Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue

Agriculture et sols. Pollution, contrôles, dépollution des sols, humus et nouvelles techniques agricoles.
sicetaitsimple
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par sicetaitsimple » 19/12/19, 15:20

Did67 a écrit :Bref, on est là assez proche du "sensationnalisme" à la Paris-Match ! Désolé, mais je ne peux prendre au sérieux des gens qui claironnent cela sans recul... Je ne lis même pas la suite. On fait du buzz pour passer à la télé ?


Eh, Dr Jones!


PS: désolé, mais je suis fan du Dr Jones.....
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sicetaitsimple
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par sicetaitsimple » 19/12/19, 15:54

Pour être plus sérieux, ce sujet a été déjà été abordé, je me permets de recopier un de mes posts:

Pour ceux que ça intéresse, le résumé de l'étude INRA en une dizaine de pages se trouve ici:
https://inra-dam-front-resources-cdn.we ... is-pdf.pdf
Comme déjà souligné dans le post d'Izentrop, 86% du potentiel d'accroissement des capacités de stockage seraient liés aux surfaces en grandes cultures, et l'augmentation de profondeur du "puit de carbone" français resterait malgré tout faible par rapport aux émissions actuelles (6,8%).


Edit: lien qui semble fonctionner contrairement à celui ci-dessus:
https://inra-dam-front-resources-cdn.we ... is-pdf.pdf
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VetusLignum
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par VetusLignum » 19/12/19, 16:14

Did67 a écrit :
izentrop a écrit :Ç'est un mot de son invention http://vernoux.org/agriculture_regenera ... iquide.pdf


Le problème n'est pas d'inventer des mots.

Mais de ne pas se prêter à des slogans trop faciles :

"Une augmentation de 0,5% de la teneur en carbone dans les 30 premiers centi-mètres dans 2% des 445 millions hectares de terres agricoles australiennes permet-trait, à elle seule, de séquestrer de manière sûre et permanente les émissions an-nuelles de dioxyde de carbone de toute l’Australie."

Certes. Rien de faux.

Mais quand on sait que les sols renferment de 2 à 4 % de matière organique, soit environ 1 à 2 % de C (55 % de la MO, en gros). Que dans mon potager, 6 ans de phénoculture sévère (je veux dire avec des apports massifs de foin, en aucun cas généralisable à une large échelle), j'ai augmenté la teneur de 1 % de MO donc 0,5 % de C... Quand on sait que très vite on va vers un équilibre où minéralisation (= destructions totales, avec relargage du C sous forme de CO²) équilibrent les entrées... Quand on sait que les glomalines représentent environ 1 % du stock total de MO dans le sol [j'ai mis du temps à trouver ce chiffre - tout le monde en parle, mais personne ne dit qu'en masse, ce n'est "que" ça]...

Quand on sait que si on voulait neutraliser les émissions annuelles il faudrait une augmentation annuelle de 0,5 % de la teneur en C des sols...

Bref, on est là assez proche du "sensationnalisme" à la Paris-Match ! Désolé, mais je ne peux prendre au sérieux des gens qui claironnent cela sans recul... Je ne lis même pas la suite. On fait du buzz pour passer à la télé ?


Vous trouverez plus de détails sur cette proposition ici :
https://www.amazingcarbon.com/PDF/JONES-CarbonSinks(11Sept08).pdf

Notons que, d’après elle, une racine vivante produit un carbone qui se stocke dans le sol de manière plus durable que celui qui est issu de la décomposition de résidus végétaux.

Models designed to mathematically predict the movement of carbon in and out of soils are generally based on the assumption that carbon enters soil as ‘biomass inputs’, that is, from the decomposition of leaves, roots and crop stubbles. These models provide useful estimations of soil carbon fluxes in conventionally managed agricultural soils, but fail to account for the significant levels of carbon sequestration observed in soils actively fuelled by soluble carbon. When carbon enters the soil ecosystem as plant material (such as crop stubble), it decomposes and returns to the atmosphere as carbon dioxide. Hence the lamentation “my soil eats mulch”, familiar to home gardeners and broadacre croppers alike. While plant residues are important for soil food-web function, reduced evaporative demand and the buffering of soil temperatures, they do not necessarily lead to increased levels of stable soil carbon. Conversely, soluble carbon channelled into soil aggregates via the hyphae of mycorrhizal fungi can be rapidly stabilised by humification, provided appropriate land management systems are in place.
https://www.amazingcarbon.com/PDF/JONES-LiquidCarbonPathway(July08).pdf


Pour cela, elle promeut des cultures de couvert multi-espèces.
Every plant exudes its own unique blend of sugars, enzymes, phenols, amino acids, nucleic acids, auxins, gibberellins and other biological compounds, many of which act as signals to soil microbes. Root exudates vary continuously over time, depending on the plant’s immediate requirements. The greater the diversity of plants, the greater the diversity of microbes and the more robust the soil ecosystem. A global soil health revolution is taking place, based on plant diversity. Due to the soil priming effects of multispecies crops and pastures, farmers in many parts of the world are finding they are able to significantly reduce or even eliminate the need for inorganic fertiliser. As well as improving soil function, multispecies crops and pastures provide habitat and food for insect predators. Recent research has shown that as the diversity of insects in crops and pastures increases, the incidence of insect pests declines, hence avoiding the need for insecticides (8).
http://amazingcarbon.com/JONES-FarmingProfitablyPUREADVANTAGE+REFS(21Feb18).pdf


D’autre part, le foin n’est pas ce qu’il y a de plus riche en carbone ; donc c’est déjà une bonne surprise que votre taux de carbone ait augmenté à ce point.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Moindreffor » 19/12/19, 16:26

VetusLignum a écrit :D’autre part, le foin n’est pas ce qu’il y a de plus riche en carbone ; donc c’est déjà une bonne surprise que votre taux de carbone ait augmenté à ce point.

c'est là un point important, foin peu riche en carbone mis en quantité apportera tout de même une certaine quantité de carbone et la paille peu riche en azote apportée en quantité apportera tout de même une certaine quantité d'azote

donc dire qu'un apport est riche ou pauvre en quoi que ce soit, sans parler de quantité d'apport ça n'a pas grand sens, c'est pourquoi quand on parle du foin on parle de C/N le sien est équilibré ce qui en fait un apport qui respecte le vivant

vouloir stocker le carbone c'est le sport à la mode, mais croire qu'on pourra remettre dans le sol, les tonnes de charbon extraites et brûlées pendant des décennies est illusoire
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 19/12/19, 17:35

VetusLignum a écrit :
D’autre part, le foin n’est pas ce qu’il y a de plus riche en carbone ; donc c’est déjà une bonne surprise que votre taux de carbone ait augmenté à ce point.


Là, je pense que tu t'égares. La MO c'est environ 55 % de C. Glucides, lipides, protides sot formés autour des molécules de C...

Foin, paille, feuilles mortes, et même le bois, il n'y a pas d'énormes différences sur le C.

Si le rapport C/N change autant, c'est N qui change. Dans un végétal frais, en fonctionnement, beaucoup de protéines, d'ADN, d'ARN etc... Bref, beaucoup de molécules du "fonctionnement", tout particulièrement des enzymes. Donc N.

Au fur et à mesure que le végétal devient plus fibreux, stocke des sucres sous forme de polysaccharides, etc, sa teneur en N diminue. Donc le C/N augmente.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 19/12/19, 17:43

VetusLignum a écrit :
Notons que, d’après elle, une racine vivante produit un carbone qui se stocke dans le sol de manière plus durable que celui qui est issu de la décomposition de résidus végétaux.



Alors reprenons mes analyses de sol : une prairie jamais travaillée depuis... ???? L'analyse révèle 4,3 % de MO. C'est très bien. Mais pas de "0,5 % qui s'ajoute chaque année"... Je pense même que vu que c'est le même régime au moins depuis plus de 20 ans, on est peu ou prou à l'équilibre pour ce système ("prairie fauchée une fois par an / foin exporté / pas de fertilisation")

Il a fallu que j'apporte les quantités de foin pour grimper à 5,1 % (je crois, de mémoire).

Donc cela ne change strictement rien à ce que j'ai dit : les taux de MO n'augmentent pas d'un claquement de doigt - même si les rhizodépositions sont plus durables, cela ne change rien au fait qu'elles pèsent peu (dans une prairie où les racines ne manquent pas et n'ont jamais été "dérangées").

Je ne sais pour les rhizodépositions, mais pour les glomalines, Fortin explique le contraire : ce sont des polysaccharides bien moins durables que les substances humiques (turn-over d'une dizaine d'années au lieu d'une centaine pour les substances humiques).

J'espère qu'elle l'a étudié avant d'avancer ça. Mais tu auras compris que vu la "qualité" de son raisonnement qui précède, joker !

Ma compréhension de la "logique du vivant" (sans avoir de moyens d'analyse, de tracer du C radioactif, etc), donc sous toutes réserves est que les rhizodépositions sont "faites pour" nourrir la rhizosphère. Et une nourriture, cela disparait vite. Si elles est bonne !

Mais joker. Je n'ai pas les moyens d'investiguer.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Adrien (ex-nico239) » 19/12/19, 17:50

Did67 a écrit :Il fait beau en mars. Qu'est-ce que je fais ? Je sème ? Je sème pas



Rien à voir avec la choucroûte....

Questions....

Mais ne pourrait-on pas semer «n'importe quand» ou «déjà»?

Il ne me semble pas que les graines de quoi que ce soit que nous cultivions craignent le froid non?

À part le fait de contrôler nous-même la «mise à l'air libre» de ces cultures d'été rien ne nous empêche de semer en août pour le printemps d'après ou maintenant ou 3 mois avant la bonne date... etc?

Si TOUTES les levées de dormance des graines des cultures d'été se résument à une «bête» remontée des températures sol/air c'est sur que c'est risqué

Mais ce risque existe-t-il pour toutes les cultures?
Tomates? Je crois que oui
Aubergines? J'en sais rien
Courgettes? J'en sais rien
etc

Avec la pommes de terre par exemple il y a un phénomène d'endodormance qui fait que même si les conditions sont idéales le tubercule ne germera pas avant «un certain temps».

Ce phénomène n'intervient que pour les tubercules de pommes de terre?

Avec la mâche et les carottes le cycle se fait tout seul et on ne craint pas grand chose car ce sont des cultures qui ne craignent pas trop le froid.
Cette année j'ai constaté la même chose avec les fèves...
Ça fait déjà 3 cultures qui s'auto entretiennent sans qu'on ait rien à faire c'est déjà pas mal ....
Et je pense que je pourrais rajouter les pommes de terre

À ce compte là il n'y aura plus qu'à laisser quelques fruits pourrir en terre et laisser faire ou est-ce irréaliste?

Peut-être que le risque de perte est BEAUCOUP plus grand qu'avec un semis ou des godets réalisés par nos soins au «bon moment»?

Le risque de surpopulation aussi sans doute : c'est un peu le cas avec la mâche d'ailleurs....

Bref si vous avez des réponses
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par VetusLignum » 19/12/19, 17:54

sicetaitsimple a écrit :Pour être plus sérieux, ce sujet a été déjà été abordé, je me permets de recopier un de mes posts:

Pour ceux que ça intéresse, le résumé de l'étude INRA en une dizaine de pages se trouve ici:
https://inra-dam-front-resources-cdn.we ... is-pdf.pdf
Comme déjà souligné dans le post d'Izentrop, 86% du potentiel d'accroissement des capacités de stockage seraient liés aux surfaces en grandes cultures, et l'augmentation de profondeur du "puit de carbone" français resterait malgré tout faible par rapport aux émissions actuelles (6,8%).


Edit: lien qui semble fonctionner contrairement à celui ci-dessus:
https://inra-dam-front-resources-cdn.we ... is-pdf.pdf



Ce document contient des conclusions très pessimistes sur ce qu’ils appellent le "semis direct" : "Dans le cas particulier du semis direct, on a considéré, à la suite de la revue de la littérature internationale, que le stockage additionnel était en moyenne positif sur l’horizon 0-30 cm, mais nul quand on considère toute la profondeur de sol, ce qui fait que cette pratique n’a pas été prise en compte pour les analyses relatives à l’atténuation".

Il y a en effet quelques études qui se concluent de cette manière, mais une revue de presse plus exhaustive livrerait des conclusions différentes (un exemple ici : https://www.nature.com/articles/s41598-019-47861-7).

D’autant plus, que, comme vous l’avez sans doute remarqué, la mode est à la lutte contre le glyphosate, et que dans ce contexte, il y a un intérêt à sous-évaluer les impacts positifs du "semis direct".

D’autre part, cesser de labourer et passer au semis direct n’est pas suffisant pour augmenter significativement la séquestration de carbone. Il faut, en outre, adopter une stratégie agressive en terme de cultures de couverture (cover crops), puis diminuer progressivement les intrants synthétiques (engrais et biocides).
https://cropwatch.unl.edu/2019/cover-cr ... and-planet
https://www.sciencedirect.com/science/a ... 0914004873
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par VetusLignum » 19/12/19, 18:35

Did67 a écrit :Je ne sais pour les rhizodépositions, mais pour les glomalines, Fortin explique le contraire : ce sont des polysaccharides bien moins durables que les substances humiques (turn-over d'une dizaine d'années au lieu d'une centaine pour les substances humiques).



Pourriez-vous donner la source vers les travaux de Fortin ? D’après mes recherches, la glomaline est un composant stable.

That study showed that glomalin accounts for 27 percent of the carbon in soil and is a major component of soil organic matter. Nichols, Wright, and E. Kudjo Dzantor, a soil scientist at the University of Maryland-College Park, found that glomalin weighs 2 to 24 times more than humic acid, a product of decaying plants that up to now was thought to be the main contributor to soil carbon. But humic acid contributes only about 8 percent of the carbon. Another team recently used carbon dating to estimate that glomalin lasts 7 to 42 years, depending on conditions.

“Anything present in these amounts has to be considered in any studies of plant-soil interactions,” Wright says. “There may be implications beyond the carbon storage and soil quality issues—such as whether the large amounts of iron in glomalin mean that it could be protecting plants from pathogens.” Her recent work with Nichols has shown that glomalin levels are even higher in some soils than previously estimated. “Glomalin is unique among soil components for its strength and stability,” Wright says. “Other soil components that contain carbon and nitrogen, as glomalin does, don’t last very long. Microbes quickly break them down into byproducts. And proteins from plants are degraded very quickly in soil.
https://www.hoormansoilhealth.com/pdf/U ... Carbon.pdf


D’autres lectures :
https://www.researchgate.net/publicatio ... ainability
https://www.nature.com/articles/s41598-017-02486-6
https://journals.plos.org/plosone/artic ... ne.0139623
https://www.nrcresearchpress.com/doi/pd ... src=recsys
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par sicetaitsimple » 19/12/19, 19:26

VetusLignum a écrit :Ce document contient des conclusions très pessimistes sur ce qu’ils appellent le "semis direct" : "Dans le cas particulier du semis direct, on a considéré, à la suite de la revue de la littérature internationale, que le stockage additionnel était en moyenne positif sur l’horizon 0-30 cm, mais nul quand on considère toute la profondeur de sol, ce qui fait que cette pratique n’a pas été prise en compte pour les analyses relatives à l’atténuation".

Il y a en effet quelques études qui se concluent de cette manière, mais une revue de presse plus exhaustive livrerait des conclusions différentes (un exemple ici : https://www.nature.com/articles/s41598-019-47861-7).


Désolé, mais je crois encore savoir lire l'anglais... Au paragraphe "discussion" de l'étude citée, il est écrit:
"Even though at least 178 experiments have been conducted evaluating the impact of no-till on SOC, there is still insufficient information to make precise estimates of the ΔSOC, particularly deeper in the soil profile2"

Bref la même chose en gros que ce que dit l'INRA.....
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