Julienmos a écrit :
Par contre je n’en dirais pas autant de mes légumes… beaucoup de dégâts (surtout les loches, mais encore les altises… et le mildiou), démarrage des plants très laborieux, j’ai dû resemer et repiquer plus d’une fois, because dépérissement, lent ou parfois brutal, difficile d’en savoir les causes exactes, surtout moi qui ai des connaissances très limitées en la matière.
Il m’arrive de me balader dans les petites rues de mon village, il y a là des potagers près des maisons, cultivés de manière très traditionnelle, le sol reste nu toute l’année ! la terre est binée, finement émiettée, pas une mauvaise herbe…
et avec ça, de très beaux légumes ! par ex des pieds de tomates sans la moindre trace de maladie, avec de nombreux fruits déjà bien mûrs (alors que chez moi, ma première tomate commence à peine à rosir), dessous de belles rangées de salades. Et plein d’autres légumes au feuillage bien vert et bien développé, pas des trous partout comme chez moi…
en parlant avec les propriétaires, on apprend qu’ils ont très peu de limaces, jamais de campagnols ! Est-ce à cause de la situation de ces jardins, coincés entre les maisons, loin de toute prairie ?
Y a que leurs pommes de terre qui ont attrapé le mildiou aussi, là personne n’y a échappé.
Par contre, les tomates étaient protégées par des housses transparentes, qu’ils relèvent par temps sec. J’avais pourtant lu que de telles housses étaient déconseillées, trop étroites etc… et pourtant ça semble marcher.
Bref, de quoi se demander à quoi ça sert de se décarcasser à tout bien pailler soigneusement, puisque ces exemples semblent montrer que ça marche aussi bien, mieux même ? sans aucune couverture du sol.
Une excellente remarque !
Qui me montre que je ne suis pas assez précis.
1) Tu ne trouveras pas, je pense (ou alors j'ai dérapé), de texte de ma part expliquant que le système intensif ne marche pas, ou ne marche pas bien ! J'ai surement écrit plusieurs fois le contraire.
Mettre des plantes sous perfusion, stériliser le sol, traiter contre tout, c'est comparable à "hospitaliser" une culture.
Sélectionner des variétés ultra-précoces, mais très fragiles, ne pose pas de problèmes si on a toute une armada de produits pour "traiter"...
Les rendements n'ont jamais été aussi élevés, ni aussi réguliers (indépendants de la météo). L'agriculture intensive est productive et résiliente (elle résiste aux chocs). Fruits et légumes sont "calibrés", normés, "beaux", réguliers... Attrayants au supermarché.
Les problèmes sont ailleurs : faible rendement énergétique (ou énormes dépenses en énergies fossiles, qui ne vont pas durer) ; érosion des sols et coulées de boues ; résidus de pesticides et santé humaine ; effets collatéraux des pesticides sur la biodiversité, sur l'écosystème ; bilan économique ; dépendance économique... Etc... Etc... Je résume. C'est donc la durabilité du système qui est posée et ses effets collatéraux.
Donc si tu ne regardes que la précocité, quantité, calibre : rien à dire. C'est imbattable. Il suffit de fermer les yeux sur l'essentiel : la vie, la durabilité, le bilan...
2) A l'inverse, une "agriculture sur des bases naturelles" est dépendante d'un système complexe, notamment dans le sol ; elle est liée à la nature, donc dépendant de la météo, des équilibres qui peuvent se déséquilibrer...
Cette année, dans mon jardin, il a fait trop humide et trop froid.
Les vers n'ont pas travaillé comme les autres années. Je pense qu'ils sont descendus. Se noient-ils ?
Le sol couvert est resté froid. Il l'est encore !!! Les cycles naturels ont peu ou pas fonctionné. J'ai essayé de semer il y a environ 3 semaines : j'ai rencontré une sorte de chewing-gum, une gadoue que je ne pouvais "travailler" pour enterrer mes graines avec mon outil à 3 dents...
Les parasites en ont profité : j'ai eu plus de limaces, de façon plus durable (d'habitude, j'ai un rapide épisode sur les premiers semis, et elles "disparaissent" ; là, cela vient juste de commencer à disparaître il y a une dizaine de jours !).
Les pucerons ont occupé la scène pendant presque deux mois. Les températures basses ont bloqué la multiplication des coccinelles et sans doute d'autres auxiliaires.
Les fourmis, qui "traient" les pucerons, n'ont jamais été aussi nombreuses. Autour de fourmilières (comme je n'en avais jamais eues), j'ai remarqué qu'il n'y avait plus les taches blanches du mycélium. Je pense que les fourmis l'avait mangé.
Donc oui, mon jardin est durable. Il a un rendement ramené à l'effort ou à la surface généralement élevé. Il n'utilise pas de pesticides. Il n'empoisonne personne. Il peut encore fonctionner ainsi dans mille ans, quand il n'y aura plus de pétrole, plus d'engrais, plus de pesticides... Le sol s'améliore au lieu de se dégrader... Aucune trace d'érosion, pas de ruissellement en surface...
Mais ce n'est pas un "hôpital stérile". C'est un terrain de jeu sauvage, jamais pareil, où on rit, où on se blesse, où on tombe...
3) Pour ma part, il est évident que les sols nus se réchauffent plus vite ( la couverture du sol est isolante) et se dessèchent plus vite (la couverture empêche l'évaporation sous l'effet du vent). C'est un effet très négatif quand il fait sec ou "normal" : il faudra bien vite arroser. C'est un avantage quand il fait très humide : on peut intervenir sur une petite fenêtre de beau temps.
4) Le travail du sol, même s'il est négatif, n'est pas rédhibitoire. Tu m'as surement déjà vu écrire qu'en ce bas monde, rien n'est jamais tout noir, rien n'est jamais tout blanc. Il n'y a que des nuances de gris.
Le gros inconvénient, c'est d'abord qu'une fois commencé, il faut travailler et travailler et travailler encore... Galère à laquelle je veux échapper.
Tu parles de charges de travail pour couvrir le sol, et tu as raison : cela ne se fait pas tout seul. Mais essaye de maintenir un carré "propre" et tu verras la différence.
Pour certains, le jardin est une salle de gym : rien à redire ! C'est très bon pour leur santé - peut-être pas le dos !
Enfin, en ce qui concerne les "cycles naturels", ne pas oublier que même celui qui maintient le sol nu laisse une petite moitié de la biomasse de ses légumes dans le jardin : les racines ! Et nombreux sont ceux à restituer, sous une forme "digérée", de la matière organique : fumier, composts...
Donc sol propre ne veut pas dire absence de matière organique. Cela veut dire moins de matière organique fraiche que ce que nous utilisons dans nos systèmes.
Les organismes du sol travaillent. Même contrariés, ou coupés, les vers sont là. Les bactéries, les champignons aussi. Pas en même quantité. Mais là.
Pour moi, ce n'est pas un "optimum". C'en est loin. Mais ce n'est pas "mortel" !
5) Souvent les murs, s'ils sont bien orientés, sont des réservoirs de chaleur. Il y a deux ans, j'ai eu des tomates jusque fin octobre contre le mur sud de ma maison, sous le débord du toit. Chaleur conservée par le mur = favorise les tomates ET a évité la condensation à l'automne. Débord du toit = abrité des pluies ! Idéal.
Depuis Louis 14, on connait les murs comme réservoir de chaleur - voir le jardin du roi à Versailles. Pour des plantes sensibles, ce serait une super-solution. Mais bon, c'est du travail. Pas dans mes cordes ! Des fois, les murs dans certains jardins solutionnent cela naturellement.
L'idée a été reprise :
Le mur Trombe, invention de Félix Trombe, un mur capteur qui accumule le rayonnement solaire du jour et le restitue pendant la nuit tire profit de cette inertie et de l'énergie solaire passive.6) Oui, protéger les tomates de l'eau est la méthode la plus efficace pour lutter contre le mildiou. Il faut de l'eau aux spores de champignons pour germer. C'est la pluie ou la rosée au petit matin. Ceci explique le développement du mildiou en année normale à partir de mi-août environ. C'est le moment, chez moi, où au petit matin, la rosée se forme : tu descends au jardin avec tes claquettes et tu sens que ça mouille !
J'avais l'intention de mettre un toit transparent sur mes tomates pour cette raison... Je n'aime pas les housses car dans certaines circonstances, elles peuvent provoquer de la condensation et à ce moment-là, elles favorisent le mildiou.
Cette année, la problématique était la pluie. Quand il pleut, la température nocturne baisse peu. Il n'y a pas de condensation. Mais ces housses ont été d'excellents parapluies ! C'était donc approprié.
Ce qui est "bien" ici à tel moment est négatif ailleurs, à un autre moment. Se méfier comme de la peste des généralisations. "Ceci est génial" ! "Cela ne marche pas" ! Avec des sentences absolues et définitives, on est sûr... de se tromper !
Le système que je veux mettre en place, le toit transparent, me semble le meilleur compromis : ne condense pas quand il fait contrasté ET protège de la pluie. L'air circule bien, au petit matin...
Là aussi, c'est un point sur lequel je reviendrai.