Julienmos a écrit :
avec du foin plutôt que du BRF, il n'y aura sans doute pas de faim d'azote? mais il faudra sûrement plus de temps encore pour faire d'un potager classique (avec travail du sol) un potager au sol vivant ne nécessitant plus de décompactage ? c'est aussi, je crois, la raison pour laquelle tu préconises de commencer un potager directement sur une prairie (qui a un sol bien vivant) ?
J'ai quelques divergences avec le point de vue de Mulet ou Konrad Schreiber
Notamment, focalisés sur le rapport C/N, ils en oublient, selon moi, l'ensemble des phénomènes, des cycles du sol... Et jonglent un peu avec les matières organiques comme si cela se réduisait à un rapport C/N !
Pour moi, ce qu'on "donne à manger", en amont du système, au sol va conditionner ce qui se passe après. Même si, bien entendu, la nature finit toujours par tout équilibrer, au bout du compte... Mais ce bout du compte peut-être atteint plus ou moins vite, plus ou moins facilement...
Je veux être clair : soigner un sol est plus complexe que soigner un animal qui est plus compliqué que soigner un être vivant. Le médecin a des indices (températures, scanner, IRM), il a ce que lui dit le patient, comment cela est venu, les douleurs ou divers symptômes. Le vétérinaire a des signes, mais beaucoup moins, l'animal ne parle pas. Il peut ne pas manifester clairement ce qu'il a, simplement être abattu, ne plus être aussi bondissant... Donc le vétérinaire tâtonne un peu, balance des vitamines et des antibiotiques à large spectre et espère que cela va aller. L'agronome, lui, n'a que de très vagues signes - il ne voit même pas l'essentiel (champignons, bactéries) ; il "voit" peu les dysfonctionnements dans les cycles, etc... Il voit de façon très indirect certaines manifestations (cela "jaunit", cela est malade)...
Ceci pour dire quoi : déjà les médecins, qui ont une vision plus claire ne sont pas d'accord entre eux... Alors imaginez les agronomes. Il y a là un très large spectre d'interprétation. Et des possibilités incessantes de se tromper. D'insister sur quelque chose qui est moins important qu'on ne le pense...
Donc pour dire : si mon avis diverge de celui de x ou y, nil ne peut dire aujourd'hui avec certitude qui a tort, qui a raison...
Le retour des vers de terre est, à mon avis, liée à leur faible taux de reproduction, s'agissant des anéciques... Donc, je pense en effet, que si on part d'un sol travaillé pendant longtemps, avec une population réduite à 5 % de ce qu'elle serait dans une prairie ou un sol non travaillé, il faudra du temps. Les références semblent indiquer une demi-douzaine d'années.
Je ne sais pas si apporter du foin plutôt que de la paille ou du BRF est déterminant. Je serais tenté de dire non. Ce n'est pas là que cela joue, même si je pense que le foin nourrit sans doute mieux les anéciques... Cela ne pourra être tout au plus qu'une nuance - un ou deux ans de gagnés ?
Donc oui, quand on le peut, foin ou pas foin, phénoculture ou pas phénoculture, il vaut mieux partir d'un sol vivant (prairie, friche) que d'un sol matraqué. Quoiqu'on fasse !
Il est évident que cela est plus facile à suivre comme conseil pour un "jardinier amateur" que pour un "professionnel", qui a ou n'a pas, des prairies disponibles !
Le décompactage, on l'a vu dans mes vidéos, n'est pas un problème. J'invite à regarder la vidéo sur les légumes-racines, et on voit avec quelles difficultés je sors la patate douce de la prairie dans laquelle je l'avais plantée sans aucun travail du sol.
On voit aussi que les autres phénomènes (bactéries et leurs gus, champignons et leurs glomalines) déclenchent une aggradation très rapide, au bout de quelques. Ceci pouvant être variable selon la nature du sol de départ. J'attends avec impatience des "retours d'expérience" des nouveaux phénoculteurs. J'ai eu plusieurs fois des retours exprimant la "surprise" devant la vitesse avec laquelle l'aggradation des sols s'était produite. Un point sur lequel un "réseau" permettrait de voir au-delà de mon expérience, forcément conditionnée par "mon" sol et "ma" position, "mon" climat... Je suis convaincu, mais n'ai pas les moyens de le "prouver", que l'apport de foin, matière organique équilibrée, booste ces mécanismes (aggradation). Donc un point de divergence sur lequel je pense avoir raison. Mais aucun moyen de le prouver !
Et il ne faut jamais oublier que chacun prêche pour sa chapelle ! Moi le premier !