Julienmos a écrit :
c'était surtout la crainte d'avoir un sol "trop" riche, "engorgé" (ça existe ?) car comme tu l'avais confirmé une fois, les légumes "se gavent" s'ils en ont la possibilité (couleur vert foncé).
Par contre, tu dis quelquefois craindre "l'overdose" avec le foin... j'avais sans doute mal pigé, je prenais ça pour une overdose en matières organiques ...
"engorgé", c'est un terme "générique"... Comme "hémorragie"...
En ce qui concerne la MO (matière organique), mon point de vue est le suivant.
a) Il n'y en a jamais de trop !
b) Quels que soient les apports, on tend vers un équilibre : au fur et à mesure que le sol s'enrichit suite à des apports élevés, les pertes par minéralisation augmentent aussi et on "tombe" sur un nouvel équilibre, à une teneur plus élevée... Pour tendre vers 5 %, il faut des années et des années, avec des apports conséquents. Pour atteindre 8 %, il faut des quantités de matières organiques très très élevées chaque année. Avec mes apports, mon "pari", car les calculs précis ne sont pas simples, irait vers un objectif à 5 %. Ce qui est très bien.
c) Cette minéralisation apporte des éléments nutritifs aux plantes. Ce n'est donc pas une "perte". C'est une perte d'humus, mais une source d'éléments nutritifs pour les plantes. C'est la minéralisation secondaire (secondaire, car les MO deviennent d'abord de l'humus - 1ère transformation - puis cet humus est minéralisé lentement - 2ème transformation). Ce que j'ai appelé plus haut, une "perfusion lente", via les organismes vivants du sol, que cela nourrit au passage.
d) Une partie des apports de MO fraiche (foin, compost, fumier...) est minéralisée en partie tout de suite (minéralisation primaire). C'est cet excès que je crains. Cela apporterait trop d'éléments minéraux, au-delà des besoins des plantes. Comme si on mettait trop d'engrais !
"Engorgé" peut vouloir dire "bloqué. En clair, que les processus "naturels" qui devraient la transformer en éléments minéraux ("minéralisation primaire") ou en substances humiques ("humification"), en des proportions variables (dépendant du coeff k1, pour les spécialistes) sont inhibés : sols saturés d'eau, sols trop acides, sols trop compacts manquant d'air (tous ces processus sont aérobies), sols matraqués de pesticides (dont le cuivre...).
L'excès d'eau et l'acidité peuvent se corriger.
Les phénomènes d'aggradation, dans un sol couvert et non maltraité (broyé, mixé, piétiné...), devraient s'occuper du reste.
Beaucoup de choses qu'on lit s'appuie sur des techniques "conventionnelles", même si "bio" : travail du sol, sols nus, cuivre... En "phénoculture", il faut jeter un autre regard sur les choses et "raisonner" avec les mécanismes (et pas comme s'ils étaient "contre" nous).
Les légumes se gavent de nitrates, qui est un minéral dissous dans le solution du sol (tu ne vois pas les nitrates dans ton eau de boisson !). Donc, là, en effet, il peut y avoir une "consommation de luxe" dans les légumes - qui les absorbent au-delà de leurs besoins ! Que les nitrates soient issus des engrais ou de la minéralisation des matières organiques ou substances humiques.
En revanche, le sol ne se "gave" jamais de nitrates. C'est le seul élément qui est lessivé avec une grande facilité (d'où les pollutions des nappes en agriculture intensive)... Donc chaque printemps, il reste quelques "reliquats", mais en gros, les compteurs sont remis à "presque zéro". Pas de "gavage", pas d' "engorgement"... Même si sous un tas de compost, ou un fumier, ou une épaisse couche de foin, on peut avoir, par une minéralisation excessive, ce que j'appelle une "overdose" : une teneur supérieure aux strictes besoins, avec risque de végétaux trop "luxuriants" (donc trop fragiles, trop attaqués par les suceurs-piqueurs, trop sensibles aux maladies, etc). Et risque de lessivage vers les nappes en fin de saison. Les plantes "nitrophiles" sont un indicateur : mouron des oiseaux, orties...