Extraits de Rue 89 le 04/03/2015, par Thibaut Schepman, qui a écrit :Tomates sans arrosage ni pesticide : cette méthode fascine les biologistes
Les méthodes de Pascal Poot, loin de l’agriculture moderne, sont aussi hyperproductives que naturelles et peu coûteuses.
Des scientifiques pensent y trouver des réponses au changement climatique
— "Ici, le terrain est si caillouteux et le climat si aride que les chênes vieux de 50 ans sont plus petits que les hommes!"
Pourtant, chaque été, les tomates Poire jaune et autres Noires de Crimée poussent ici dans une abondance folle.
Sans arrosage malgré la sécheresse, sans tuteur, sans entretien et bien sûr sans pesticide ni engrais, les milliers de plants de Pascal Poot produisent jusqu’à 25 kg de tomates chacun.
Son secret ? Il tient dans une sélection particulière des graines [...]
— Pascal Poot dissémine aujourd’hui ses graines sur du terreau, dans des jardinière [c'est ce qui m'a fait réagir avec le terreau de Did67]
— Il place ses jardinières sur un énorme tas de fumier en décomposition, dont la température atteindra bientôt 70 degrés pendant plusieurs jours, chauffant la serre et permettant la germination des graines.
— La technique, appelée "couche chaude", est très ancienne.
— C’est elle qui permettait aux maraîchers parisiens du XIXe siècle de récolter des melons en pleine ville dès la fin du printemps.
— C’est elle qui permet à Pascal Poot de faire germer chaque année des milliers de plants de tomates, aubergines, poivrons...
— Et ce, avant de les planter sur son terrain et de ne plus s’en occuper jusqu’à la récolte.
— La raison pour laquelle ça marche c'est que la plupart des plantes qu’on appelle aujourd’hui “mauvaises herbes” étaient des plantes que l’on mangeait au Moyen-Age, comme l’amarante ou le chiendent...
— Pascal Poot s'est toujours dit que si elles sont si résistantes aujourd’hui c’est justement parce que personne ne s’en est occupé depuis des générations et des générations [d'où sa mise en pratique et là ça rejoint ton fil Did...].
Puis des chercheurs sont venus voir Pascal Poot. Parmi ces chercheurs, on compte Bob Brac de la Perrière, biologiste et généticien des plantes et coordinateur de l’Association environnementale Bede. Les chercheurs commencent seulement à comprendre les mécanismes biologiques qui expliquent le succès de la méthode de Pascal Poot, assure Véronique Chable, spécialiste du sujet à l’INRA-Sad de Rennes et qui a mené des recherches sur les sélections de Pascal Poot depuis 2004
La méthode:
1) Tout le monde essaye de cultiver les légumes en les protégeant le plus possible, Pascal Poot au contraire essaye de les encourager à se défendre eux-mêmes...
2) Pascal Poot a commencé à planter des tomates sur un terrain plein de cailloux il y a une vingtaine d’années, à l’époque il n’y avait pas une goutte d’eau.
3) Tout le monde pense que si on fait ça toutes les plantes meurent mais ce n’est pas vrai. En fait, presque tous les plants survivent. Par contre on obtient de toutes petites tomates, ridicules.
4) Il faut alors récolter les graines du fruit et les semer l’année suivante.
5) Là on commence à voir de vraies tomates, on peut en avoir 1 ou 2 kg par plant. Et si on attend encore un an ou deux, alors là c’est formidable [...] et jamais de mildiou.
6) Bob Brac de la Perrière:
— "Pascal Poot sélectionne ses semences dans un contexte de difficulté et de stress pour la plante, ce qui les rend extrêmement tolérantes, améliore leur qualité gustative et fait qu’elles sont plus concentrées en nutriment".
7) Véronique Chable:
— "Son principe de base, c’est de mettre la plante dans les conditions dans lesquelles on a envie qu’elle pousse. On l’a oublié, mais ça a longtemps fait partie du bon sens paysan"
— "on appelle cela l’hérédité des caractères acquis, en clair il y a une transmission du stress et des caractères positifs des plantes sur plusieurs générations".
— "Il faut comprendre que l’ADN est un support d’information très plastique, il n’y a pas que la mutation génétique qui entraîne les changements, il y a aussi l’adaptation, avec par exemple des gènes qui sont éteints mais qui peuvent se réveiller".
— "La plante fait ses graines après avoir vécu son cycle, donc elle conserve certains aspects acquis. Pascal Poot exploite ça extrêmement bien, ses plantes ne sont pas très différentes des autres au niveau génétique mais elles ont une capacité d’adaptation impressionnante".
8} Kevin Sperandio, artisan semencier:
— "Le fait que les semences de Pascal Poot soient adaptées à un terroir difficile fait qu’elles ont une capacité d’adaptation énorme, pour toutes les régions et les climats".
Pour les autres petits secrets, c'est ici en fin d'article:
http://rue89.nouvelobs.com/2015/03/09/t ... tes-257958