éviter les pollutions, sauvegarder les variétés de semences en train de disparaître, etc. L’idée de sobriété heureuse a cependant fait son chemin. Lorsque j’ai sorti le livre Vers la sobriété heureuse , l’éditeur l’avait classé dans la catégorie « essai », dont les ventes plafonnent en principe à 3 000 ou 4 000 exemplaires. Or j’en suis aujourd’hui à 350 000. Les gens se rendent compte que l’abondance sans joie ne sert à rien.

« L’écologie n’est pas un parti, mais une conscience »

« Sage de l’Ardèche », « prophète », « Gandhi ardéchois »… Que pensez-vous des qualificatifs qui sont parfois utilisés à votre sujet ?

Cela m’agace, je ne suis pas un saint. Je ne me sens pas sage non plus, mais simplement vivant.

Le journaliste Jean-Baptiste Malet a publié dans Le Monde diplomatique un article très critique sur ce qu’il appelle « le système Rabhi ».


Pauvre garçon, il a voulu se faire connaître, se faire remarquer. Il est venu à la maison, introduit comme un loup dans la bergerie par un ami qui lui a fait confiance. Il est resté un petit moment, mais ne m’a pas posé la moindre question. Il a ainsi pu justifier qu’il m’avait rencontré. Il s’est ensuite construit son propre fantasme, agrégeant des données rassemblées çà et là, ne retenant exclusivement que des éléments à charge. Il s’en est pris à « Pierre Rabhi », en passant à la trappe ce qu’a été mon parcours, sans par exemple évoquer mon action au Burkina Faso au début des années 80, où j’ai œuvré à la diffusion de l’agro-écologie auprès des paysans les plus pauvres pour lutter contre la famine.

Tout ce qui relève du spirituel lui donne de l’urticaire, il m’a donc classé parmi les « obscurantistes ». J’ai été très choqué, abasourdi que Le Monde diplomatique lui ouvre ses colonnes sans que moi je puisse m’exprimer.

Mettez-vous à ma place : on me dénigre, il faut quand même qu’on me laisse la possibilité de me défendre. Beaucoup de mes amis se sont indignés et je vous invite à lire la tribune que Fabrice Nicolino a consacrée à cette affaire sur le site « Planète sans visa ». Il connaît mon travail depuis des années.

Jean-Baptiste Malet estime que, à partir du constat que vous faites de la nécessité absolue d’organiser la transition écologique, vous négligez le rapport de force nécessaire à une véritable transformation sociale, vous dépolitisez les enjeux.

L’écologie n’est pas un parti, mais une conscience. Faute d’avoir une écologie consciente, nous avons eu l’écologie politique. Or, l’écologie est l’élément qui constitue la vie, il ne s’agit pas d’une question politique, même si mon ami Hulot s’y est impliqué, avec les résultats que l’on sait…

Créer une « nouvelle ruralité »

La transition écologique est en train de s’opérer par la société civile qui est devenue un magnifique laboratoire où s’expérimentent énormément de choses dans tous les domaines : l’éducation, l’agriculture, l’énergie… La politique aujourd’hui est entièrement vouée au système productiviste et à la concurrence entre les nations. Cette concurrence est destructrice, les plus riches détruisent les plus pauvres en pillant leurs ressources, avec la complicité de chefs d’État corrompus.

On ne peut rien faire au plan général. J’ai choisi d’agir en organisant ma propre vie en fonction des valeurs qui me paraissaient justes. C’est ce que nous avons fait avec mon épouse en 1961, lorsque nous avons décidé de notre « retour à la terre ». Je vis en cohérence avec mes valeurs, j’essaie de les incarner. Je ne cherche pas à convertir le monde. Je ne suis pas un théoricien, j’ai simplement démontré qu’il était possible de vivre sobrement. Lorsque nous nous sommes installés en Ardèche, c’était pour la beauté du lieu. Il n’y avait ni électricité, ni téléphone, ni eau courante, la terre était rocailleuse… On voudrait changer la société sans nous changer nous-mêmes ? Ça ne peut pas marcher.

Pour ma part, je prône la performance par la simplicité, et non par la complexité : si nous voulons manger à notre faim, il faut qu’on s’occupe de la terre. Tous les pays qui ont négligé la terre finissent par le payer très cher. C’est le cas du Venezuela actuellement et c’est le risque en Algérie qui, parce qu’elle a du pétrole, importe massivement des produits alimentaires. En France, nous avons des producteurs-agriculteurs de protéines de toutes sortes, et non plus des paysans.

À l’avenir, le modèle antagoniste de villes surpeuplées et de campagnes désertifiées ne sera plus tenable. Il faut créer une « nouvelle ruralité » pour un nouvel équilibre entre ces deux mondes. C’est l’idée du concept des « Oasis en tous lieux » que j’ai lancé dans les années 90, des endroits proposant des alternatives au mode de vie dominant et visant une autonomie fondée sur la Terre nourricière, la pluriactivité et les échanges favorables à la reconstitution du lien social et à la coopération ville-campagne.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Moindreffor » 05/10/18, 09:27

je voulais dire simplement que tu ne voulais pas devenir un prêcheur et que l'on recherche comme tu le dis le Christ du XXIème siècle et que lorsqu'on pense en avoir trouvé un, ben on exploite le filon surtout lorsque l'image va avec le discours et l'époque

et que le culte de ta personne n'est pas non plus ta façon d'être
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 05/10/18, 10:17

Et cela n'est pas simple. Car cela se fait "à l'insu de ton plein gré".

Donc je pense que Pierre Rabhi, à l'insu de son plein gré, est "embarqué" dans des choses qui ne sont pas nécessairement "raccord" avec sa philosophie. Je ne suis personnellement pas choqué à l'idée qu'il soit "rémunéré" 2 000 euros par conf. C'est le tarif pour les conférenciers à forte notoriété et ayant écrit des livres tirés à des centaines de milliers d'exemplaires.

A noter que les droits d'auteurs, à raison d'environ 1 euro par livre (car j'imagine - je dis bien j'imagine - que ces auteurs connues négocient davantage que les 6 ou 7 % que je perçois - et qui font déjà une petite somme), sont donc de l'ordre de centaines milliers d'euros... Je ne sais pas ce qu'il en fait. Sans doute cela rentre-t-il dans ses "projets".

Rien n'est jamais tout blanc. Ni Rabhi. Ni moi. Ni Malet (il est évident qu'égratigner Pierre Rabhi peut laisser espérer une notoriété au moins passagère et une présence médiatique qui se traduira dans les chiffres des ventes accrues des livres qu'on a écrit...).

Rien n'est jamais tout noir...

Une des difficultés quand la notoriété croît est de ne pas se laisser aveugler par les "bigots" qui colportent de vous une image de personne toute pure, toute blanche.

Ni de se laisser maltraiter par les jaloux, ou les gens en mal de notoriété, qui vous présentent comme une "brebis noire"...

Donc rester conscient qu'on est un peu les deux à la fois. Plus ou moins l'un. Plus ou moins l'autre, selon le moment. Fallait-il poster des vidéos sur Youtube et alimenter un système que par ailleurs, je réprouve férocement ??? Fallait-il publier un livre chez un éditeur faisant partie d'un groupe "capitaliste" et me faire rémunérer pour cela ??? Faut-il "demander" 150 à 250 euros + frais de déplacement pour mes conférences [montants négociables si l'association n'a pas les moyens - j'en fait encore quelques-unes gratuitement ou pour le "chapeau" - ce que les gens veulent mettre]. Voilà mes faces noires ! J'ai estimé que c'était le prix à payer (philosophiquement parlant) pour que plus de gens aient l'occasion de réfléchir à leur façon de jardiner... Et que c'était un complément de revenu apprécié compte-tenu d'une retraite modeste (notamment en raison de mes 4 années sans statut passés en Afrique) - donc quelque part, une "compensation" pour cette "mission" faite pour vivre en accord avec mes idées, mais que je paye, à mon goût, trop cher [pour bien comprendre, malgré ma carrière de cadre poar ailleurs, le cumul de mes retraites toutes complémentaires confondues est de quasiment 1 500 euros nets].

Pour ma part, cette relative "noirceur" ne m'empêche pas de faire des conférences : les contacts qui suivent me "prouvent" que j'apporte quelque chose à la réflexion de la majorité des gens présents, même quand ils ne me comprennent pas à 100 % (parce que je suis trop compliqué).

Cela me suffit. Mais je peux me faire "allumer" par un idéaliste vivant dans on tipi ! Qui, de son point de vue, aurait raison ! Mais devrait admettre qu'isolé, il n’apporte pas grand chose à la réflexion jardinière des gens... Sa face noire à lui.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Ahmed » 05/10/18, 10:35

Did, tu écris:
Tu sais que je me situe dans un registre de pensées "non révolutionnaires".

On peut entendre "révolutionnaire" de bien des façons et, certes, un renversement (ce que signifie étymologiquement ce mot) du pouvoir sans compréhension profonde des causes réelles de la crise ne ferait que lui substituer d'autres dominants (éco-tartuffes? Mais la place risque d'être déjà occupée!); de ce point de vue je te rejoins complètement.
En ce qui concerne la "sobriété heureuse", loin de moi l'idée de la dénigrer, sauf à remarquer que si c'est une condition nécessaire, elle est loin d'être suffisante et que si l'on prône simplement ce mode de vie minimaliste dans le seul dessein de réduire notre nuisance à l'intérieur d'un système qui vise à exactement l'inverse, on ne fera que déplacer le gaspillage: ce que je ne consommerai pas sera disponible pour ceux qui entendent se conformer le plus possible au modèle dominant...*
Notre société raffole de spectacles qui la tire de son ennui ou produit, comme le phénomène Rabhi un effet cathartique apaisant, mais toujours avec cette idée de procuration: c'est celui qui incarne les désirs ou les regrets qui substitue ses paroles ou ses actes aux nôtres. Rabhi représente l'archétype imaginaire du paysan tout à fait propre à combler les manques psychiques du citadin aux prise avec la modernité.

* Il faut d'ailleurs remarquer que l'efficacité énergétique n'est nullement en contradiction avec ce système de l'ultra consommation: ce qui sera gagné par l'isolation des maisons ou une meilleure conception des déplacements sera utilisé ailleurs et ne se traduira nullement par une diminution globale de la consommation. La preuve en est que l'efficience appliquée à la production de marchandise ou dans bien d'autres domaines n'a pas permis de constater d'inversion de tendance, bien au contraire.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Adrien (ex-nico239) » 05/10/18, 10:37

Did67 a écrit :Et cela n'est pas simple. Car cela se fait "à l'insu de ton plein gré".

Donc je pense que Pierre Rabhi, à l'insu de son plein gré, est "embarqué" dans des choses qui ne sont pas nécessairement "raccord" avec sa philosophie. Je ne suis personnellement pas choqué à l'idée qu'il soit "rémunéré" 2 000 euros par conf. C'est le tarif pour les conférenciers à forte notoriété et ayant écrit des livres tirés à des centaines de milliers d'exemplaires.



Tout à fait d'accord...

On croit que c'est l'individu qui crée sa légende en réalité il ne fait que professer ce à quoi il croit et ensuite le courant passe ou pas et la légende nait ou pas.

Si on avait la recette de la «légende» cela se saurait

Par ailleurs je trouve miraculeux que Pierre Rabhi ou toi ou Sélosse, Ducerf, Bourguignon et consorts soient «bankable»

Je préfère 100 fois que ce soit vous plutôt que les experts de Bayer ou Monsanto.

Et que l'on puisse gagner de l'argent avec de bonnes idées c'est vraiment rassurant pour le futur.

Espérons que le contraire sera vrai à savoir qu'on gagne de moins en moins d'argent avec de mauvaises idées.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 05/10/18, 11:29

Ahmed a écrit :
En ce qui concerne la "sobriété heureuse", loin de moi l'idée de la dénigrer, sauf à remarquer que si c'est une condition nécessaire, elle est loin d'être suffisante et que si l'on prône simplement ce mode de vie minimaliste dans le seul dessein de réduire notre nuisance à l'intérieur d'un système qui vise à exactement l'inverse, on ne fera que déplacer le gaspillage: ce que je ne consommerai pas sera disponible pour ceux qui entendent se conformer le plus possible au modèle dominant...*



Comme chaque fois, un échange plus loin, une ou deux précisions en plus, et on se rejoint... sans totalement se recouper ! [mais couper, cela fait mal !]

Car si je raisonne tout le temps "système" en ce qui concerne un système agraire, ou mon potager, le mot-valise "système" est à la fois commode, facile et "embrouillant" quand il s'agit de sociétés humaines (donc d'économie).

C'est quoi, un "système" économique, si ce n'est la résultante des actions de toutes ses composantes : des êtres humains (jusqu'aux limites actuelles des "intelligences artificielles" qui brouillent un peu la réflexion - nuance de taille !).

Si le système capitaliste est sans pitié avec les hommes et se fout de l'environnement, c'est que dans des technostructures des hommes humains le font fonctionner ainsi. Et même s'ils sont "manipulés", "dé-formés" comme on se plait à le souligner, ils le sont par... des hommes humains... Derrière l'école, derrière la pub, derrière le dernier Iphone, il y a - encore - des hommes. Derrière Amazon, il y a le roi du business Jeff Bezos. Et combien d'admirateurs a, ici même, un certain Elon Musk, même quand il pète un câble !!!

Et si le système communiste n'a jamais fonctionné nulle part à la satisfaction des hommes, c'est bien parce des hommes humains ont quelques défauts du genre "pourquoi travailler si je reçois autant en ne foutant rien", du genre "si je le lèche le cul aux dirigeants - du "système" - je serai récompensé, alors, en majorité, ils lèchent et se taisent"...

Dans ma façon de voir les choses, "système" est un foutoir derrière lequel des idéalistes peuvent se cacher pour espérer "l'abattre" (et devenir les nouveaux dirigeants qui dirigent des hommes humains qui leur lèchent le cul pour...). Abattre des hommes humains est plus difficile à assumer ! "Système" ne servirait-il pas juste à "blanchir" le crime ? Car c'est comme ça que cela finit (des Goulags aux khmers rouges, de Hitler à tel ou tel leader sud-américain ou africain...).

A quelques exceptions près.

Gandhi s'est fait assassiné.

Et Nelson Mandela, avec sa politique de la main tendue, est aussi critiquable qu'un Pierre Rabhi en ce qu'il a maintenu un système ! [qui maintenant, a d'ailleurs du mal à tenir !].

Tu l'auras compris, je m'interdis de raisonner avec la notion de "système". Trop facile à mon goût.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 05/10/18, 11:43

nico239 a écrit :
On croit que c'est l'individu qui crée sa légende en réalité il ne fait que professer ce à quoi il croit et ensuite le courant passe ou pas et la légende nait ou pas.

Si on avait la recette de la «légende» cela se saurait

Par ailleurs je trouve miraculeux que Pierre Rabhi ou toi ou Sélosse, Ducerf, Bourguignon et consorts soient «bankable»

Je préfère 100 fois que ce soit vous plutôt que les experts de Bayer ou Monsanto.

Et que l'on puisse gagner de l'argent avec de bonnes idées c'est vraiment rassurant pour le futur.

Espérons que le contraire sera vrai à savoir qu'on gagne de moins en moins d'argent avec de mauvaises idées.


On y contribue cependant, à la création de notre légende. Et on en reste responsable : nous avons les moyens et le pouvoir d'être aussi critique avec nous-même que nous le sommes avec les autres. Mais, reconnaissons-le, ce n'est pas facile ! C'est dans ce sens que je dis qu'on est responsable : en jouant tel jeu, on accepte tacitement ce qu'on veut nous faire porter. Si tu vas au Carnaval de Venise, tu acceptes de porter un masque - dont l'origine était de permettre un certain nombre de défoulements et d'abattre pas mal de frontières...

Pour ton deuxième point : oui, on peut aussi le voir comme ça, dans un monde où rien n'est tout noir !
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