sicetaitsimple a écrit :papyrazzi a écrit : Mais je pense que le foin est bien meilleur en apport "complet" que ne le sont les aiguilles (j'avais constaté cela les saisons 2014-2015 en utilisant, après trempage, des herbes hautes -communément appelées foin- fauchées tardivement).
Merci de ce témoignage sur des années d'expérience, visiblement orientées tout azimuths en termes d'expérimentations diverses et variées. Ce serait intéressant, si tu en as le temps et l'envie, de nous en dire plus sur les vraies réussites et les vrais échecs, même si tout cela n'est pas forcément reproductible en fonction du sol, du climat,....
Alors quand même une question, par rapport au "trempage des herbes hautes" dont tu parles. J'imagine vaguement ce dont il s'agit, mais peux tu nous en dire plus?
Que répondre à une question aussi vaste ? Tous les systèmes que j'ai mis en place fonctionnent très bien chez moi malgré que je n'aie que de la terre de remblais de 20 cm d'épaisseur (voir
la description de mon merveilleux terrain pour bien comprendre pourquoi j'ai dû mettre plein de choses à l'essai). D'autant que j'avais planté, il y a +/- 20 ans, un magnifique bois d'épicéa qui eut tôt fait de dégrader le peu de terre que j'avais.
Ce sol "dément", déséquilibré, détraqué, calamiteux, harassant, impossible, me cause encore bien des souffrances lorsque je veux planter les fruitiers et haies arbustives. Désolidariser les cailloux est un travail long et pénible. Ensuite, il faut passer toutes les scories au crible pour n'en retenir qu'un substrat rude de granulométrie 0/10 qu'il faut ensuite mêler à la terre de fond. Bah, à chacun son calvaire !
Chaque parcelle "récupérée" sur ce bois a été "travaillée" différemment (mais de moins en moins en profondeur) suivant la méthode de culture mise en application, guidée uniquement par une rage de "résultats". Heureusement, je me soigne et cherche de plus en plus le graal : récolter sans travail.
En "traditionnel", depuis 5 ans, j'utili
sais du fumier (vache, cheval & poule) et du compost à chaud. Plus maintenant : seulement du compost. J'ai eu de la chance, cela a bien fonctionné depuis la première année. Mais j'y avais été à la pelle mécanique pour enlever les cailloux et "mélanger" les horizons et fumures sur près de 1m de profondeur.
Emerveillé par les promesses des gourous de la permaculture, j'ai donc lancé des buttes à la Hazelipp. Rien à dire, ça marche très bien aussi. Par contre, l'installation de base, c'est un vrai gros travail... 12 buttes "à la main" uniquement : permaculture oblige !
Ensuite, entretenir les apports de paille et, éventuellement, la grelinette en fin de saison (juste aérer... pas relever la terre).
Essais de broyages de bois (BRF & bois mort, dont épicéa). Résultat : gros travail de broyage et de recherche de bois et rameaux en sève descendante. Cependant, la terre était mieux structurée, ce qui m'a ravi. Donc abandon des buttes paillées au profit de buttes "plates" de 20cm de haut entourées de cadres pour la facilité. La butte reste cependant nécessaire chez moi vu le peu d'épaisseur de ma couche de terre.
Sous BRF, pas vu de production plus importante ni moindre. Pas observé non plus de stress par manque d'azote, le broyage ayant été précomposté vu qu'il y avait tout de même pas mal de bois mort incorporé.
Composts divers... Bien entendu, j'ai toujours des planches en "traditionnel", mais plus aucun travail du sol et toujours couvertes d'une couche épaisse de compost mi-mûr. Le compost, c'est du travail, mais peu pénible : retournement complet tous les 2 jours, 7 fois (voir la méthode Berkeley que je n'hésite pas à recommander vu le précieux gain de temps). Une fois étendu entre les culture, la "vraie" décomposition continue à son aise.
Broussailles... Pour mes tomates (surtout), je me suis lancé dans le "compost des templiers". J'ai rencontré Monsieur Armand ELL pour réunir plus d'informations que le peu que l'on trouve sur le net. Cependant, le travail est plus qu'énorme "pour une personne seule" et demande environ 15m³ de broussailles et de fins rameaux (max. 8mm) d'arbres et arbustes. EXCELLENT compost ; mieux que tout ce que j'ai essayé, mais quel boulot ! Les plants de tomates y sont environ 2 fois plus "forts" qu'avec n'importe quel autre apport. Armand Ell produisait des tomates... dans la neige ! Il a reçu la visite de beaucoup de "Grands" qui étaient émerveillés de ses productions maraîchères et, surtout de son vin (réputé).
Chez moi, cela marche du tonnerre : légumes plus forts que la normale et jamais constaté de stress ou maladie quelconque sous ce couvert, sauf en 2016 : quoiqu'il n'y avait aucun traitement préventif, pas d'apparition de mildiou au cours des 2 mois de pluviosités incessantes. Il aura fallu une pluie torrentielle (3 heures durant) ayant inondé les terres pour que le mildiou fasse sa sinistre apparition et gagne du terrain petit à petit (à l'impossible, nul n'est tenu).
Les herbes hautes "trempées" : dérivé du compost des templiers "à ma sauce" car je n'avais plus de matériaux ligneux. J'ai donc utilisé les herbes sauvages qui longent l'extérieur de ma clôture (300 m²), le but étant de faire revivre le sol abîmé que laisse mon bois d'épicéas et donc, le préparer aux cultures et plantations des fruitiers.
Les herbes sont fauchées tardivement puis plongées dans de l'eau durant 24 heures. Ensuite, on les empile autant qu'on peut (je faisais 1m environ), mais en les tassant fortement (sauter dessus). On laisse ainsi durant 21 jours minimum. Elles ne compostent presque pas (par manque d'oxygène) et restent très très mouillées ! Il y a donc plutôt "pourriture" ; mais ce n'est pas excessif et ne pue pas (pas de la vase, quoi). Au bout de ces 21 jours très élastiques (= quand on en a le temps), les étaler en couches d'environ 10 cm sur le sol à traiter (si possible en plein soleil). Le trop plein d'humidité et la putridité (plus ou moins abondante suivant le temps qu'elles ont été laissées en tas) s'assèchent donc. Après quelques temps, le sol sous cette couverture est splendide et plein de vers. Très productif aussi, mais les adventices (pissenlits et chiendent chez moi) y poussent très puissamment ; plus que n'importe où ailleurs. Dommage, peut-être, mais ces pissenlits sont très imposants et, malgré cela, excellents et peu amers ! Constat donc : ce "foin" nourrit très fortement le sol.
C'est pour ces raisons que la technique à la Did67 m'a immédiatement interpellé, car il s'agit finalement de la même matière richement nourricière et complète de base, mais... utilisée à sec et en mulch épais (comme la paille des buttes à la Hazelipp) avec, à fortiori, un effet salvateur pour l'aide à la lutte contre les adventices non désirées. J'aurais dû y penser plus tôt, cela m'aurait épargné la tâche du trempage (car bien trempé et au bout d'une fourche, le foin c'est très lourd pour le dos !)
Pour compléter et surtout parfaire la ressuscite de mes sols appauvris par les épicéas, j'étends depuis trois ans de fins branchages sur les herbes utilisées comme ci-dessus (bois raméal "foulé"). Le sol se transforme sur une beaucoup plus grande profondeur. Ensuite, j'exploite sans plus y toucher : ça tourne tout seul.