Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue

Agriculture et sols. Pollution, contrôles, dépollution des sols, humus et nouvelles techniques agricoles.
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Did67
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 27/08/19, 12:29

nico239 a écrit :Ok.

À mon sens si rumex et liseron il y a c'est que le terrain en a besoin... mais bon c'est ma façon de voir les choses sur le mode plantes bio indicatrices. :mrgreen:



Pour ma part, je dirais : attention aux "anthropomorphismes".

Ma façon de voir cela est de faire le constat que ces plantes sont adaptées, en tout cas mieux adaptées que d'autres, à ces sols. Mais notons qu'elles prospèrent dans quasiment tous les sols : chemins compacts, prairies "normales", sols très aggradés de mon potager où, si je ne les extirpent pas, elles prospèrent (et, pour le rumex, se resèment avec une facilité déconcertante).

On peut donc dire que sous une certaine forme, le sol "a besoin" de ces plantes. Comme il a besoin des plantes.

Il me semble plus neutre, et moins piégeant, de penser que "le sol a besoin de plantes" (très exactement, je dirais que le sol est le résultat d'une dégradation des minéraux de la roche-mère, enrichi par l'activité des plantes qui y injectent de la biomasse, à partir de la photosynthèse, ce qui permet à une activité vivante d'y prendre place et un vrai sol vivant de se construire) ET "ces plantes sont celles qui sont le mieux adaptées à ce milieu" (histoire de système racinaire, etc...). Encore que je doute qu'elles soient particulièrement indicatrices de sols compacts (sinon la lutte contre le liseron au motoculteur serait une grande réussite !).

Ce n'est bien entendu qu'un avis.
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Did67
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 27/08/19, 12:34

yool a écrit :
plus grand chose n'a poussé à cet endroit pendant l'été (hormis toujours les mêmes rumex et autres liserons). ..


En lien avec ce que je viens d'écrire, on pourrait conclure que c'est une adaptation aux sols compacts. En réalité, c'est le fait que leur enracinement est profond qui leur donne là un avantage. Une luzerne aurait également prospéré : j'en avais une magnifique au milieu d'un pré devenu paillasson !

J'ai aussi eu une plaque d'invasion de rumex dans un sol aggradé, où en marchant, on s'enfonçait de 5 cm : un pied avait fleuri l'an dernier et vu sa prolificité en graines, dès que les oiseaux ont gratté et m'ont laissé des endroits avec peu de foin, c'est parti comme une fusée !
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 27/08/19, 12:45

nico239 a écrit :Encore un peu de technique ... la conservation des pommes de terre.

L'an dernier une partie de la récolte avait été entreposée dans un châlet de jardin non isolé dans une caisse posée au sol (non isolé).
Résultat une partie de la caisse a gelé :evil:

Cette année on ne va pas mettre tous nos oeufs dans le même panier.
- maison pour la conso de l'automne
- châlet mais en hauteur et mieux protégé

mais éventuellement vide sanitaire (très humide)

Et bien sur test de non récolte en allant se servir au fur et à mesure sur la planche comme on le fait actuellement d'ailleurs...


Cependant 2 sons de cloches diamétralement opposés semblent présider à la conservation des pommes de terre

les sites grand public : le sec et frais est hégémonique.
y a qu'à taper conservation de pommes de terre sur Google, la plupart c'est sec, sauf certains qui ne se prononcent pas


les sites pros : frais, ventilé et hygrométrie proche de 100% ce qui est TOUT À FAIT DIFFÉRENT
taper conservation pommes de terre hygrométrie
https://www.arvalis-infos.fr/des-soluti ... ticle.html
http://www.cnipt.fr/wp-content/uploads/ ... ractif.pdf

Évidemment je serais plus enclin à faire confiance aux sites pro qu'à la multitude de sites grand public qui se copient tous les uns les autres.


Si les pros ont raison (difficile d'en douter)

Je me dis donc que dans mon vide sanitaire sombre frais, très humide et relativement ventilé on peut tester.

Idem sous le foin où elles sont actuellement il va faire frais (pose de capteurs auprès des pommes de terre pour surveiller la température sous le foin et rajout de couches si nécessaire), humide et relativement ventilé.
(Ce test se fait sans considération des prédateurs)


Des avis


Oui, bien sûr, des avis ! Des avis à 3 balles, je peux en faire aussi. Mais je vais essayer de faire mieux :

a) chez mes parents, la pdt était l'alimentation de base, des humains comme des animaux (6 porcs par an) ; on en récoltait donc 4 ou 5 charettes double-essieu pour situer l'ordre de grandeur

b) le stockage se faisait en vrac, dans une cave, sous la maison ; cette cave était assez humide, à certains endroits, les murs "suintaient" ; j'ai tout lieu de penser que cela n'était pas loin de la saturation ; ce n'était pas ventilé ; la cave était aveugle (pour éviter le verdissement)...

c) les pdt étaient, dès la récolte, soigneusement triées : toutes celles qui avaient un "pète" (blessure, taches) étaient mise sur un premier tas, consommées tout de suite

d) elles étaient mises en tas, en vrac, certains tas atteignant le 1,5 m de haut ; il y avait plusieurs tas : "celles pour la purée", "celles à rôtir", celles pour les porcs, etc...

e) attention : les pdt gèlent ; elles deviennent alors sucrées comme des patates douces (l'hydrolyse de l'amidon en sucres solubles se poursuit, mais les sucres ne sont plus consommés et s'accumulent dans les cellules ; une histoire de blocage de certaines enzymes !).


Bref, pour moi, il n'y a pas photo. Le stockage doit être :

a) frais (pour ralentir le métabolisme et ralentir la formation des germes), mais hors gel
b) humide (pour limiter les pertes d'eau causant le ratatinement) mais les pdt doivent rester sèches (sinon pourritures)
c) noir (pour éviter le verdissement)
d) en tas le plus gros possible (accumulation de CO² faisant une sorte d’atmosphère contrôlée ralentissant la respiration).

http://www.lafranceagricole.fr/article/ ... 74344.html
Dernière édition par Did67 le 27/08/19, 12:50, édité 1 fois.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Adrien (ex-nico239) » 27/08/19, 12:48

Did67 a écrit :
nico239 a écrit :Ok.

À mon sens si rumex et liseron il y a c'est que le terrain en a besoin... mais bon c'est ma façon de voir les choses sur le mode plantes bio indicatrices. :mrgreen:



Pour ma part, je dirais : attention aux "anthropomorphismes".



Oui bien entendu tu as raison.

Mais des fois c'est plus parlant de s'exprimer ainsi sans forcément faire un pré laius de réserves :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par être chafoin » 27/08/19, 13:21

yool a écrit :
sicetaitsimple a écrit :PS: je n'ai par ailleurs rien contre les Bourguignons, mais j'ai l'impression qu'ils ont un peu disparu de la scène?


Non ils sont toujours la :

http://videos.assemblee-nationale.fr/vi ... 2-mai-2019

Vidéo intéressante qui montre des positions qui sont loin d'être aussi caricaturales que certains le disent.

A écouter dans le détail quelques minutes (de 1'05 à 1'08) où ils évoquent notre sujet des argiles et la différence des argiles (leur qualité étant liée à la CEC, capacité à échanger les cations, dont parlait Didier). Les bons argiles quittent la zone de culture du sol avec l'érosion. Il semble, je ne sais pas si c'est vrai, que leur laboratoire soit le seul en France à analyser finement ces différences de qualité des argiles dans les sols agricoles.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par être chafoin » 27/08/19, 13:35

Did67 a écrit :Bref, pour moi, il n'y a pas photo. Le stockage doit être :

a) frais (pour ralentir le métabolisme et ralentir la formation des germes), mais hors gel
b)humide (pour limiter les pertes d'eau causant le ratatinement) mais les pdt doivent rester sèches (sinon pourritures)
c) noir (pour éviter le verdissement)
d) en tas le plus gros possible (accumulation de CO² faisant une sorte d’atmosphère contrôlée ralentissant la respiration).
Comment gérer cette contradiction ? Si l'atmosphère est humide, est-ce que les tubercules ne risquent pas d'"absorber" cette humidité ?
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 27/08/19, 14:07

Je ne pense pas : si les températures des pdt et de la pièce sont d'une part stables et d'autre part égales, et si tu restes juste en-dessous de la saturation, cela ne devrait pas condenser. Les condensations se produisent toujours sur les "parois froides" (vitres d'une salle de bain, par exemple).

Si les pdt sont à la même température, et avec un minimum de ventilation pour évacuer l'humidité de la transpiration (les fuites devraient suffire ; en tout cas, c'était le cas de notre cave, qui était loin d'être étanche), tu devrais pouvoir avoir une pièce assez proche de la saturation (les tubercules vont alors transpirer très peu), sans que de l'humidité ne condense sur les tubercules.

En tout cas, les tubercules étant un matériau très humide (environ 80 % d'eau, je crois), contrairement à des produits secs (céréales), ils ne vont pas absorber d'humidité. Au contraire, étant vivants, ils vont transpirer un peu. Et respirer aussi : absorber de l'O² et rejeter du CO²... Et donc "bruler" un peu d'amidon pour maintenir cette vie ralentie. C'est la deuxième cause du ratatinement, même en milieu suffisamment humide. J'avais oublié de le mentionner. Là, c'est le ralentissement de la physiologie par le froid qui va limiter cette activité.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Adrien (ex-nico239) » 27/08/19, 14:20

Did67 a écrit :
Oui, bien sûr, des avis ! Des avis à 3 balles, je peux en faire aussi. Mais je vais essayer de faire mieux :

a) chez mes parents, la pdt était l'alimentation de base, des humains comme des animaux (6 porcs par an) ; on en récoltait donc 4 ou 5 charettes double-essieu pour situer l'ordre de grandeur

b) le stockage se faisait en vrac, dans une cave, sous la maison ; cette cave était assez humide, à certains endroits, les murs "suintaient" ; j'ai tout lieu de penser que cela n'était pas loin de la saturation ; ce n'était pas ventilé ; la cave était aveugle (pour éviter le verdissement)...

c) les pdt étaient, dès la récolte, soigneusement triées : toutes celles qui avaient un "pète" (blessure, taches) étaient mise sur un premier tas, consommées tout de suite

d) elles étaient mises en tas, en vrac, certains tas atteignant le 1,5 m de haut ; il y avait plusieurs tas : "celles pour la purée", "celles à rôtir", celles pour les porcs, etc...

e) attention : les pdt gèlent ; elles deviennent alors sucrées comme des patates douces (l'hydrolyse de l'amidon en sucres solubles se poursuit, mais les sucres ne sont plus consommés et s'accumulent dans les cellules ; une histoire de blocage de certaines enzymes !).


Bref, pour moi, il n'y a pas photo. Le stockage doit être :

a) frais (pour ralentir le métabolisme et ralentir la formation des germes), mais hors gel
b) humide (pour limiter les pertes d'eau causant le ratatinement) mais les pdt doivent rester sèches (sinon pourritures)
c) noir (pour éviter le verdissement)
d) en tas le plus gros possible (accumulation de CO² faisant une sorte d’atmosphère contrôlée ralentissant la respiration).

http://www.lafranceagricole.fr/article/ ... 74344.html



Idem chez ma belle mère (italienne) qui faisait rentrer les pommes de terre pour 1 année, (comme les tomates d'ailleurs) : cave de maison de village.




J'allais faire la même remarque

être chafoin a écrit :
Did67 a écrit :Bref, pour moi, il n'y a pas photo. Le stockage doit être :

a) frais (pour ralentir le métabolisme et ralentir la formation des germes), mais hors gel
b)humide (pour limiter les pertes d'eau causant le ratatinement) mais les pdt doivent rester sèches (sinon pourritures)
c) noir (pour éviter le verdissement)
d) en tas le plus gros possible (accumulation de CO² faisant une sorte d’atmosphère contrôlée ralentissant la respiration).
Comment gérer cette contradiction ? Si l'atmosphère est humide, est-ce que les tubercules ne risquent pas d'"absorber" cette humidité ?


J'ai lu la réponse de Did donc ok pour l'hygrométrie...
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par yool » 27/08/19, 14:24

être chafoin a écrit :
yool a écrit :
sicetaitsimple a écrit :PS: je n'ai par ailleurs rien contre les Bourguignons, mais j'ai l'impression qu'ils ont un peu disparu de la scène?


Non ils sont toujours la :

http://videos.assemblee-nationale.fr/vi ... 2-mai-2019

Vidéo intéressante qui montre des positions qui sont loin d'être aussi caricaturales que certains le disent.

A écouter dans le détail quelques minutes (de 1'05 à 1'08) où ils évoquent notre sujet des argiles et la différence des argiles (leur qualité étant liée à la CEC, capacité à échanger les cations, dont parlait Didier). Les bons argiles quittent la zone de culture du sol avec l'érosion. Il semble, je ne sais pas si c'est vrai, que leur laboratoire soit le seul en France à analyser finement ces différences de qualité des argiles dans les sols agricoles.



Oui vidéo très intéressante qui illustre bien le combat de leur vie.

J'aime bien le passage lorsqu'il disent que le problème des agriculteur de maintenant c'est qu'ils connaissent beaucoup mieux leurs tracteurs que leurs sols
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 27/08/19, 14:47

être chafoin a écrit :
yool a écrit :
sicetaitsimple a écrit :PS: je n'ai par ailleurs rien contre les Bourguignons, mais j'ai l'impression qu'ils ont un peu disparu de la scène?


Non ils sont toujours la :

http://videos.assemblee-nationale.fr/vi ... 2-mai-2019

Vidéo intéressante qui montre des positions qui sont loin d'être aussi caricaturales que certains le disent.



Oui. Vidéo intéressante (je viens de regarder la moitié), avec des points de vue qui me sont chers aussi : l'absence de science (remplacée par la "technique", - bref, les "recettes" - coup de griffe que j'ai déjà écrit dans l'intro de mon nouveau livre), le désengagement de l'Etat et de la recherche publique (au profit de l'agro-industrie), une approche systémique. Quand ils évoquent l'agriculteur passé du "zéro-labour" au "bio" après 10 ans parce qu'il n'y a plus de graines susceptibles de germer, c'est quelque chose que je raconte souvent : la plupart des adventices se multipliant par graines ont disparu chez moi aussi...

[Petit mensonge cependant, au début : leur labo vend des "kits" d'analyse dans les magasins Botanic - très exactement, pour ne pas dire de bêtise : les kits griffés Botanic et vendus dans les magasins sont ensuite envoyés au LAMS qui est le prestataire ; j'en ai un ; tu prélèves selon leurs indications, tu envoies l'échantillon de terre et tu attends les résultats ; petit bémol à cette "critique", cependant : il évoquait leurs prestations aux agriculteurs, à 60/70 % des viticulteurs donc - plus faciles à facturer copieusement surement aussi].
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