Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue

Agriculture et sols. Pollution, contrôles, dépollution des sols, humus et nouvelles techniques agricoles.
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Did67
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 10/03/19, 10:44

Cet exemple nous permet d'illustrer tout l'intérêt qu'il y a à comprendre des mécanismes et non pas à croire des recettes... Beaucoup diraient, dans ce que j'appelle une "bouillabaisse intellectuelle" (on mélange tout), que les "chardons, attention !!!"... "On m'a dit que...", etc...

Les mécanismes :

a) installé, le chardon devient vivace ; il "remplit" sa racine épaisse de réserves, pour refaire rapidement une plante et fleurir l'année d'après : comme toutes les vivaces "à réserves" (dont le liseron, le chiendent, le rumex, le pissenlit...), une fois installé, il perce !

b) en revanche, ses graines, très fines puisque conçues pour se répandre par le vente, n'ont qu'un minimum de réserves ; elles sont conçues pour tomber en surface, germer ; la petite plantule capte la lumière et installe un nouveau plant. Comme (presque) toutes les annuelles, sous un épais couvert de foin, la plantule n'a aucune chance. Donc les graines de chardons ne posent aucun problème.

Donc même si je n'avais eu mon expérience, j'aurais pu "supputer" la bonne réponse... En l’occurrence, le hasard fait que j'ai aussi l'expérience. Et phil confirme. Je peux donc être plus affirmatif que simplement en "supputant" !

Mais donc au passage, c'est un bel exemple de comment je "défriche" des voies pas explorées. En essayant toujours de d'abord comprendre. Et en refusant de croire ce que disent, ou écrivent les autres. Ce n'est pas TOUJOURS faux. Mais cela l'est TROP SOUVENT. Juste parce que le cerveau humain n'aime rien tant que de s'illusionner. Étudier Elizabeth LOFTUS et ses expériences scientifiques sur la mémoire (l’histoire de Bugs Bunny à Disneyland ou l'histoire du jeune ayant fait de la montgolfière dans laquelle il n'est jamais monté !)
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Did67
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 10/03/19, 11:22

"Zéro de végétation"

Je ne sais plus sur quel fil être chafoin il me semble évoquait cette notion.

1) Oui, c'est une notion de base en agronomie, complémentaire de la température minimale que peut supporter une espèce / variété.

Donc en-dessous de la "température minimale supportée" (généralement qualifié de "rusticité"), une plante meurt. Cela dépend de l'espèce, de la variété et du stade de développement.

Le "zéro de végétation" est la température en-dessous de laquelle une plante ne pousse plus. Entre le "zéro de végétation" et la "temp minimale supporté", elle végète, sans être tuée.

2) Mais la notion a un autre rôle : on considère ne première apporximation que la croissance d'une plante est proportionnelle à la différence entre la temp moyenne quotidienne et le zéro de végétation.

A donc émergé la notion de "somme des températures", appellation approximatives pour la somme des différences positives entre la temp moyenne quotidienne et le zéro de végétation.

Exemple : tomate : zéro de végétation de 12° (aussi appelé "température base")

temp moyenne quotidienne j1 : 9
temp moyenne quotidienne j2 : 11
temp moyenne quotidienne j3 : 13
temp moyenne quotidienne j4 : 14
temp moyenne quotidienne j5 : 14

La "somme des températures" est de 0 + 0 + 1 + 2 + 2 = 5

Pour une espèce et une variété donnée, la somme des températures entre la levée et tel stade (floraison, maturité) est grosso modo une constante. A l'exception des températures moyennes excessives, comme dans une serre. On sort alors de la zone de "linéarité" et on peut même avoir un effet négatif, voire mort !

3) C'était la question d'être chafoin : est-ce fiable ???

C'est une caractéristique liée à la variété.

ET même là, c'est une approximation : la croissance n'est pas une fonction strictement linéaire comme on vient de l'évoquer.

Par ailleurs, d'autres phénomènes peuvent jouer : longueur du jour, notamment. Chez certaines espèces, la photopériode (la durée respective des périodes d'éclairement et celles d'obscurité) est déterminante pour déclencher des floraisons ou la maturation.

Comme cela l'est en général, c'est plus complexe !

Se rappeler :

"Plus la variété de maïs est précoce, moins elle a besoin d’unités de chaleur (1) pour atteindre la maturité. Elle peut être alors cultivée dans les régions du nord de la France, ce qui n’est pas le cas des variétés tardives, plus productives, mais cantonnées dans les régions à fort ensoleillement du sud-ouest. Pour étendre la culture du maïs au nord de la Loire, il faut donc obtenir des variétés de maïs à la fois précoces et productives.

(1) Unité de chaleur = somme des températures
Premiers hybrides précoces franco-américains

Dès la fin de la guerre, l'Inra, nouvellement créé, a pour mission de développer des variétés françaises. Les chercheurs de l’Institut, dont en particulier André Cauderon, explorent la variabilité génétique des populations de maïs françaises et produisent en quelques années un millier de lignées précoces bien adaptées aux conditions du nord.

Parallèlement, dans le cadre du plan Marshall, des semences de maïs hybrides américains sont importées. Ces hybrides sont moins précoces, mais plus productifs, plus homogènes, plus résistants à la verse, mieux adaptés à la mécanisation et à la culture intensive.

L’alliance franco-américaine se poursuit dans les champs : le croisement des deux sources génétiques conduit dès 1955 aux premiers hybrides précoces « franco-américains », bien supérieurs aux hybrides américains. Ces hybrides (Inra 200, Inra 258, Inra 260) permettent au maïs de gagner le nord de la Loire, ce qui modifie profondément le paysage agricole français. Entre 1950 et 1960, les variétés hybrides remplacent totalement les variétés anciennes traditionnelles.

De tels bonds de productivité dans un intervalle de temps aussi court sont rares dans l’histoire des plantes cultivées."


Bien sûr, cela hérissera les militants anti-hybrides !

Je voulais juste illustrer que donner une somme des températures pour le maïs sans précision, par exemple, ne veut pas dire grand chose ! Celle en revanche d'un "INRA 258" (aujourd'hui, un ancêtre, il n'existe plus, n'est plus cultivé, les variétés ont des noms beaucoup plus enchanteurs et sont produits pas des sociétés privées, ou coopératives - Limagrain, un des grands semenciers mondiaux, est une coopérative française)

[Ne me comprenez pas de travers : je ne défends pas un modèle productiviste, dont ces semences hybrides n'étaient qu'un tout petit maillon ; j'explique les possibilités de certaines techniques ; aucune "technique", extraite de son contexte, n'est neutre ; le couteau à éplucher le slégumes peut servir, dans le cas d'autres intentions, à égorger un ennemi - ou supposé l'être !]

Dans ce document Arvalis, vous trouverez page 13 des "sommes de températures" pour les maïs fourrage et les maïs grains, pour franchir différents stades de développement : https://www.arvalis-infos.fr/file/galle ... 794211.pdf
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Julienmos » 10/03/19, 12:43

juste une petite question d'ignare au sujet des graines et semences: aujourd'hui, on a plein de variétés modernes (céréales, fruits, légumes...) issues de croisements répétés.
Je pense pas qu'il serait possible de revenir aux plantes originelles, si ?
existe -t-il encore des graines qu'on aurait conservées et qui seraient encore en état de germer, de plantes qu'on cultivait il y a 50, 100 ans et davantage ? des variétés tout à fait "naturelles" issues d'aucun croisement ?
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Julienmos » 10/03/19, 12:45

Did67 a écrit :
Et à bientôt !!! Dans une semaine, à cette heure, je serai crevé et j'espère que vous serez ravis !


????
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 10/03/19, 12:50

C'était pour notre ami de la Drôme, qui faisait allusion à ma journée de formation là-bas, au Lycée Agricole du Valentin, à coté de Valence. Je répondais hier soir, à l’heure exacte où j'espère avoir fini samedi prochain !!!!!

Oui, c'était codé !!!!
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 10/03/19, 13:05

Julienmos a écrit :Je pense pas qu'il serait possible de revenir aux plantes originelles, si ?
existe -t-il encore des graines qu'on aurait conservées et qui seraient encore en état de germer, de plantes qu'on cultivait il y a 50, 100 ans et davantage ? des variétés tout à fait "naturelles" issues d'aucun croisement ?


Surement que certaines variétés ont disparu !!!

Mais attention, ne pas croire que les "anciennes variétés" n'étaient pas sélectionnées. C'est une mythologie que laissent planer ceux qui militent "contre" les hybrides, contre les OGM...

L’histoire du blé est tout à fait symptomatique, quelques milliers années avant JC !!! L'ancêtre du blé était une graminée sans intérêt comme il y en a des tonnes dans nos prairies. Mais par hybridations naturelles et repérage par les hommes ("sélection massale"), c'est devenu nos blés.

http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/blepai ... rigine.htm

http://fdmf.fr/index.php/documentation/ ... -evolution

Beaucoup de variétés de fruits sont des mutations spontanées, qu'on a maintenu depuis par greffage. Un cerisier Burlat ou un clémentine sont les descendants (c'est même pire : ce sont toujours des "morceaux" de la plante originelle identifiée par leurs découvreurs, l'abbé Clément pour la clémentine, ou Léon Burlat, un paysan arboriculteur)...

La première vague de sélection (celle des Vilmorin et autres) n'a été qu'un effort concentré, systématisé, pour croiser, cultiver, observer, sélectionner. Ce que fait la nature, mais en plus concentré, plus court.

L'hybridation n'en déplaise aux imbéciles est très courante dans la nature ! Presque tous nos pissenlits ou les orchidées "botaniques" sont des hybrides...

L'OGM, j'en ai déjà parlé, "fusionne" deux choses de nature différente : l'introduction artificielle de gènes de la même espèce, avec des moyens modernes (pourquoi pas ; c'est un peu la fécondation in vitro chez les plantes) - pourquoi pas ? Mais c'est aussi des manipulations bien plus graves, l’introduction de gènes autres que ceux de l'espèce, avec risque de pertes de contrôle - je ne suis pas favorable. C'est, fondamentalement, une technique d’introduction de gènes. Introduire des gènes de pomme de terre sauvages résistantes aux mildious dans nos variétés ??? Pourquoi pas ! Si cela permet d'échapper aux pesticides / fongicides. Ils sont déjà dans la nature, où ils n'ont jamais fait aucun mal ! Introduire des gènes de résistance au glyphosate dans des mais (tel que le maïs OGM Monsanto), en revanche, pose beaucoup de questions !

C'est un peu comme la voiture. Est-ce qu'il suffit de gueuler contre la voiture au motif qu'elle pollue ??? Faut-il mettre dans le même sac un Porsche Cayenne et une C1 ou une Zoé et être systématiquement contre - quitte à se rendre à l'hôpital en char à bœufs en cas d'infarctus et arriver un peu tard...

Les semences, c'est actuellement un des débats les plus pollués par l'idéologie - et souvent la bêtise.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par janic » 10/03/19, 13:57

quitte à se rendre à l'hôpital en char à bœufs en cas d'infarctus et arriver un peu tard...
sauf que l'infarctus n'est que la conséquence finale de tout un processus qui s'est établi sur des années, par des comportements culturels favorables à l'établissement de cette pathologie. Donc un char à bœufs pour une visite médicale précoce suffit pour éviter d'en arriver aux extrêmes.
Je rappelle que les jeunes américains, décédés lors de la guerre du Vietnam et autopsiés, ont montré des atteintes importantes de maladie cardiovasculaire malgré leur jeune âge et auraient fait un infarctus, un AVC, à la cinquantaine.
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« On fait la science avec des faits, comme on fait une maison avec des pierres: mais une accumulation de faits n'est pas plus une science qu'un tas de pierres n'est une maison » Henri Poincaré
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par 2bou » 10/03/19, 15:04

...,..hallelujah...ha,ha,ha........ oupsss, scusi!
en m'assoupissant, une "voix décalée" m'a tazzzzé................
Et dire que certains "ne se reposent jamais"......dixit Weber.
Ben moi, j'y r'tourne.....me reposer..... :twisted:
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Moindreffor » 10/03/19, 16:50

Julienmos a écrit :juste une petite question d'ignare au sujet des graines et semences: aujourd'hui, on a plein de variétés modernes (céréales, fruits, légumes...) issues de croisements répétés.
Je pense pas qu'il serait possible de revenir aux plantes originelles, si ?
existe -t-il encore des graines qu'on aurait conservées et qui seraient encore en état de germer, de plantes qu'on cultivait il y a 50, 100 ans et davantage ? des variétés tout à fait "naturelles" issues d'aucun croisement ?

la tomate d'origine a la taille d'une tomate cerise et produit peu, donc revenir à l'origine voudrait dire ne plus manger que des tomates cerises par exemple, et il existe des conservatoires de graines qui cultivent des tas de variétés anciennes, mais non commercialisées

qu'est-ce qui te dérange dans le fait de croiser 2 plantes?

si on va dans le même genre d'idée, nous devrions remplacer tous nos chiens par des loups
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Julienmos » 10/03/19, 17:01

Moindreffor a écrit :qu'est-ce qui te dérange dans le fait de croiser 2 plantes?


rien ne me dérange.

Je me posais juste la question de savoir s'il était encore possible auj d'avoir, par ex, les mêmes variétés de pommes (ou autres fruits, légumes, autres) que nos ancêtres mangeaient il y a 100, 200, 500 ans...

j'ai aussi lu à plusieurs reprises que, je ne sais plus quel fruit, avait perdu une très grande partie de sa valeur en vitamines, oligo éléments, minéraux, antioxydants ou que sais-je,par rapport aux années 1940 ou 50.
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