Did67 a écrit :Oui. Mais même un sol couvert, s'il est en overdose, perdra des nitrates ! Il ne suffit pas de décréter qu'on "jardine naturel" pour échapper à ça. Et si un sol travaillé, donc nu, est plus exposé au danger, il ne suffit pas de ne pas travailler le sol pour qu'il n'y ait plus de lixivation.
Il est cependant vrai qu'un sol nu et travailler verra la lixivation augmenter.
L'humus ne retient pas véritablement les nitrates, qui ne sont pas retenus par les colloïdes du sol. Lors de la fabrication de l'humus, par des matières trop pauvres, de l'azote est "incorporé" dans l'humus, qui a un C/N d'environ 15 quand il est jeune, puis se stabilise vers 12. Quand on part de pailles à 80, il est clair que cela va séquestrer de l'azote. La "faim d'azote" qui est une tuile en début de saison devient une bénédiction en fin de saison...
C'est la raison de mon "glissement", dans le "potager du paresseux 2.0", vers l'enherbement (spontané de préférence - paresse oblige ; "engrais verts" non légumineuses sinon, à défaut) à l'automne...
Ce que fait aussi ce maraicher dont je parle.
Didier propose d'utiliser 250 kg de foin pour 75 m², avec une teneur de azote (N) de 13 kgN/tMS.
0.25 tMS de foin * 13 kgN/tMS * 10000 m²(1ha) / 75 m² = 433 kgN/ha
C'est un niveau de fertilisation équivalent à environ 1.5 à 2 fois ce qui se pratique en agriculture conventionnelle sur les cultures les plus gourmandes, comme un blé à 10t/ha de grain, ou, pour se rapprocher un peu plus des légumes, une carotte à 40 t/ha de rendement. Je vois mal les cultures potagères justifier des exportations d'azote équilibrant de tels apports. Dans le cas des pommes de terre, avec un apport de foin doublé, le niveau de fertilisation devient vraiment excessif. A ce stade, on augmente la fertilisation uniquement pour assurer le couvert empêchant les adventices de lever. Cette fertilisation devient une externalité négative du contrôle des adventices.
Dans les premières années de création du potager du paresseux, on peut imaginer que le système biologique, en régime transitoire, va absorber l'azote excédentaire. Le nombre de vers de terre, de bactéries, de bestioles diverses et variées augmentant, le taux de matière organique stable ou rapidement minéralisable du sol grimpant lui aussi, on va avoir une densification de la vie dans ce sol qui devrait utiliser au moins une part de cet azote. Mais cette accumulation a une fin et à un moment ou à un autre, un régime permanent d'apports/exportations équilibré va bien devoir s'instaurer. Il me semble qu'un lessivage de l'azote excédentaire sera alors inévitable.
Par ailleurs, il y a fort à parier qu'une disponibilité constante et élevée d'azote minéral neutralise complètement la propension des légumineuses à fixer l'azote de l'air. Comme dit Didier, pourquoi se fatigueraient-elles à “dealer” avec les bactéries fixatrices de N2 si leurs besoins sont couverts facilement ? Dommage de se passer de cela.
Outre la culture sous couvert vivant, l'utilisation de couverts à rapport C/N plus élevés, dans certaines conditions, pour certaines cultures, pourrait peut-être s'étudier.