Julienmos a écrit :
ceci me fait penser au compost, où l'on conseille de mélanger du "vert" et du "brun", feuilles mortes, petits branchages même...
d'ailleurs mettre des trucs trop ligneux ne me semble pas une bonne idée, puisque la déc de la lignine est aérobie je crois ? mais du bois, il y en a pas seulement en surface du tas, donc mauvaises conditions pour les champignons.
Je vais essayer de t'expliquer :
- les substances humiques stables ont un rapport C/N voisin de 10 ; c'est comme ça (comme un homme non diabétique à une glycémie de 1 g/l) ; un "choix" de la nature lié au fonctionnement de ces substances, à leur "composition"...
- la matière organique que tu "décomposes", va connaitre un double sort : a) une partie va se détruire complètement" donc se "minéraliser" ; elle va donner l’énergie aux organismes qui bossent (comme quand tu brules ton bois, pour dégager l'énergie, tu déglingues les molécules jusqu'au bout, pour faire du CO² et de l'H²O) ; il restera aussi les "cendres" dont les organismes n'ont que faire, en l’occurrence ce sont les minéraux (N, P , K and Co) ; b) une autre partie, issue de la décomposition de la lignine, va commencer par être démantibulée, mais finalement, va prendre un autre chemin : les organismes vont se servir de ces débris pour fabriquer quelque chose de nouveau, des "grosses molécules", qu'on appelle les substances humiques (et qui ont plein de propriétés particulières, toutes très favorables à la fertilité des sols)...
Pour prendre une image, c'est comme si on cassait un quartier pour en construire un nouveau ; une partie des débris, on les brule (les lambris, les huisseries trop compliquées à réutiliser, etc). Mais une partie, on recyclerait : les poutres, des briques encore en bon état, une belle cheminée...
- lorsque le mélange de départ a un rapport C/N voisin de 25, on constate qu'il y a juste "ce qu'il faut" ; une partie des molécules carbonées vont être "flambées" pour fournir l'énergie, et le reste va servir de briques pour construire, avec l'azote, les substances humiques. Donc grosso modo sur les 25 (par rapport à 1 d'azote N), 10 vont servir de briques (te on aura donc bien C/N = 10) et 15 vont servir de "combustible" et se retrouver dans l'air sous forme de CO²...
Par ailleurs, seules les substances dérivées de la lignine vont prendre la seconde voie. D'où l'importance de ne pas mettre que des "déchets verts" riches en azote, très pauvres en cellulose et sans lignine...
Voilà pourquoi pour faire un "bon compost", avec des substances humiques dans le produit final, il faut un bon mélange, avec des substances "brunes" (donc cellulosiques et ligneuses). [je rappelle que "brune" est abusif, mais communément utilisé : le foin, par dessèchement, est "brun" mais n'est pas une "substance brune"]
Tous les processus de décomposition "efficaces", ou "utiles", sont aérobies... La minéralisation aussi. C'est bien pour ça qu'il faut "retourner" les tas, les andains... Et c'est bien pour ça que je pense qu'une décomposition de surface, avec une large surface de contact avec l'air, est plus efficace et mois contraignante. Que le carton est une mauvaise idée. Qu'enterrer des déchets fermentescibles, une catastrophe. Et que je disais qu'il y avait sans doute une "limite" aux couches de bois ou de BRF, même si elles sont naturellement très perméables.
Les champignons sont tous "aérobies".
Mais chez les bactéries, il existe des familles qui peuvent se passer d'oxygène. Qui ont inventer d'autres formes de "réactions chimiques" que les oxydations, pour se fournir en énergie. Par exemple les bactéries anaérobies qui décomposent les biomasses en méthane (bactéries méthanogènes). Ou le soufre en hydrogène sulfuré H²S (le gaz qui pue). Que ce soit dans un méthaniseur ou... dans notre colon (où cela va conduire à nos flatulences - c'est comme ça qu'on dit proprement je crois ! Eh oui, je tiens mes promesses !). Donc ne l'absence d'oxygène l' activité ne s'arrête pas, mais "bascule" vers des procédés non souhaitables (le méthane relâché est 22 fois plus puissant question "effet de serre" que le CO² ; c'est donc une catastrophe "écologique"). Les bactéries qui digèrent la cellulose du foin dans la panse des ruminants font la même chose. Et du coup, les ruminants, qui eux éructent (oh que cela est bien dit !), sont une grosse source de gaz à effet de serre, au grand dam de la Nouvelle-Zélande !
Pour ne revenir au compost, il faut donc bien aérer si on veut "inhiber" les bactéries anaérobies et éviter cela. Et ne favoriser que les aérobies, qui font le "bon boulot", en rejetant du CO²...
Bon, c'était un peu plus long que prévu...