K Schreiber (conf sur la fertilité du sol, sur leur chaîne Ver de Terre production) prétend que les études existantes ont toutes été faites sans les nourrir, or pour qu’elles fonctionnent elles ont besoin de carbone. Ce qui l’amène à dire qu’il est intéressant de faire des apports très carbonés, ce qui fait apparaître alors un facteur multiplicateur d’azote, par rapport à ce qui a été apporté. Ce qui laisse penser qu’il n’est pas grave de faire des apports avec un C/N élevé. - concernant les ions nitrates : toujours d’après Konrad - et il semblerait là que ce serait une révolution - les ions nitrates seraient néfastes pour les plantes, et il serait beaucoup plus intéressant d’avoir une nourriture riche en ions ammonium. Les engrais à base de nitrates seraient plutôt à proscrire... et dans cette perspective, une couverture très carbonée aurait l’intérêt de provoquer une recapture des ions nitrates pour les libérer ensuite en ammonium.Là, je suis beaucoup plus sceptique.
1) A ma connaissance, c'est l'ammonium qui est toxique. Pas les nitrates. A-t-il vraiment soutenu ce que tu as écrit ??? Auquel cas, cela discrédite tout ce qui suit !
Voir par ex :
https://www.pthorticulture.com/fr/zone- ... -ammonium/ou ici, bas de la page 2 :
http://moodle-ensat.inp-toulouse.fr/plu ... e_2011.pdfou :
http://hydroponie.fr/azote/2) A ma connaissance toujours, l'ammonium entre de façon passive dans les racines : si la concentration à l'extérieur est élevée, les ions entrent...
A l'inverse, les ions nitrates doivent être "pompés". On appelle "pompes" des mécanismes biochimiques actifs, consommateurs d'énergie. C'est une action de la plante.
3) A partir de là, mon interprétation est toute autre !
Si le sol est pauvre, il n'y a pas de risques pour la plante. Elle fonctionne avec de l'ammonium : elle est en manque, se jette sur la première source d'N, n'attends pas que l'ammonium ait été nitrifié par des bactéries. C'est le fonctionnement des forêts. Ou, ne plus, en raison de la domination des champignons, rois de la décomposition de la lignine, et de l'acidification, les bactéries sont peu présentes.
Dans un tel système, le blé a des rendements de 12 / 15 quintaux/ha.
Si on veut "pousser" les rendements, il faut mieux alimenter la plante en nitrates. L'azote est le facteur limitant dominant des agrosystèmes. J'ai déjà détaillé quelque part que les rendements augmentent plus avec de la fertilisation nitrique qu'azotée. Cela a été maintes fois "vérifié", par des millions d'essais à travers le monde. Les agronomes autres que KS ne sont pas tous des ahuris (même s'ils recommandent aussi massivement le labour, ou les pesticides et que parfois, on peut les tacler).
Et je trouve cela très logique.
Si on "pousse", en apportant des quantités d'ammonium bien supérieures à ce qui circule dans un système naturel, celui entre passivement dans la plante, qui ne peut l'utiliser. Il devient toxique.
Bien que le circuit soit plus long et énergétiquement plus éprouvant, les plantes "préfèrent" passer par la voie des nitrates. Les bactéries nitrifiantes ont leur place dans le système : transformer l'ammonium en nitrates. Cela les nourrit. Dès lors, il n'est plus toxique. Et les plantes l'utilisent comme elles en ont besoin, sans subir de toxicité. Avec en plus une "garantie" (du point de vue des plantes) : les nitrates sont lessivables, donc le sol est nettoyé durant la saison pluvieuse. Le système ne va pas s'auto-empoisonner (l'ammonium est assez bien retenu !).
Je pense donc que les nitrates, pour une fertilisation azotée poussée permettant d'obtenir des rendements appréciables, sont la meilleure voie. La plus sûre aussi. Qu'il soient d'origine chimique, naturelle, bio, minéralisation de la matière organique du sol, fixation biologique, n'y change strictement rien. Et que cela est logique.
4) Pour ce qui est de nourrir les fixatrices libres, KS peut-il ignorer qu'il y a une 100 de tonnes de matière organique dans un ha de sol ? Oublie-t-il que chaque année, il y a des tonnes de "restes de culture" qui restent en place - a minima les racines, souvent les chaumes ? Peut-il douter de l'effet dépressif ? N'a-t-il jamais observé de faim d'azote suite à des apports importants de substances organiques pauvres en azote ? J'admets qu'il s'estompe quand on joue sur des stocks très importantes, après quelques années d'apports successifs...
Bref, je n'ai pas envie d'argumenter, parce que j'ai l'impression qu'il fait un peu le clown, en disant un peu n'importe quoi pour faire l'intéressant. Comme quand des fois, il "argumente" avec ce qui n'est qu'une équation bilan, en rien représentative des réactions biochimiques réelles.
Pour illustrer ce que je veux dire par là, un exemple (qui n'a rien à voir avec KS). On voit souvent 6 C6H12O6 + 6 O2 donnent 6 CO2 + 6 H2O 6 énergie comme "équation" de la respiration. Alors que cette réaction ne se produit jamais. C'est juste un bilan !
La réalité, vous la trouvez
en partie sur ce schéma :
https://www.google.com/imgres?imgurl=ht ... GnoECAEQBgCe n'est que le cycle de Krebs. Il est précédé par la glycolyse (voie d'Embden-Meyerhof-Parnas)
https://fr.wikipedia.org/wiki/GlycolyseCela change !
Donc je n'argumenterais jamais avec une équation bilan, car c'est juste le résumé. Comme si je résumais mon livre en 6 lignes !
5) Là où il a raison, c'est qu'en affamant le sol d'azote, on joue sur les mécanismes de régulation de la fixation biologique que j'ai déjà évoqués : plus un sol est riche, et moins la fixation marche. Plus un sol est pauvre, et plus la fixation sera boostée. Il s'agit là d'un mécanisme logique, qui vise à "ramener" un sol vers un équilibre, autour d'une teneur du sol moyenne, ni trop faible (faible croissance), ni trop forte (toxicité si ammonium ou pollution si nitrate). La nature est simplement bien foutue. Un système "implacable" !
J'ai évoqué plus haut dans ce fil cette possibilité de "pompes à azote", à condition d'avoir de la place et de pouvoir sacrifier une surface l'année n, où elle sera peu productive afin d'y cultiver des légumineuses fourragères. Même si je pense qu'on peut "booster" les fixatrices libres, j'ai encore des doutes quant à savoir si elles peuvent produire des quantités d'azote qui se situent dans les 200 ou 300 kg/ha (car c'est de telles quantités qu'il faut "compenser"). Je préfère miser sur des alliées sûres, les fourragères des prairies. Si, sous nos latitudes (je ne parle pas de rizières), la voie des fixatrices libres avait été prometteuse, on n'aurait pas eu des "prairies naturelles maigres" ou des blés à 12 quintaux/ha au siècle dernier...
C'est ma grille de lecture. Je le redis : nous sommes là dans l'interprétation et dans la CONVICTION. La mienne, pour l'instant, me semble cohérente. Avec ma façon de comprendre mon système. Mais aussi avec ce que beaucoup d'agronomes ont observé. Beaucoup de chercheurs mesurés...
Je ne poursuivrais pas longuement la discussion sur KS. En tout cas, sur ce point. C'est sans intérêt pour moi. En clair : cela ne m'intéresse pas. Je peux ma tromper. Il peut se tromper. Faites vos jeux. Je n'ambitionne pas de révolutionner la science agronomique.