sicetaitsimple a écrit :VetusLignum a écrit :Ce document contient des conclusions très pessimistes sur ce qu’ils appellent le "semis direct" : "
Dans le cas particulier du semis direct, on a considéré, à la suite de la revue de la littérature internationale, que le stockage additionnel était en moyenne positif sur l’horizon 0-30 cm, mais nul quand on considère toute la profondeur de sol, ce qui fait que cette pratique n’a pas été prise en compte pour les analyses relatives à l’atténuation".
Il y a en effet quelques études qui se concluent de cette manière, mais une revue de presse plus exhaustive livrerait des conclusions différentes
(un exemple ici : https://www.nature.com/articles/s41598-019-47861-7).
Désolé, mais je crois encore savoir lire l'anglais... Au paragraphe "discussion" de l'étude citée, il est écrit:
"
Even though at least 178 experiments have been conducted evaluating the impact of no-till on SOC, there is still insufficient information to make precise estimates of the ΔSOC, particularly deeper in the soil profile2"Bref la même chose en gros que ce que dit l'INRA.....
Je ne parlais pas de leur étude, qui ne conclut pas grand chose, mais de leur revue de presse, que je vous copie ci-dessous, et où je mets en gras ce qu'a retenu l'INRA.
Scientists had a seemingly strong basis for promoting adoption of no-till management in croplands as part of a group of options to reduce the concentration of GHGs in the atmosphere and stabilize the climate system11. First, it was well known that conversion of forests and grasslands to croplands, which are cultivated by ploughing, leads to a large decline in soil organic C (SOC)12. Second, research demonstrated that no-till enhanced macroaggregate stability and microaggregate formation that led to greater protection of C from microbial decomposition13,14. Third, meta-analyses provided empirical evidence that there was more C in soils with conversion from an intensive, full tillage practice to no-till management15,16. Consequently, both empirical and mechanistic studies appeared to confirm that no-till led to higher amounts of C in soils, and over the past two decades, no-till has generally been a key part of GHG mitigation analyses17.
However, scientists began asking questions about the effectiveness of no-till as a way to mitigate GHG emissions18,19,20. After all, not all studies found that SOC stocks increased with no-till management21. Studies analyzed from Eastern Canada showed that inversion tillage incorporates crop residue C deeper into the soil profile, slowing decomposition and negating some of the benefit of no-till for storing C22. This led investigators to the conclusion that no-till management tends to increase C in the surface layer, but full tillage increases SOC deeper in the profile23. In addition, no-till tends to compact the topsoil, which increases the mass of the soil in the upper layer, compared to a soil that is ploughed. In fact, studies showed that there is no difference in the amount of C in soils with adoption of no-till management compared to full tillage, and that differences in SOC from the surface to the subsoil below the plow layer are explained by compaction and redistribution of SOC24. However, it has also been recognized that limited data have been collected at deeper depths, and that more samples are required to determine if no-till has an influence on the amount of SOC in the subsoil due to greater inherent variability25,26. These studies highlight the critical need for measuring SOC in the subsoil to determine the potential for no-till to sequester C26.
Maintenant, le plus important n'est pas là.
Ce que prônent les partisans de l’agriculture de conservation comme Frédéric Thomas ou Konrad Schreiber, ce n'est pas seulement le non-labour ; mais c'est aussi et surtout les cultures de couvert. Ce sont ces cultures qui fixent du carbone, et font la différence.
Si c'est juste du non-labour et qu'il n'y a pas de culture de couvert, alors que se passe-t-il ? Le labour met les résidus de culture en profondeur, où ils s'y décomposent mal et lentement (par manque d'air). S'il y a de fortes pluies, alors l’érosion emportera davantage de terre minerale, ce qui pourra même augmenter le taux de carbone. Alors qu'en cas de non-labour, les résidus vont se décomposer correctement (une partie de leur carbone devenant du CO2) et être incorporés par les vers de terre à proximité de la surface, avec réduction de l’érosion. Il y aura moins de terre à nu, donc moins de minéralisation du stock de carbone existant, et quelques adventices qui fixeront un peu de carbone.
Donc voila, sans une stratégie volontaire de cultures de couvert, il ne faut pas s'attendre à un effet spectaculaire du non-labour sur la séquestration du carbone ; mais ne parler que du non-labour, en mettant de côté les cultures de couvert, c'est biaiser le débat.