Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue

Agriculture et sols. Pollution, contrôles, dépollution des sols, humus et nouvelles techniques agricoles.
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Did67
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par Did67 » 23/12/15, 17:28

izentrop a écrit :Bonjour,
Le tout a l'égout, les spécialisations agricoles et ça continue avec la méthanisation sensée être la panacée énergétique ...



Là aussi : doucement !

La méthanisation est un procédé anaérobie qui permet de récupérer l'énergie de la biomasse.

Au lieu qu'elle se dissipe "bêtement" sur un tas de compost sous forme de chaleur perdue, on produit du méthane.

Le digestat reste un engrais liquide naturel qui renferme tous les éléments nutritifs que contenait la biomasse au départ.

Là-dessus : aucune différence entre le compostage ou la méthanisation. On a au départ de la biomasse et à la fin, des éléments nutritifs que contenaient la biomasse au départ.

La méthanisation ne détruit pas les fibres ligneuses de la biomasse. Cela ne fait que traverser la digesteur, comme elles traversent notre intestin... Quand on épand le digestat, le processus d'humification peut prendre place dans le sol. Il n'y a donc pas là non plus de grosse différence !

Pour moi, la méthanisation est une grande avancée.

Je ne vois pas où est le problème ?

[bien sûr, pas de couverture du sol possible avec le digestat ! Donc il faut travailler différemment, avec une couverture à partir des résidus ou à partir de plantes cultivées dans lesquelles on sème directement]
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Ahmed
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par Ahmed » 23/12/15, 21:25

Mais en gros, la lignine (composant chimique du bois) commence à être décomposée, par les champignons. Les bactéries n'y arrivent pas... C'est un composé polyphénolique complexe (un grand nombre de cycles de type benzène accrochés les uns aux autres) pour lelquel elles ne sont pas "armées" (enzymatiquement parlant).

C'est pourquoi il est recommandé pour faire du BRF de n'employer que des bois de petit calibre, puisque sur les parties vivantes (hors cœur, donc) la polymérisation est moins complète et donc plus facile à "casser".

D'autre part, pour faire suite à un propos de Macro, les bois doivent être frais, il n'est donc pas possible de conserver un tas de branchages pour les broyer l'année suivante: tous les éléments les plus riches ont disparus; ça n'empêchera pas l'action des champignons, mais le relargage dans le sol sera absent... et probablement le fonctionnement des bactéries qui n'y trouveront pas leur compte.
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par phil53 » 23/12/15, 23:26

Ahmed a écrit :
.

C'est pourquoi il est recommandé pour faire du BRF de n'employer que des bois de petit calibre, puisque sur les parties vivantes (hors cœur, donc) la polymérisation est moins complète et donc plus facile à "casser".
.


Ce qui m’étonne en effet, dans les communes de ma région, sur certaines zones il est déposé du BRF issu certainement de branches conséquentes. Il y a presque que du bois.
D'une part cela demande beaucoup d'énergie pour mixer ces gros morceaux
D'autre part je vois les agents d'entretien enlever les petits branchages avec leur camion au lieu de les broyer sur place et de le mettre aux pieds des plantes.
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Ahmed
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par Ahmed » 23/12/15, 23:47

Lors d'opérations d'élagage, il est évidemment plus simple de tout enfourner dans le broyeur et de donc déchiqueter les plus grosses admissibles par la machine, ce qui débarrasse d'un matériau difficile et lourd à manutentionner: il en résulte un paillage qui n'est pas du BRF.
Un semi-compostage de broyat permet de s'affranchir des contraintes de taille et d'essence du BRF: c'est la méthode Jean Pain (pas celle des débuts, son évolution).

Pour les plus petits branchages, tant que les volumes sont limités, beaucoup préfèrent s'en débarrasser tels que, plutôt que de déplacer un broyeur qui ne produira qu'un volume restreint de BRF.

C'est un des problèmes: avec du gros bois, on sort un volume de broyat très important (le volume apparent augmente), alors qu'avec des branchages de petit diamètre, le volume apparent diminue fortement (en moyenne, d'un facteur dix). D'un autre côté, lorsque la méthode Pain est choisie, cela nécessite pas mal de travail et une quantité d'eau vraiment importante...
Une plus grande disponibilité de la matière se voit contrebalancée par un coût élevé.
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par izentrop » 24/12/15, 01:32

Did67 a écrit :Le digestat reste un engrais liquide naturel qui renferme tous les éléments nutritifs que contenait la biomasse au départ.

Là-dessus : aucune différence entre le compostage ou la méthanisation. On a au départ de la biomasse et à la fin, des éléments nutritifs que contenaient la biomasse au départ.

La méthanisation ne détruit pas les fibres ligneuses de la biomasse. Cela ne fait que traverser la digesteur, comme elles traversent notre intestin... Quand on épand le digestat, le processus d'humification peut prendre place dans le sol. Il n'y a donc pas là non plus de grosse différence !

Pour moi, la méthanisation est une grande avancée.

Je ne vois pas où est le problème ?

"Dans le contexte actuel de délabrement de nos terres agricoles, afin de restaurer la teneur en
humus, la totalité de la biomasse végétale animale et humaine doivent être mobilisées pour
entrer dans des filières de compostage aérobie. Dans des conditions anaérobies, la formation
de l'humus ne démarre pas. La valeur biologique de la matière première végétale ou animale
de l'humus potentiel (qui à la limite pourrait être évaluée en termes monétaires aussi) est donc
plus élevée que celle de très peu d'énergie produite au départ de la même quantité de
matières par biométhanisation."
C'est ce qu'écrivait Joseph Országh.
Il se trompe ? Est-ce le seul à affirmer ça ? http://www.eautarcie.org/doc/article-bi ... mus-fr.pdf
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par Macro » 24/12/15, 08:57

Ahmed a écrit : faire du BRF de n'employer que des bois de petit calibre, puisque sur les parties vivantes (hors cœur, donc) la polymérisation est moins complète et donc plus facile à "casser".

D'autre part, pour faire suite à un propos de Macro, les bois doivent être frais, il n'est donc pas possible de conserver un tas de branchages pour les broyer l'année suivante:


C'est pourquoi j'ai choisi (in extremis) de n'elager que 50% de mon parc de tilleuils cette année et de broyer au fur et a mesure de l'avancée de mes travaux d'elagage ...Ca ne va recouvrir que 70% environ de ma zone en court de desertification (celle encadrée de rouge ou j'avais planté des pattates cette année)

Image
La zone noire et le restant on été recouverts de foin

Il faut que je retrouve mon tableau des plantes amies...
Dans le zone recouverte de BRF je compte faire 2 rangs de patates
quelques pieds de cougettes, tenter un rang ou deux de fraisiers et des tomates.
Dans la zone seulement paillée semer des haricots verts, repiquer des salades, et peut etre une experience de plantes a bulbes (oignons et echallottes)
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par Did67 » 24/12/15, 10:25

Ahmed a écrit :
il en résulte un paillage qui n'est pas du BRF....


Voilà.

Hélas, comme souvent, par ignorance, on n'appelle pas les choses par leur nom :

- le BRF est, selon les "inventeurs" canadiens, du bois de rameaux (d'où le R de raméal) ; le diamètre varie selon la littérature ; maxi de 4 à 7 cm ; comme dit par Ahmed, pour avoir si possible que la partie "vivante" du bois, celle qui stocke de la biomasse utile... Donc c'est celle qui a l'effet le plus stimulant sur la vie du sol...


- la plaquette forestière est le résultat du broyage de troncs plus épais ; sa vocation est souvent la combustion dans des chaudières à plaquettes.

A vu d'oeil, le produit obtenu semble être la même chose : des "chips" de bois !

Mais cela ne l'est pas.

Maintenant, les collectivités, pour leurs espaces verts, cherchent surtout à se dispenser de la corvée de désherbage. S'agissant souvent de massifs d'arbustes, de haies, la fertilité est moins cruciale.

Donc de la plaquette sera nettement moins couteuse et tout aussi efficace que de la bâche plastique (telle que nous l'avons vue plus haut).

Mais elle aura un effet moindre sur la fertilité du sol et sur la vie biologique du sol. Ces derniers dépendront, en effet, comme dit par Ahmed, de la part de branches fines / branches épaisses. Car dans la réalité, les collectivités font souvent un produit hybride en broyant tout dans le même élan : mi-BRF/mi-plaquette...


Pour le jardin du paresseux, le BRF est à privilégier. On a vu avec macro que, de toute façon, la puissance des broyeurs individuels limite le diamètre.

Si vous avez un accès "gratuit" à des "broyats indifférenciés", sachez que, même si ce n'est pas aussi "top" que le BRF, cela reste très utile : a) comme couverture (contrôle des adventices ; protection du sol ; limitation de l'évaporation...) ; b) comme milieu favorisant les champignons ; c) comme source d'humus (futur) ; d) avec malgré tout des apports d'éléments minéraux équivalents aux cendres qu'aurait produit la combustion de ce bois... C'est déjà énorme ! Tout ça au prix d'un éventuel "effet dépressif" la première année si votre sol n'est pas très riche... Ce broyat est à valoriser de façon privilégiée sur vos plantes des forêts : fraises, framboise, myrtilles...
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par Did67 » 24/12/15, 10:56

izentrop a écrit :"Dans le contexte actuel de délabrement de nos terres agricoles, afin de restaurer la teneur en
humus, la totalité de la biomasse végétale animale et humaine doivent être mobilisées pour
entrer dans des filières de compostage aérobie. Dans des conditions anaérobies, la formation
de l'humus ne démarre pas. La valeur biologique de la matière première végétale ou animale
de l'humus potentiel (qui à la limite pourrait être évaluée en termes monétaires aussi) est donc
plus élevée que celle de très peu d'énergie produite au départ de la même quantité de
matières par biométhanisation."
C'est ce qu'écrivait Joseph Országh.
Il se trompe ? Est-ce le seul à affirmer ça ? http://www.eautarcie.org/doc/article-bi ... mus-fr.pdf


A mon avis, dans le cas général, il se trompe ! Il devrait approfondir la question de l'humification et de la méthanisation. Mais je ne connais pas cette personne et ses compétences. Ce que je sais, c'est que ce n'est pas parce que quelque chose est répété sur internet que c'est vrai ! (ni faux d'ailleurs !).

- l'humus se produit essentiellement à partir de la transformation de la lignine (un peu de la cellulose) ;

- les biomasses fermentescibles (celles qui vont donner du méthane + chaleur en milieu anaérobie ou du CO² + chaleur en milieu aérobie) ne donneront pas d'humus...

Il faudrait, sur cette question d'humus, éclaircir aussi :

- le "vrai" humus est constitué d'acides humiques / acides fulviques, qui sont des composés brins / noirs du sol ; il est stable ; il contribue à plein de qualités du sol (rétention d'eau ; rétention des éléments nutritifs - cations ;stabilité de la structure ; stabilisation des argiles...) ; je ne parle que de ça quand j'écris "humus"...

- est souvent appelé aussi "humus" les matières organiques en décomposition plus ou moins avancée ; une sort de "terreau" ; qui n'est que très très partiellement du "vrai humus"

- cette double acception du mot est vieille comme la pédologie et crée une énorme confusion, notamment sur internet parmi les gens qui n'ont pas les bases et parmi les "croyants"...

- la lignine n'est pas digérée dans le méthaniseur ; seule la cellulose l'est ; lorsqu'il y en a à l'entrée du digesteur (ce que l'exploitant évitera, car cela "encombre" son système pour rien) elle se retrouve donc dans le digestat, qui est épandu dans les champs...

- donc la biomasse fraiche (qui constitue une bonne part de nos déchets) est avant tout de l'énergie (à travers les atomes de C et de H liés), un peu de minéraux...

- méthaniser revient à introduire un maillon dans le cycle naturel de décomposition, pour extraire l'énergie contenue dans les molécules hydrocarbonées ; pour le reste, le digestat renfermera tout ce que cette biomasse aurait donnée au sol lors de sa décomposition aérobie (qui aurait conduit à dissiper l'énergie sous forme de chaleur, le C sous forme de CO et l'H sous forme d'eau)...


Maintenant nuançons un peu quand même :

- il est exact qu'on enlève le "nourriture énergétique" de la bouche des organismes vivants du sol [à qui il en reste ; racines, leurs collègues décédés, etc...] mais moins ; le digestat stimule donc moisn la vie du sol que ne le ferait l'épandage de la biomasse...

- dans certains cas de projets un peu discutables (basés sur la récolte intégrale des cannes et feuilles de maïs en vue de leur méthanisation), la question de le restitution de l'humus peut se discuter (même si comme dit, la partie humifiable revient au sol via le digestat) ; ce n'est de loin pas la majorité des situations

- il faut aussi mettre dans la balance le bilan en terme de "gaz à effet de serre" émis par les tas de fumier / les cuves à lisier / les biomasses en décomposition lorsqu'il n'y a pas de méthanistaion : une catastrophe !

- et enfin, il faut savoir qu'en agriculture (j'ai quitté le jardinage), un bilan humique s'équilibre sur un cycle de cultures avec restitution d'une partie de la biomasse produite seulement ; nul besoin de tout restituer... Il nosu faudrait là rentrer dans des détails de calcul...

- ce n'est pas parce que le stock d'humus (le vrai) a été saccagé en 50 ans environ d'agriculture intensive (enfin, en moyenne, il a été divisé par 2 ; il ne faut pas non plus exagérément exagéré) qu'il faut penser à le reconstruire en très peu de temps, de façon un peu autiste ; il y aura à arbitrer entre les différents usages de la biomasse et les exigences des uns et des autres...


Donc je pense que l'extrait mis en citation est une vision très étroite des choses, partiellement erronée.

Après, c'est un avis.

La réalité agronomique du sol est déjà fort complexe. Si on rajoute les questions de GES et d'énergie, cela devient très très complexe. Donc émettre un avis revient souvent à mettre le projecteur sur un aspect parmi cent, au détriment des autres.

J'ai tendance à être pour des solutions "pondérées", non "spectaculaires" et "non-extrémistes"...

Donc ce n'est que mon avis.
Dernière édition par Did67 le 24/12/15, 11:09, édité 1 fois.
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par Did67 » 24/12/15, 11:05

Macro a écrit :Dans le zone recouverte de BRF je compte faire 2 rangs de patates
quelques pieds de cougettes, tenter un rang ou deux de fraisiers et des tomates.
Dans la zone seulement paillée semer des haricots verts, repiquer des salades, et peut etre une experience de plantes a bulbes (oignons et echallottes)


Dans le BRF, tu peux tenter aussi un ou deux melons, des aubergines... Les choux...

Et pour le semis :

- je te recommande le semis des salades ; tu leur évitera le stress de la transplantation ; très tôt, tu pourras éclaircir avec un petit couteau pointu et manger du "mesclun" [ou les deux, et tu compares]

- dans les semis qui marchent très bien : betteraves rouges ; oignon blanc ; toutes les sortes de navets...

Planter les petits bulbes d'oignons ou d’échalotes, je te le recommande car c'est un peu la "quintescence" de la méthode : rien à faire que dérouler le foin / planter directement à travers le foin / ramasser !
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par Macro » 24/12/15, 11:35

Did67 a écrit :
Planter les petits bulbes d'oignons ou d’échalotes, je te le recommande car c'est un peu la "quintescence" de la méthode : rien à faire que dérouler le foin / planter directement à travers le foin / ramasser !


Si ca marche je vais rigoler...Car partout il est conseillé de ne pas les planter sur une "fumure" recente...Mais il faut que je me depeche de les planter ces bulbes...Car visiblement c'est a faire en hivers...Il a pas finit de me traiter de dingo mon vieux becheur de père :cheesy:
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