Sur la question concernant les vers, pour le fumier, je reste prudent. Mais en effet, si on considère que les vers se nourrissent "à travers" les bactéries dans leur tube digestif, il se trouve que cela a déjà été "essoré" par leurs collègues dans le rumen - pour le "foin". La paille du fumier ou la paille seule, c'est kifkif : un peu pauvre...
Donc oui, je considère que c'est bien moins nutritif pour les vers que le foin. Peu de chance de me tromper, mais ce n'est qu'un avis.
Pour les feuilles mortes, très difficile de trouver des chiffres. J'ai fini par trouver une étude, qui n'a rien à voir, où il y a des résultats d'analyse.
En scoop toujours, voilà ce que j'ai écrit dans le manuscrit (en chantier - donc sous réserve) :
quelques données, mais par rapport à la matière sèche : 1 à 1,5 % d’azote pour le peuplier et 2 à 2,7 % pour l’aulne (qui entre en symbiose avec des bactéries fixatrices d’azote) ; 0,10 à 0,16 % de phosphore pour le peuplier et 0,04 à 0,11 % pour l’aulne. Le potassium n’a pas été analysé. Les taux de lignine se situe entre 21 et 25 % et ceux de cellulose de 13 à 20 %. Le rapport C/N est de 15 à 20 pour l’aulne. Et de 27 à 47 pour le peuplier.
Pareil pour les tontes de gazon...
Les cartons...
L’approche de vouloir étayer par des données fiables butte donc sur le manque de données. Le fait qu'en général, on se contente de "penser que...". Mais bon, sur les fondamentaux de la phénoculture : foin comparé aux pailles (chères aux permaculteurs), aux composts (chers aux "bio"), aux fumiers (cher au jardinier conventionnel), le brouillard s'éclaircit quand même ! C'était ça qui était important pour "positionner" cette affaire sur des bases solides, et non pas sur convictions d'un gourou (on avait évoqué cela). Pour le reste, je ferais comme tout le monde : "je m’autoriserais à penser que..." (j'utiliserais cette formule - à noter que ceux qui s’autorisent le plus sont généralement bien plus affirmatifs et disent "le fumier est le meilleur amendement...bla bla bla..."
Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue
Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue
Julienmos a écrit :merci de ces éclaircissements (concernant le fumier)
Je pensais que tu t'étais infusé les aquaporines ! [mode humour]
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue
Did67 a écrit :
On voit donc combien il est facile de confondre l'un avec l'autre et de se tromper du simple au double. Le facteur de conversion est de 0,43 dans un sens ou de 2,29 dans l'autre. Pour K et K2O, c'est 0,83 ou 1,20 selon le sens...
Un peu de pédagogie, pour ceux qui sont troublés ou perdus avec ça.
Cela date d'une époque, il y a environ 1 siècle et demi, où les analyses des plantes étaient rudimentaires : on brulait les plantes, on recueillait les cendres, on pesait, on les traitait avec différents réactifs sélectifs qui faisait précipiter l'élément recherché, on rinçait, on filtrait, on transformait éventuellement encore la molécule, et on pesait... Et on calculait (à l'époque, les laborantins savaient faire des règles de trois ! Et n'avaient pas de calculettes.).
[Pour la petite histoire, on a longtemps admis comme prouvé que les épinards étaient très riches en fer. 10 fois plus que les autres légumes verts, en gros. D'où la légende de Popeye ! Et combien de gamin en ont bavé, avec les épinards pour devenir fort. Jusqu'à ce qu'un jour quelqu'un passe des épinards au spectrophotomètre et trouve des valeurs tout à fait du même ordre que les autres légumes verts. Il y avait simplement une erreur de dactylographie lors de la transcription des résultats par un secrétaire, qui a oublié une virgule ! C'est la version que j'avais lue. Celle-ci diffère un peu : http://fjb.blogs.com/weblog/2008/01/le- ... -pina.html . Selon cette autre version, ce serait le biochimiste lui-même : c’est une idée erronée qui remonte au XIXe siècle. En cause, une simple erreur d’écriture ! En 1870, Emil von Wolf, un biochimiste allemand qui évaluait le contenu nutritionnel des aliments, s’est trompé… d’une virgule en notant le taux de fer des épinards. Il a inscrit 27 mg de fer pour 100 g de feuilles d’épinard au lieu de 2,7 mg. Ce qui est assez peu, sachant que 100 g de lentilles cuites en contiennent 3,3 mg. Voici comment l’épinard est devenu l’aliment le plus riche en fer. Et c’est au début du XXe siècle que Popeye et ses muscles d’acier ont continué à véhiculer cette fausse légende ! ]
Donc les agronomes ont pris l'habitude de dire : il y a 2,5 mg d'oxyde de phosphore dans les 3 g de cendres de départ, donc tant et tant de P... Et ils ont eu la flemme de rétrocalculer que dans 2,29 g de P2O5, il y a 1 g de P, donc dans les 2,5 mg il y avait... x mg de P.
Ils se comprenaient tous entre eux et se sont dispensés de calculer : "il y a 2,5 unités de P" pour 100 g...(le résultat de la règle de trois).
Comme on faisait pareil dans le sol, cela n'avait aucune importance.
Mais dans la plante, ou dans le sol, c'est bien les atomes de P qui nous intéressent, en réalité... Il n'y a pas de P2O5 dans le sol (le phosphore en solution est un ion - généralement H3PO4-)...
Et c'est resté ! Depuis 1 ou 2 siècles. Quand on dit parfois qu'il est difficile de faire changer quelque chose, même si c'est stupide, on n'a pas tort !
Aujourd'hui, les spectrophotomètres - ou les que-sais-je - donnent directement la teneur en P (les atomes de P) dans la substances originale en quelques instants. Cela se lit sur un écran à cristaux liquides ou un écran LED d’ordinateur !
Et comme on continue d'utiliser P205, on fait le contraire. On multiplie pour "convertir". Pour "exprimer en P2O5". Un comble !
Quand l'appareil dit par exemple 1,3 % de P (donc d'atomes de P), cela se convertit en 2,97 % de P2O5. On dit donc que la plante qui contient 1,3 % de P (atomes), contient 2,97 unités de P ou 2,97 % de P exprimé en P2O5. Donc il faut lire, si on avait fait réagir le P que renfermait la plante et on 'lavait recueilli sous forme de P2O5, alors cela aurait fait 2,97 %
C'est tordu !
Retenez que la teneur "exprimée en P2O5" est environ 2 fois plus élevée que la vraie teneur en P, l'élément chimique P (puisqu'on fait comme si on mesurait un oxyde, avec donc de l'oxygène en plus) !
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue
C'est vrai que la logique de la méthode est bien loin d'être intuitive!
PS: Je t'ai envoyé un MP.
PS: Je t'ai envoyé un MP.
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"Ne croyez surtout pas ce que je vous dis."
Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue
Ahmed a écrit :C'est vrai que la logique de la méthode est bien loin d'être intuitive!
PS: Je t'ai envoyé un MP.
Oui, il faut admettre que quand on n'est pas initié, c'est d'une clarté obscure !!!!
C'est pour cela que j'ai pris le temps d'essayer d'expliquer...
[pas reçu de "mp" récemment" ; le dernier le 14.12]
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue
Did67 a écrit :Donc pourquoi envisager de réfléchir avec comme base le fumier ou le compost et de vouloir mettre 2 tonnes de foin / 100 m² puisque cela n'a, en pratique, aucun intérêt ?
Pour faire avancer le schmilblick!
Plus sérieusement, tu as je pense (tu nous le dis) une très bonne terre à l'origine. Ce n'est pas forcément le cas de tout le monde, on peut avoir un terrain qui a été matraqué, qui est composé de remblais plus ou moins mélangés ( surtout s'il y a eu une construction), ou qui simplement a des caractéristiques pas aussi favorables ( on parlait il y a peu de terrains sableux, certes faciles à travailler mais peu fertiles et peu propices aux vers de terre).
Alors certes on peut y employer les techniques que tu as mises au point (couvrir, semer, planter,...) mais qu'en sera-t-il des résultats?
Derrière mes réflexions il y avait un peu ça: est-ce que dans un premier temps, sur un terrain "pas terrible", il n'y aurait pas moyen de booster le processus en amenant des amendements type compost ou fumier et en recouvrant ensuite de foin? L'idée étant de gagner(peut-être?) quelques années parce qu'au bout du compte, quand on regarde tes chiffres et en celà ils sont particulièrement intéressants, les apports annuels en substances humiques sont assez faibles même avec une couverture significative. Ok, la teneur en substances humiques ne fait pas tout, mais ça aide quand même!
On aura d'ailleurs cet été je l'espère une amorce de réponse ( positive ,négative ou neutre) avec l'expérimentation que tu as montée dans un lycée dont j'ai oublié le nom: foin versus foin sur compost. Mais ce ne sera qu'un point dont il sera difficile de généraliser les conclusions
PS1: je n'ai pas parlé de 2t/foin, je comparais les volumes d'1t( de fumier, de foin ou de paille).
PS2: ma question est également un peu centrée sur mon cas personnel! Je te rappelle que depuis quelques semaines j'héberge un double poney dont je n'ai pas encore décidé de quelle façon je vais utiliser sa production de crottin....
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- Julienmos
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue
Did67 a écrit :En scoop toujours, voilà ce que j'ai écrit dans le manuscrit (en chantier - donc sous réserve) :
quelques données, mais par rapport à la matière sèche : 1 à 1,5 % d’azote pour le peuplier et 2 à 2,7 % pour l’aulne (qui entre en symbiose avec des bactéries fixatrices d’azote) ; 0,10 à 0,16 % de phosphore pour le peuplier et 0,04 à 0,11 % pour l’aulne. Le potassium n’a pas été analysé. Les taux de lignine se situe entre 21 et 25 % et ceux de cellulose de 13 à 20 %. Le rapport C/N est de 15 à 20 pour l’aulne. Et de 27 à 47 pour le peuplier.
pas trop de scoops quand même... sinon ton livre, on va finir par ne plus avoir besoin de l'acheter
euh... il s'agit bien des feuilles (mortes) de ces arbres ? ou bien du bois (BRF) ?
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue
Julienmos a écrit :
euh... il s'agit bien des feuilles (mortes) de ces arbres ? ou bien du bois (BRF) ?
Oui, des feuilles mortes [c'était un protocole assez curieux pour recueillir des feuilles mortes de certains arbres de ces espèces situés su des terrains pollués et d'autres dans des peuplement forestiers identifiés ; parmi la batterie d'analyse, dont bine sûr les teneurs en certains métaux, la surface de feuilles, leur résistance, etc.. il y avait les teneurs en ces éléments, que je n'ai pas trouvé ailleurs !]
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue
Julienmos a écrit :
pas trop de scoops quand même... sinon ton livre, on va finir par ne plus avoir besoin de l'acheter
Il y a 120 autres pages ! [à ce jour, et ce n'est pas fini] Alors là, vous chipoteriez !!!
Non, c'est de la pub déguisée : vous voyez que c'est sérieux !
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue
Pour Didier, complément:
si je cherche parfois (au point d'en devenir peut-être un peu pénible...) à te pousser dans des chemins de traverse un peu moins bien carrossés, c'est aussi pour ton livre. Il ne faudrait pas que les lecteurs l'appellent "le potager du paresseux....à Rosheim".
J'ai employé hier ou avant-hier le terme "phénoculture 2.0". Je pense qu'il faut ouvrir là-dessus, il y a les fondamentaux que tu as validés (le 1.0), et puis il y a des situations différentes pour lesquelles il y a des pistes de solutions.
Si ce fil continue à vivre, on pourra certainement t'amener des retours d'expérience, même limités, mais ça va prendre du temps.
si je cherche parfois (au point d'en devenir peut-être un peu pénible...) à te pousser dans des chemins de traverse un peu moins bien carrossés, c'est aussi pour ton livre. Il ne faudrait pas que les lecteurs l'appellent "le potager du paresseux....à Rosheim".
J'ai employé hier ou avant-hier le terme "phénoculture 2.0". Je pense qu'il faut ouvrir là-dessus, il y a les fondamentaux que tu as validés (le 1.0), et puis il y a des situations différentes pour lesquelles il y a des pistes de solutions.
Si ce fil continue à vivre, on pourra certainement t'amener des retours d'expérience, même limités, mais ça va prendre du temps.
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