Did67 a écrit :d) En pratique, au bout, cela ne change rien. Ou pas grand chose...
Prenons des exemples chiffrés juste pour y voir clair : supposons que les légumineuses aient besoin de 1,5 kg d'azote et qu'elles en fixent 1 kg. Elles se suffisent aux deux tiers (66 %). Supposons qu'elles en donnent 200 g à d'autres plantes voisines. Qui en prennent donc d'autant moins dans le sol. Les légumineuses devront alors prélever 700 g au lieu de 500 ! Au final, pour le sol de votre plate-bande, le bilan est le même. La non-légumineuse, si elle a reçu 200 g de la légumineuse, en absorbera d'autant moins. Mais la légumineuse autant en plus. Donc il ne suffit pas de "mesurer" les 200 g pour conclure que la légumineuse nourrit la non-légumineuse ! C'est toute la difficulté de raisonner en « flux » ou en « bilan ».
En toute rigueur, on peut penser que la non-légumineuse sera un peu mieux nourrie, donc sa croissance est un peu favorisée. Mais alors la légumineuse le sera un peu moins... Comme il y a un feed-back négatif (l'importance de la fixation dépend de la richesse du sol), elle pourrait partiellement compenser ???
Je pense qu'on a effectivement intérêt à associer. Mais il ne faut pas voir cela de façon trop naïve, trop idyllique genre "Les légumineuses "donnent" l'azote aux non-légumineuses"... C'est ça que je veux dire. Pas que le flux n'existe pas.
e) En revanche, l'effet massif se fera sentir à la fin : l'homme ne récoltant qu'une partie de la légumineuse, par exemple les gousses, les 50 % d'azote fixés resteront à 80 % dans le système et auront un effet, lors de la minéralisation, sur les cultures suivantes. Là, c'est net.
J'interprète tout cela comme ça : les fabacées ont un atout unique qui leur permet de mobiliser de l'azote aérien en fonction de ce qui est disponible dans le sol, en fonction de leurs besoins, et de celui des plantes avec lesquelles elles sont connectées. Au final, après minéralisation, c'est donc un gain d'azote pour le sol, si on compare à une culture de non-légumineuse qui aurait eu lieue sur cette parcelle. Une sorte de fertilisation végétale symbiotique ? Equivaut-elle (avec un temps de retard) à la fertilisation par apport en masse d'une litière conséquente de foin ?
Tu conseillais la pompe à azote à un jardinier malin et aventurier qui souhaiterais mettre à profit cet atout pour enrichir (en azote) un sol volontairement carboné et "appauvri". Alors le même effet pourrait peut-être se faire dans un sol disons "normal", en "forçant" les fabacées à activer leurs nodosités pour aider les non-légumineuses associées (et non plus seulement pour "compenser" le sol pauvre en azote). Par exemple en jouant sur le ratio : disperser quelques légumineuses au milieu de plusieurs non-légumineuses ? Finalement c'est ce qui est conseillé pour les mélanges d'engrais vert de graminées/légumineuses, du type seigle/vesce : la vesce est beaucoup moins "nombreuse" que le seigle (pour d'autres raisons peut-être)...
En maîtrisant mieux ces cultures et leurs associations/successions avec les autres cultures, en les systématisant, pourrait-on envisager une utilisation moins fréquente, moins massive, ou différente du foin, de la litière (qui a par ailleurs d'autres vertus que cette "fertilisation" mais bon...) ? Je sais que tu as essayé de faire évoluer ton jardin avec des essais de semis direct sous couverts (peu concluants si mes souvenirs sont bons), vers quelles directions nouvelles tu t'orientes aujourd'hui ou disons pour la saison qui vient si rapidement maintenant que le solstice est passé ?