Rajqawee a écrit :
Si ça peut te rassurer, je travaille dans un hôpital. Situation potentiellement paradoxale au vu de vouloir être écologique, tant le fonctionnement d'un hôpital est, par essence même, une anti-écologie/durabilité permanente.
Vu le condensé de techonologie, de dépenses, d'organisation, de réseaux que représente un hôpital (et pour un ehpad, c'est pareil...), l'aspect sacré de la vie humaine est encore une valeur que nos sociétés ont, je pense.
J'utilise souvent l'hôpital comme image pour évoquer les plantes sous perfs d'engrais dans les serres automatiques.
Et mes séjours de l'autre côté de la barrière m'ont permis de voir cela de près. Oui, "autonomiste sans compromission" (c'est-à-dire que si je le revendiquais, je n'accepterai pas que d'autres payent pour moi), je ne serais plus là depuis 13 ans... Cela aurait été un choix. Avec une petite conséquence - ma mort ! Remarquons que cela n'aurait pas changé le cours des affaires du monde...
Nulle part ailleurs qu'à l'hôpital se posent autant certaines contradictions : quand tu rentres dans un tunnel d'IRM, il y a en gros, au-dessus, le logo de "General Electric" - on le connait tous, d'ici ou d'ailleurs. Tu sais que tu vas utiliser une machine avec la quelle cette entreprise américaine s'est faite des couilles en or... (car encore peu de concurrence)... Et puis tu rentres. Et tu flippes juste à savoir ce que le médecin va t'annoncer à la sortie ! Une tumeur au cerveau ? (je pense là tout à coup à un mail que j'ai reçu d'un malade qui me l'a envoyé depuis l'hôpital pour me féliciter pour mon premier livre : "je l'ai dévoré, de toute façon, je n'aurais pu dormir - on venait de me découvrir une tumeur au cerveau !" pour poursuivre plus loin "que quand il sortirait, il essaierait" - il n'a pas écrit "si" et je me suis dit, si mon livre n'avait servi qu'à ça, je ne regretterais pas de l'avoir écrit !)