Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue

Agriculture et sols. Pollution, contrôles, dépollution des sols, humus et nouvelles techniques agricoles.
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Did67
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 19/12/19, 19:39

VetusLignum a écrit :
Pourriez-vous donner la source vers les travaux de Fortin ? D’après mes recherches, la glomaline est un composant stable.



J'ai cité de mémoire. Il me semble que c'est dans leur bouquin (???).

Je n'ai pas ma doc avec moi...

La plupart des macro-molécules sont "stables" - à leur rythme ! Aucune n'est éternelle, sinon on cheminerait sur des centaines de mètres d’épaisseur. Donc même stables, toutes se dégradent...

Il est d'ailleurs très approximatif de parler de "durée de vie", car s'agissant de substances "grignotées" petit à petit, ce serait plus juste de parler de "durée de demi-vie"...

J'ai dans ma tête, un taux de minéralisation d’environ 10 % pour les glomalines (contre 1 à 2 % pour les substances humiques). Cela ne me choque pas, car s'agissant de "polysaccharides", ce ne sont pas les molécules "dures à détruire", contre aux "polyphénols"...
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Did67
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 19/12/19, 19:41

"Another team recently used carbon dating to estimate that glomalin lasts 7 to 42 years, depending on conditions."

Cela me parait cohérent...
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 19/12/19, 19:50

"That study showed that glomalin accounts for 27 percent of the carbon in soil and is a major component of soil organic matter. Nichols, Wright, and E. Kudjo Dzantor, a soil scientist at the University of Maryland-College Park, found that glomalin weighs 2 to 24 times more than humic acid, a product of decaying plants that up to now was thought to be the main contributor to soil carbon. But humic acid contributes only about 8 percent of the carbon."

Là, cela me surprend beaucoup beaucoup plus !

Même si, en effet, actuellement, on assiste à une requalification des MO du sol. A priori, beaucoup de choses qu'on rangeait, faute d'y voir plus clair, sous "acides humiques" (ou "substances humiques" ou "humus") sont d'autres substances. Dont les glomalines...

Il reste un hic : la dynamique des minéralisations, le 1 à 2 %, est absolument certains. Il suffit de suivre les courbes d'évolution. Par exemple d'un sol où on coupe tout apport.

La courbe étant de type décroissance géométrique, le modèle mathématique donne en deux coups de cuillère à pot, les coefficients. Donc le taux de minéralisation descmatières organiques.

Et donc si les glomalines vont à la vitesse indiquée, c'est que les autres vont bien moins vite, pour que l'ensemble se minéralise à 1 à 2 %...

Et puis le % de la matière organique vivante que représente les hyphes des champignons est très faible. Imaginez que la sécrétions de ces champignons "pèse" autant ????? Je rappelle que TOUTE la MO VIVANTE du sol ne fait que 5 % de la MO TOTALE du sol. ET c'est les vers qui pèsent la moitié !

Reste une grosse part de mystère (de cohérence) dans tout cela pour moi.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Adrien (ex-nico239) » 19/12/19, 22:29

Did67 a écrit :Chez Labosol (c'est pas le LAMS), c'est 67 € et quelques TTC. Les données obtenues sont celles que j'ai mises dans l'Excel que j'ai publié.



Je ne retrouve plus l'Excel.

Où est-il :?: :oops:
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Adrien (ex-nico239) » 19/12/19, 22:33




J'aime bien ce genre de maxime

«Du vert c’est bon - et du vert toute l'année c’est encore mieux.»
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par VetusLignum » 20/12/19, 00:18

sicetaitsimple a écrit :
VetusLignum a écrit :Ce document contient des conclusions très pessimistes sur ce qu’ils appellent le "semis direct" : "Dans le cas particulier du semis direct, on a considéré, à la suite de la revue de la littérature internationale, que le stockage additionnel était en moyenne positif sur l’horizon 0-30 cm, mais nul quand on considère toute la profondeur de sol, ce qui fait que cette pratique n’a pas été prise en compte pour les analyses relatives à l’atténuation".

Il y a en effet quelques études qui se concluent de cette manière, mais une revue de presse plus exhaustive livrerait des conclusions différentes (un exemple ici : https://www.nature.com/articles/s41598-019-47861-7).


Désolé, mais je crois encore savoir lire l'anglais... Au paragraphe "discussion" de l'étude citée, il est écrit:
"Even though at least 178 experiments have been conducted evaluating the impact of no-till on SOC, there is still insufficient information to make precise estimates of the ΔSOC, particularly deeper in the soil profile2"

Bref la même chose en gros que ce que dit l'INRA.....




Je ne parlais pas de leur étude, qui ne conclut pas grand chose, mais de leur revue de presse, que je vous copie ci-dessous, et où je mets en gras ce qu'a retenu l'INRA.

Scientists had a seemingly strong basis for promoting adoption of no-till management in croplands as part of a group of options to reduce the concentration of GHGs in the atmosphere and stabilize the climate system11. First, it was well known that conversion of forests and grasslands to croplands, which are cultivated by ploughing, leads to a large decline in soil organic C (SOC)12. Second, research demonstrated that no-till enhanced macroaggregate stability and microaggregate formation that led to greater protection of C from microbial decomposition13,14. Third, meta-analyses provided empirical evidence that there was more C in soils with conversion from an intensive, full tillage practice to no-till management15,16. Consequently, both empirical and mechanistic studies appeared to confirm that no-till led to higher amounts of C in soils, and over the past two decades, no-till has generally been a key part of GHG mitigation analyses17.

However, scientists began asking questions about the effectiveness of no-till as a way to mitigate GHG emissions18,19,20. After all, not all studies found that SOC stocks increased with no-till management21. Studies analyzed from Eastern Canada showed that inversion tillage incorporates crop residue C deeper into the soil profile, slowing decomposition and negating some of the benefit of no-till for storing C22. This led investigators to the conclusion that no-till management tends to increase C in the surface layer, but full tillage increases SOC deeper in the profile23. In addition, no-till tends to compact the topsoil, which increases the mass of the soil in the upper layer, compared to a soil that is ploughed. In fact, studies showed that there is no difference in the amount of C in soils with adoption of no-till management compared to full tillage, and that differences in SOC from the surface to the subsoil below the plow layer are explained by compaction and redistribution of SOC24. However, it has also been recognized that limited data have been collected at deeper depths, and that more samples are required to determine if no-till has an influence on the amount of SOC in the subsoil due to greater inherent variability25,26. These studies highlight the critical need for measuring SOC in the subsoil to determine the potential for no-till to sequester C26.


Maintenant, le plus important n'est pas là.
Ce que prônent les partisans de l’agriculture de conservation comme Frédéric Thomas ou Konrad Schreiber, ce n'est pas seulement le non-labour ; mais c'est aussi et surtout les cultures de couvert. Ce sont ces cultures qui fixent du carbone, et font la différence.
Si c'est juste du non-labour et qu'il n'y a pas de culture de couvert, alors que se passe-t-il ? Le labour met les résidus de culture en profondeur, où ils s'y décomposent mal et lentement (par manque d'air). S'il y a de fortes pluies, alors l’érosion emportera davantage de terre minerale, ce qui pourra même augmenter le taux de carbone. Alors qu'en cas de non-labour, les résidus vont se décomposer correctement (une partie de leur carbone devenant du CO2) et être incorporés par les vers de terre à proximité de la surface, avec réduction de l’érosion. Il y aura moins de terre à nu, donc moins de minéralisation du stock de carbone existant, et quelques adventices qui fixeront un peu de carbone.
Donc voila, sans une stratégie volontaire de cultures de couvert, il ne faut pas s'attendre à un effet spectaculaire du non-labour sur la séquestration du carbone ; mais ne parler que du non-labour, en mettant de côté les cultures de couvert, c'est biaiser le débat.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Adrien (ex-nico239) » 20/12/19, 02:07

Il est bien évident que je ne maîtrise pas le sujet mais ...

Mais dans le pdf Régénération des sols : 5 principes fondamentaux Dr. Christine Jones voilà ce qui me parle (Charles :mrgreen: )



Les exsudats des racines vivantes sont, de toutes les sources de carbone, les plus riches en énergie.


Alors que chaque plante verte est une pompe à carbone et à énergie solaire, c'est la capacité photosynthétique et le taux de photosynthèse des plantes vivantes (plutôt que leur biomasse) qui conduisent à la bio-séquestration du carbone en sol stable.



Le carbone organique retient entre 4 et 20 fois son propre poids en eau. On peut comprendre que lorsque les niveaux de carbone sont épuisés, la capacité de rétention d'eau du sol est considérablement compromise.



On pourrait en citer d'autres mais ses écrits sont réellement clairs et passionnants
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par izentrop » 20/12/19, 09:45

Did67 a écrit :Je rappelle que TOUTE la MO VIVANTE du sol ne fait que 5 % de la MO TOTALE du sol.
1 à 3 % d'après ce dossier sur les sols bretons https://agriculture-de-conservation.com ... etagne.pdf
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par VetusLignum » 20/12/19, 10:41

Did67 a écrit :Alors reprenons mes analyses de sol : une prairie jamais travaillée depuis... ???? L'analyse révèle 4,3 % de MO. C'est très bien. Mais pas de "0,5 % qui s'ajoute chaque année"... Je pense même que vu que c'est le même régime au moins depuis plus de 20 ans, on est peu ou prou à l'équilibre pour ce système ("prairie fauchée une fois par an / foin exporté / pas de fertilisation")

Il a fallu que j'apporte les quantités de foin pour grimper à 5,1 % (je crois, de mémoire).

Elle n’a pas dit qu’on allait gagner 0.5% chaque année indéfiniment ; elle a juste dit que 0.5%, ça correspond aux émissions d’une année, et que c'est faisable.
Notez qu'il s’agit ici de convertir des champs cultivés ou d’anciennes prairies dégradées en prairies permanentes. Avec l’implantation d’espèces de plantes adaptées (aux racines profondes), avec une gestion du pâturage favorisant une maximisation de la biomasse ; il y a un potentiel important de stockage de carbone dans le sol, en profondeur, sur de nombreuses années. Rien à voir avec vos pratiques de jardinage avec mulch donc.
Par ailleurs, la prairie a l’avantage sur la forêt qu’elle ne brule pas.
https://www.nofamass.org/sites/default/ ... arming.pdf
http://www.fao.org/fileadmin/templates/ ... ion_19.pdf

En plus, elle dit
I’m disappointed to see that articles are still being published in internationally recognized peer-reviewed soil science journals — as recently as 2014 — downplaying the potential for carbon sequestration in agricultural soils. Predictably, these articles fail to mention plant roots, liquid carbon or mycorrhizal fungi. Many scientists have confused themselves — and the general public — by assuming soil carbon sequestration occurs as a result of the decomposition of organic matter such as crop residues. In so doing, they have overlooked the major pathway for the restoration of topsoil.

On en a vu une illustration avec l'article de l'INRA, qui ne mentionne pas les cultures de couvert.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par izentrop » 20/12/19, 11:12

VetusLignum a écrit :Notez qu'il s’agit ici de convertir des champs cultivés ou d’anciennes prairies dégradées en prairies permanentes. Avec l’implantation d’espèces de plantes adaptées (aux racines profondes), avec une gestion du pâturage favorisant une maximisation de la biomasse ; il y a un potentiel important de stockage de carbone dans le sol, en profondeur, sur de nombreuses années. Rien à voir avec vos pratiques de jardinage avec mulch donc.
Ok mais à part de l'élevage, tu ne fait rien d'autre.
En agriculture tu peux aussi stocker du C, du moment que tu apportes de la MO.
La méthanisation serait aussi un bon apport de carbone stable https://agriculture-de-conservation.com ... etagne.pdf
la méthanisation restitue de
40 à 60 % du C apporté dans les divers produits qui retournent au sol après digestion.
Ce carbone non digéré est principalement constitué de lignines et de cellulose protégée par les lignines.
En effet, le digestat contient du C sous des formes stables car la méthanisation ne
dégrade pas la totalité du carbone apporté (de 10 à 20 % de dégradation pour les
produits riches en lignine à 80 % pour des graisses par exemple). Seule la fraction
"labile rapidement dégradable" du carbone
est transformée en CH4 et CO2 durant la méthanisation. Les fractions de carbone les
plus stables des fumiers et divers co-produits apportés dans le méthaniseur, ne sont
pas détruits par ce processus. Le retour au
sol sous forme de digestat de cette fraction
de MO non dégradée participe à ce flux de C
qui enrichit le sol.
Durant les phases compostage ou un stockage des déjections, il y a des pertes de C
par dégagement de CO2. Si elles sont trop longues, cela peut aussi aboutir à la perte pour les sols de près de la moitié du C, sans
aucune récupération énergétique
Et le couvert, c'est mieux de l'enfouir, ce qui est logique.
Pour l’agriculteur, toutes les mesures qu’il
pourra mettre en œuvre pour limiter l’érosion et favoriser le stockage du carbone
(haie, bandes enherbée TCSL, enfouissement des couverts et déchets de cultures, apport de fumiers et compost, rotations avec
prairie…) seront de nature à protéger ses sols et à permettre à ces derniers de s’adapter aux mieux aux changements climatiques 2 .
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