Une prairie potagère ?

Agriculture et sols. Pollution, contrôles, dépollution des sols, humus et nouvelles techniques agricoles.
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Re: Une prairie potagère ?




par izentrop » 23/05/18, 09:04

être chafoin a écrit :Pourquoi pas de légumineuse ?
Ça se discute
Les légumineuses n’appartiennent a priori pas aux Cultures Intermédiaires Piège À Nitrate (CIPAN). En effet, de par leur faculté à transformer l’azote de l’air en azote organique du sol à leur destruction, elles introduisent de l’azote dans la parcelle agricole puisqu’elles ne sont pas récoltées...
Cependant, les légumineuses sont globalement de bons précédents et elles autorisent des économies d’engrais azotés sur les cultures suivantes. Quelques résultats montrent également que des légumineuses (pois, luzerne) peuvent absorber l’azote minéral du sol s’il est présent. Ces effets bénéfiques font que l’on s’intéresse à ces espèces, même dans le cas de couverts environnementaux. https://agriculture-de-conservation.com ... e-a-l.html
Je pense qu'on ne peut pas comparer la phénoculture à une terre labourée dès la récolte des blès après un forçage aux ammonitrates. Il y a un monde entre les deux.
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Re: Une prairie potagère ?




par Did67 » 23/05/18, 09:34

être chafoin a écrit :D'accord, mais il y a bien une nitrification au printemps quand le sol se réchauffe, nitrification dont peuvent profiter les plantes... s'il y en a. Je me pose la question des plates-bandes couvertes par le foin qui attendent une culture dont ce n'est pas encore la saison de plantation ou de semis. Si je comprends bien, cette nitrification est moins ou pas polluante car alors les pluies sont moins abondantes et il y a peu de risque de lessivage ?


Voilà.

En fait, il y a très peu de nitrification, car les bactéries sont de grandes frileuses. L'homme n'a pas inventé le "frigo" pour rien !

Il y en a si peu que les plants "traînent du pied", alors que chez les jardiniers "chimistes" ou "composteurs", cela va beaucoup plus vite !

Cela est bien sûr variable selon les climats, mais très vite, vers avril/mai, quand cela commence à nitrifier, le bilan, au niveau des précipitations se stabilise : s'il pleut, cela compense ce qui s'est évaporé. La grande période des percolations est passée...

Très vite aussi, et on ne le sait pas assez, les racines des plantes vont aller chercher l'eau et les minéraux à 1, voire 2 mètres de profond (pour des plantes tout à fait banales)...

Donc le risque de printemps est, s'il existe, tout à fait minime.

A l'inverse de l'automne, où c'est un déluge de nitrates qui se produit avec le retour des pluies... S'il n'y a pas de plantes en pace, tout cela sera lessivé par les précipitations hivernales, celles qui rechargent les nappes d'eau !
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Re: Une prairie potagère ?




par être chafoin » 23/05/18, 19:31

izentrop a écrit :Je pense qu'on ne peut pas comparer la phénoculture à une terre labourée dès la récolte des blès après un forçage aux ammonitrates. Il y a un monde entre les deux.


Oui le foin en épaisse couche ne fertilise sans doute pas autant. Je retiens quand même de ne pas laisser une couverture de foin sans culture sur le sol l'hiver.

Sans se focaliser simplement sur l'apport (bénéfique ou excessif) de l'azote, on peut espérer des autres effets bénéfiques des engrais verts : par exemple attraction et développement de la faune aérienne, décompactage d'une terre argileuse...
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Re: Une prairie potagère ?




par Did67 » 23/05/18, 19:44

1) Détrompez-vous : en apports totaux, c'est important. Mais ce n'est pas tout sous forme minérale immédiatement soluble. Cela passe par les organismes vivants. N'oubliez jamais cette équation : le foin, c'est 85 % de matière sèche (MS). Avec un rapport C/N de 20 à 30. Contre un C/N de 15 pour un compost ou un fumier mûr, mais 50 à 70 % de flotte !

2) L'hiver n'est pas un problème, puisque les bactéries sont au frigo. C'est les mois de septembre à novembre; avec des sols qui redeviennent humides (les bactéries ont besoin d'eau ; un saucisson sec se conserve, ou la viande des grisons !) et qui, sous couvert, restent encore chaud plus longtemps...

Le système vivant de nos climats s'est habitué aux pluies d'hiver : les bactéries au frigo, des matériaux pauvres qui traînent (feuilles mortes, chaumes)... Tout cela est cohérent.
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Re: Une prairie potagère ?




par être chafoin » 23/05/18, 20:41

Qu'est-ce que c'est ?
2018-05-22 18.38.43.jpg

L' œuvre d'un mauvais ou d'un bon jardinier paresseux qui s'ignore ?

La photo a été prise dans la prairie jouxtant mon potager entretenue comme je l'ai dit à la tondeuse par le proprio. On voit un petit amas de mulch que je n'ai pas retourné pour faire sécher en foin. J'imagine que cette pratique entretien plus ou moins la prairie, puisque l'herbe va se décomposer et s'"auto-fertiliser" en quelque sorte... Ce serait donc un bon jardinier.

Pourtant on voit de nombreuses mousses dans cette prairie : n'est-ce pas plutôt que l'herbe est dans une mauvaise situation ?
La partie du mulch qui n'est pas au contact de l'air et du soleil s'est amassée, comme un peu, un petit tas de gazon ce qui peut créer un blocage local des échanges gazeux, non ? Le développement des mousses est-il dû à la fermentation du mulch, combiné à l'effet "blocage des adventices" qui empêchent les parties enherbées sous le foin de bénéficier de la photosynthèse ? Ou à de l'eau stagnante ?
Je ne sais pas si les propriétaires qui veulent un gazon irréprochable enlèvent leurs déchets de tonte pour les faire sécher, mais si c'est le cas on pourrait dire que c'est un mauvais jardinier.
2018-05-22 18.42.32.jpg

Mais peut-être est-ce plutôt un exemple de symbiose positive entre deux organismes qui profitent de la photosynthèse de deux manières différentes. Le gazon irréprochable est une sorte de monoculture intensive et un bon jardinier cherchera plutôt, à mon sens, la diversité pour favoriser les éco-systèmes.

En tout cas je me pose ces questions car j'ai vu des mousses encore vertes sous le foin que j'avais déposé directement sur la prairie pour mes pdt paresseuses, l'herbe est morte mais pas la mousse sans doute à cause de l'humidité qui reste à la surface du sol.
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Re: Une prairie potagère ?




par être chafoin » 23/05/18, 20:47

Did67 a écrit : Cela passe par les organismes vivants.


Est-ce qu'ils ne "retiennent" pas alors les minéraux ?..
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Re: Une prairie potagère ?




par être chafoin » 23/05/18, 23:49

Ok doc !
En fait, même si mes termes ne sont peut-être pas très précis, un sol vivant doit retenir mieux les engrais minéraux qu'un sol de l'agriculture conventionnelle réduit à un support mort de culture puisque les organismes du sol absorbent une partie de l'azote. Par exemple :

    les bactéries et champignons doivent stocker cette azote,
      les vers anéciques peuvent descendre dans le sol à 2,3m voire plus et remonter par leur système digestif des substances minérales qu'ils éjectent à la surface, par ailleurs ils doivent sûrement aussi "synthétiser" de l'azote dans leurs cellules (?).

      Un sol sans vie ne pourra bénéficier de cette mobilisation, de cette "turbulation" sous-terraine de l'azote. Les engrais de synthèse doivent être bien dosés (et je pense qu'ils le sont pour des raisons économiques) sur ces sols car tout ce qui n'est pas absorbé directement par les racines des plantes sera certainement lessivé en traversant la zone racinaire du sol.

      Par contre dans un sol vivant, l'azote passé dans les organismes et microorganismes sera à nouveau libéré dans le sol à la mort (inéluctable !) de ces organismes. A ce moment là, si il n'y a pas de culture pour synthétiser les substance minérales et qu'on se trouve en saison de ralenti du vivant (bactéries au frigo, vers en pause, mauvaises conditions pour le développement des champignons ...) alors il y aura lessivage des nitrates plus ou moins rapide suivant les pluies et le type de sol.

      Par contre, tu parles de septembre à novembre, mais à ce moment là les vers se remettent au travail après la pause d'été je crois bien, et tout le monde connait les bonnes périodes pour les champignons !
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      Re: Une prairie potagère ?




      par être chafoin » 24/05/18, 20:54

      Did67 a écrit : [je suis par hasard tombé sur un sac de terreau, un des rares qui dans ses analyses affiche le taux de MS : 30 % ! J'étais très généreux avec mon 50 % !!!]


      les chiffres annoncés sur 4 sacs différents :
      "terreau pour le sol" -premier prix- (écorces végétales et matières végétales) : mat. sèche/brut 35% mat organique/sec 50%
      "terreau universel" bio de grande enseigne (avec engrais NFU) : mat. sèche/brut 40% mat organique/sec 55%
      "terreau horticole" bio de grande enseigne (avec engrais organique) : mat. sèche/brut 45% mat organique/sec 65%
      "terre à planter" Or Brun -cher- (sans engrais) : mat. sèche/brut 55% mat. organique/sec 20%
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      Re: Une prairie potagère ?




      par être chafoin » 25/05/18, 11:08

      Did67 a écrit :
      Julienmos a écrit :Mais pour se persuader de la "pauvreté" des composts, relative tout de même, juste se rappeler que ce qui est généralement vendu en sac comme du "terreau universel" est le produit du compostage de nos déchets verts sur des plateformes de compostage. C'est bien entendu plus riche que du carton, des sciures ou de la paille !

      Chez les horticulteurs, avec les tables à marée, ils apportent la fertilisation avec l'eau. Leurs plants sont magnifiques, verts foncés.

      Chez moi, sans cela, les plants sont ... chétifs et jaunes ! Si tu veux, je te fais des photos. Mais vous avez surement tous connus ça !


      Oui mais alors comment faire croître convenablement nos plants en godets ?... sans engrais ?

      De même à la plantation en terre, avant je mettais beaucoup de ces terreaux sans voir vraiment une implantation correcte des plants. Peu à peu, j'ai diminué la quantité de ces terreaux qui sont chers et/ou de mauvaise qualité et l'implantation ne me semble pas plus compliquée pour les plantes (est-elle meilleure pour autant, grâce à ça ? je ne sais pas..).
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      Re: Une prairie potagère ?




      par être chafoin » 27/05/18, 12:00

      Pour poursuivre les observations sur le compost, terreau...
      J'ai devant ma maison une aire de compostage avec 2 zones côte-à côte :

      1) un composteur classique en plastique dans laquelle je recycle traditionnellement certains de mes déchets alimentaire et de jardin
      2) un compostage en tas sur lequel je dépose au grès de l'entretien de mon jardinet les coupes de végétaux, bois... sans aucun retournement

      En cherchant de la terre pour mes plants j'ai comparé les 2 terreaux récupérés sous les tas :
      2018-05-27 10.56.59.jpg

      la terre provenant de 2) (à droite) me semble bien plus proche d'un bon terreau de semis, plus sèche, grumeleuse et peut-être plus minéralisée (les petits grains blancs je pense)

      Cela dépend peut-être de la technique de compostage (que je gère peu il est vrai), mais c'est peut-être une reproduction imagée de la terre des jardins biologiques (avec apport de compost, fumier en masse et pailli=1) et de celle des jardins en phénoculture (avec apport de foin en masse=2).
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