Moindreffor a écrit :
à ceci s'oppose le fait de devoir investir, nos agriculteurs déjà surendettés par de mauvais conseils comme dit plus haut ont du mal à se lancer, ou l'exploitation est trop petite, donc dans ce cas il faut mutualiser et le français est plutôt individualiste quand on parle d'argent et enfin les habitudes culturales ont la vie dure, très difficile de faire bouger les lignes
en théorie se serait mieux, en effet, je le pense aussi
C'est une difficulté. Mais pas encore la pire. Il existe actuellement des financements "fléchés" (même au Crédit Agricole). Et les banquiers, frileux, sont avides de ces projets ayant une bonne rentabilité intrinsèque. Bien dimensionnés, ces projets génèrent une belle marge. En Allemagne, les producteurs de porcs ne gagnent rien sur le porc, absolument rien. Leur seule marge est la méthanisation du lisier. Ils ont compris. Nos agriculteurs, le lisier ils le projettent sur les préfectures, pour réclamer des prix. Au lieu d'adopter leur modèle à l'économie réelle (ils sont bien "libéraux", dans leur grande majorité - quand ils ne sont pas plus - mais pas quand les prix baissent !). Bon, cela commence à changer !
Et surtout, cela semble échapper à beaucoup, cela reste
les seuls prix garantis sur la durée de vie du projet (du moins, sur la durée de vie de l'emprunt) ! Et ça, pour un banquier, c'est un rêve. Donc ils se battent !
Non. La difficulté est la complexité des réglementations. Bien qu'étant plusieurs ingénieurs sur notre projet, nous avons fait appel à un cabinet spécialisé pour "assistance à maîtrise d'ouvrage" !!! En plus du maitre d'oeuvre. Pour que celui-ci soit contrôlé.
2 ans pour faire accepter le projet, contre 6 mois en Allemagne. Des "embrouilles" sans fin : alors qu'une sorte d'autoroute passe à 100 m, le dossier a été "gelé" parce qu'un des services instructeurs voulait savoir le taux d'émission de je ne sais plus que dérivé benzénique du moteur [il est bien connu qu'un moteur tournant au gaz - le biométhane étant filtré avant ingestion par le moteur pour protéger celui-ci - en régime stable est forcément redoutablement polluant ???]
Les gens du lotissement situé à proximité, au lieu de s'organiser pour profiter d'un réseau de chaleur, se sont, en partie, opposé car "leur maison allait perdre de la valeur !". Que vous ayez un "allumé" dans le quartier, qui à coup de "fake news" (un méthaniseur ayant "explosé" en Allemagne : en fait, un digesteur s'est fissuré et le digestat, en effet, s'est répandu dans le village, donnant des images spectaculaires), est vous êtes cuits. Nous avons dû "enterrer" le notre au deux tiers, le tiers restant étant dans une cuvette de rétention. Il a fallu faire des études qui simulent la déflagration (en fait, le méthaniseur étant couvert d'une bâche, si explosion il devait y avoir, cela fait un gros pschitt vers le ciel ; seul un corps fermé peut exploser violemment avec projections...)...
Etc etc... Les retards se sont accumulés.
Jusqu'à la mise en route (autorisation préfectorale) : au premier test (obligatoire), on s'est rendu compte que le gars qui avait préparé le document avait confondu moteurs à gaz et moteur dual (comme le nôtre). Les valeurs limites autorisées n'étaient pas atteignables avec un dual (plus de NOx, moins de CO)... Plusieurs milliers de ces moteurs tournent en Allemagne. Le technicien du constructeur s'arrachait les cheveux ("diese verrückte Franzosen !" - ces "cinglés de français !"). Il a d'abord cru à une blague !
Voilà le "mal français". Et voilà où cela coince.
Bon, depuis, les choses se sont améliorées, car les "services" chargés des dossier connaissent mieux.
J'ai oublié de dire : mais notre installation est classée Seveso !
En revanche, oui, une exploitation est souvent trop petite. Souvent, il faut collecter d'autres biomasses, dont le gisement n'est pas illimité. Ou se grouper sur un rayon d'action très limité ( la biomasse est très aqueuse ; sa densité énergétique est faible ; on ne peut transporter rationnellement sur de grandes distances - même si cela se fait avec nos déchets organiques compostables - mais c'est alors payé par la taxe sur les ordures ménagères et là, on ne compte plus !)