Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue

[chatelot16]

a quoi ça sert de couvrir le sol a la saison ou il est souhaitable que ça se rechauffe ? ne vaut il pas mieux laisser le sol libre quand le rechauffement est utile , et ne couvrir que quand la surchauffe est nuisible ?

[Did67]

Pour comprendre ça, il faut reprendre le tout ensemble :

- je veux de bons légumes, sans travailler (sans travail du sol et avec un minimum d'autres "travaux divers" - je ne fais pas, par exemple, de buttes, je ne prépare pas de préparation, je ne composte pas...).
- pour cela, il faut que je contrôle les adventices
- pour cela, il faut que je maintienne une couverture permanente suffisante du sol (sinon, cela germe).

L'un des prix à payer est en effet, le fait que le sol reste plus froid plus longtemps. Normalement, je prends 15 jours de retard, que je rattrape quasiment par la suite...

Et que je récupère à l'automne / entrée de l'hiver, où mon sol reste plus chaud plus longtemps.

Mais si la question de la précocité est déterminante, on pourrait, en effet, imaginer une meilleure organisation, et, avec un peu plus de travail :

- découvrir le sol à l'arrivée du printemps
- attendre un peu
- recouvrir à nouveau...

[Julienmos]

le BRF par contre, je crois qu'il vaut mieux ne pas y toucher ... ?

[Did67]

Ce sera moins facile, en tout cas...

Dans les deux cas, on détruit un peu le réseau de filaments de champignons qui se sont formés. Je fais l'hypothèse qu'ils se reconstituent vite...

Je ne sais pas s'il y a une différence significative entre le BRF et le foin ????

Tu pensais à quoi ?

[Julienmos]

justement à cause de ces filaments (champignons) de manière à ne pas les briser.

A propos de champignons, j'en ai plein actuellement sur mon paillis de foin, en raison de l'humidité (énormes averses orageuses 2 jours de suite).

J'ai semé des navets l'autre jour: sur une petite parcelle qui était recouverte de foin.
J'ai complètement écarté ce foin d'abord.
Dessous, la terre humide, facile à travailler...
j'ai gratté mes sillons, semé mes graines, mais n'ai pas recouvert avec la même terre, car étant argileuse, je ne la trouve pas assez fine pour cela, j'ai peur que les petites graines, semées très peu profond, ne soient pas bien recouvertes. J'ai donc préféré utiliser un terreau de semis.

Je pense que ce problème, je le rencontrerai encore l'an prochain, quand il s'agira de semer comme tu le fais, dans des sillons découpés dans le foin... j'imagine que tu as une terre assez fine, pas de particules trop grossières ? sachant que tu n'utilises ni terre de taupinière, ni terreau du commerce pour les semis.

[Did67]

J'utilisais...

Cette année, j'ai semé dans des "gadoues", les sols étant toujours détrempés, et cela n'a pas marché. Ou plutôt pas bien marché.

Je vais sans doute adapter mon système, les années ou les périodes où la terre est trop humide :

- soit planter, en préparant les semis en caissette (salades, choux, poireaux,etc...) ; mes plants se sont très bien comportés (même si du fait de l'humidité et du froid, ils ont parfois aussi végétés ; mais j'ai eu de très belles salades repiquées racines nues, alors que mes semis en pleine terre n'avaient pas levés)

- soit, éventuellement, recouvrir de terreau de semis (je ne suis pas certain qu'ayant semé dans de la gadoue, cela aurait suffit ! Il faut essayer)...

[Did67]

Les compteurs tournent !

Bienvenue à mes nouveaux lecteurs, suite à un article paru sur le site potagerdurable.com : http://potagerdurable.com/reportage-au- ... -paresseux

Les vidéos sur Youtube aussi connaissent du coup un succès grandissant. La vidéo sur une "visite virtuelle du potager du paresseux" est en chantier... et devrait paraître un de ces jours.

Je me fais plaisir, même si l'année n'est pas idéale !

[Julienmos]

pendant que j'y pense...

quelle est ta position par rapport aux engrais verts? apparemment ils n'ont pas leur place au jardin du paresseux ?

perso à la mi-septembre dernier, j'en avais semé, sur deux petites parcelles qui venaient de se libérer.

Sur l'une, j'avais mis de la moutarde. Elle avait bien poussé (pas autant que je l'espérais, mais j'avais semé un peu tard). Détruite par le gel en hiver. J'ai trouvé que la couverture qui en restait, au printemps, était plutôt maigre, pourtant j'avais semé assez dru.

Sur l'autre parcelle, j'avais semé un mélange acheté dans le commerce (30% raygrass italien, annuel - 60% trèfle incarnat, trèfle rouge et trèfle de Perse - 10% de phacélie). Au début, on voyait bien le trèfle, mais il ne poussait pas vite, la phacélie a fini par prendre le dessus et plus tard j'ai été déçu de constater que le trèfle avait complètement disparu !
là encore, après destruction par le gel, ça n'a pas donné une biomasse très importante, pas de quoi bien recouvrir le sol...

[Did67]

Si, mais je n'en parle pas beaucoup, parce que je ne m'en préoccupe pas beaucoup.

- d'un coté, essayant d'avoir toujours le sol couvert de foin (en général), ou de BRF, cela m'enquiquine de semer des engrais verts : c'est du travail ; faudrait enlever le foin ou ouvrir des sillons !

- néanmoins, lorsqu'une planche est "désaffectée" pendant une durée assez longue, il m'est déjà arrivé de semer un engrais vert particulier : le trèfle d'Alexandrie.

- pourquoi ça et pas autre chose ? Parce que c'est une légumineuse (fabacée) qui va fixer l'azote de l'air via la symbiose dans ses racines avec des bactéries particulières (le rhizobium). C'est donc une "pompe à azote" dans mon système. C'est utile. Et ensuite parce que ce trèfle est gélif. Donc semé en année n, il va croître très vite et occuper la scène. Puis l'hiver va le tuer et l’aplatir : le "paillage" est fait sans travail à la sortie de l'hiver. Reste plus qu'à compléter / homogénéiser au printemps n+1 !

- dans la vidéo que je prépare sur une "visite virtuelle", qui sera très vite en ligne, justement, je montre un coin "en friche" et j'explique que l'engrais vert le plus peinard, celui du "Potager du Paresseux", c'est de laisser pousser les "mauvaises herbes". Pourquoi se fatiguer et installer par un dur labeur ce que la nature fait si bien toute seule ? Mais cette idée iconoclaste risque de conduire au rejet de ma façon de faire chez les esprits un peu obtus !

Je l'ai aussi déjà évoqué : ma recherche va dans le sens de cultiver sous couvert végétal vivant ! Mais il faut "trouver" les plantes non utiles qui correspondent au "cahier des charges" : ne pas dominer, se laisser dominer voire régresser lorsqu'elles sont dominées ; se laisser ratatiner facilement (rouleau ?).

Mais ce n'est pas une si grande préoccupation : mon sol est meuble et protégé, mes organismes sont nourris... Il reste juste que je ne "capte" pas bien les éléments minéraux encore minéralisés à l'automne, alors que mes légumes ne poussent plus ou ont été récoltés. Ce lessivage possible, probable même, de nitrates (essentiellement) me chiffonne. Et c'est pour ça et uniquement pour ça que je garde en tête l'idées des engrais verts.

A noter : une bonne couche de BRF par l'effet "faim d'azote", peut avoir un effet comparable, par ce qu'on appelle la "réorganisation de l'azote" = l'azote minéral va être absorbé et transformé en azote organique par les micro-organismes dont la multiplication est stimulée, mais qui ne trouvent pas dans le bois l'azote dont ils ont besoin... C'est pour ça (entre autres) que je l'apporte toujours à l'automne...

[Did67]

Sur l'une, j'avais mis de la moutarde. Elle avait bien poussé (pas autant que je l'espérais, mais j'avais semé un peu tard). Détruite par le gel en hiver. J'ai trouvé que la couverture qui en restait, au printemps, était plutôt maigre, pourtant j'avais semé assez dru.

Sur l'autre parcelle, j'avais semé un mélange acheté dans le commerce (30% raygrass italien, annuel - 60% trèfle incarnat, trèfle rouge et trèfle de Perse - 10% de phacélie). Au début, on voyait bien le trèfle, mais il ne poussait pas vite, la phacélie a fini par prendre le dessus et plus tard j'ai été déçu de constater que le trèfle avait complètement disparu !
là encore, après destruction par le gel, ça n'a pas donné une biomasse très importante, pas de quoi bien recouvrir le sol...

Tu sembles découvrir que les plantes, c'est essentiellement de l'eau !??

Le trèfle rouge est gélif ? Je suis surpris.

Comme écrit à l'instant, pour moi, l'objectif essentiel est de capter les nitrates encore présents pour éviter leur lessivage. Dès lors, en automne, je ne mettrai pas de légumineuses mais plutôt des plantes "voraces" en azote, telles que les crucifères...

La biomasse produite ne sera pas assez "vieille", pas assez cellulosique, et un peu comme des tontes de gazon, se décomposera et se minéralisera très vite. L'azote capté sera alors mis à la disposition des plantes.

Lorsqu'on ne couvre pas le sol, et on ne prends pas autant soin des vers et organismes vivants du sol, les racines (notamment pour la phacélie) font alors un certain "travail" du sol et le rendent plus grumeleux.

Pour moi, dans mon système, ce n'est pas une priorité, mais pas nuisible. C'est surtout u truc de jardinier "à cultures sur sols nus" ou "à culture avec du compost", qui doivent ainsi ameublir la terre !

Cela a deux effets intéressants dans ma façon de faire :

- retenir l'azote nitrique (nitrates) encore présent à l'automne...

- entretenir la rhizosphère, c'est-à-dire le "film vivant" de bactéries et champignons qui entourent les racines ; ça, mon foin ne le fait pas !

Mais comme dit, ce n'est pas si facile à introduire dans le système sans se fatiguer !