Forêt avant l’invasion des vers de terre (à gauche) et après (à droite). Scott Loss, nrdc.org
On estime que, dans une forêt nord-américaine intacte, donc sans vers de terre, il faut 5 ans ou plus pour qu’une feuille d’érable disparaisse complètement; dans une forêt avec vers de terre, moins de 2 ans. On a remarqué que, dans les secteurs affectés, plusieurs espèces ne semblent plus pouvoir se régénérer comme auparavant: trilles, fougères, if du Canada et même le joyau de la forêt québécoise, l’érable à sucre (Acer saccharum). À la place, un érable introduit d’Europe et qui avait donc évolué en présence des lombrics, l’érable de Norvège (A. platanoides), semble en train de se tailler la place du maître dans la «nouvelle forêt nord-américaine» au détriment de notre arbre indigène.
L’effet sur les animaux de la forêt est aussi souvent désastreux. On a constaté, par exemple, une baisse de l’abondance de certains insectes et mammifères vivant dans le sous-bois ainsi que les oiseaux qui nichent sur le sol. La population de plusieurs espèces de salamandres est en chute libre à la suite de l’invasion de vers de terre exotiques, car leur nourriture (insectes et autres petits invertébrés) vit surtout dans une litière épaisse.