A)
Quand les hommes n’auront plus de spermatozoïdes
Si l’humanité doit mourir, ce ne sera pas dans le fracas d’une catastrophe nucléaire ou de l’avènement des prophéties maya. Non, elle sera victime d’un discret travail de sape qui se joue aujourd’hui, déjà, dans tous les testicules de la planète. La mort à petit feu.
Mars 2071, Banque privée de stockage des gamètes (BPSG) de Villepinte. Louis, jeune homme de vingt-cinq ans, est venu faire un retrait de sperme. Depuis qu’il est pubère, il va régulièrement en faire stocker à la BPSG, l’une des centaines de banques qui ont fleuri un peu partout ces dernières décennies. « C’est mon père qui m’a emmené, la première fois. » Louis fait partie de ces privilégiés dont les spermatozoïdes sont d’une qualité satisfaisante pour procréer. « Je dépanne des couples d’amis, parfois. C’est la troisième fois que je le fais. Et encore, ceux-là ont de la chance : la femme est fertile, ils n’auront pas besoin de dégoter des ovules en plus. » Il préfère cette solution aux « dons » qu’il est obligé de faire tous les ans à la Banque centrale de la fécondité, qu’il avoue trouver un peu intrusifs. « Mais je comprends ; quand on a la chance, comme moi, d’être fertile, on doit être solidaire du reste de l’humanité. » La fécondité mondiale a commencé à décroître il y a vingt ans, faisant éclore la banque de Villepinte et beaucoup d’autres, et forçant les gouvernements à rendre obligatoires les dons de sperme sain. Aujourd’hui, tous les signaux pointent une accélération du phénomène. Au point que les États, réunis le mois dernier au sommet pour la Fécondité de Brazzaville, ont désigné la sauvegarde de la fertilité comme enjeu majeur de la décennie.
La mort en face
1er mars 2011, l’Union européenne interdit l’emploi de Bisphénol A dans les biberons, l’accusant d’avoir des effets toxiques et notamment de s’attaquer au système reproducteur des enfants mâles. On peut le voir comme une étape importante vers l’encadrement des risques qui pèsent sur notre fécondité. Pourtant, le problème n’est pas nouveau. Dès 1950, on constate dans les sociétés industrialisées un appauvrissement du sperme, une plus grande précocité de la puberté chez les filles et la multiplication des cancers du sein et des testicules. Dans les dix dernières années, le nombre de cancers testiculaires a doublé, en faisant le premier cancer chez les hommes jeunes. Entre 1973 et 2002, en France, une enquête menée sur les banques de sperme constate que la concentration en gamètes a baissé de 30 %. Et en 2010, on établit que les hommes ont perdu 1 % de spermatozoïdes par an dans les cinquante dernières années. Le Dr Christine Roullet, gynécologue et spécialiste de la fertilité, souligne qu’il ne s’agit pas seulement de quantité : la qualité des spermatozoïdes, c’est-à-dire leur mobilité, a beaucoup décru dans le même laps de temps. Un troisième paramètre entre en compte : la morphologie. Dans le sperme de l’homme moderne, on trouve de plus en plus de cellules reproductrices dont la forme est anormale. Un constat préoccupant, sur lequel Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade se sont penchés en 2008 dans un documentaire édifiant, Mâles en péril.
Cela fait donc plus de soixante ans que l’on pressent la menace qui pèse sur la fertilité masculine, sans amélioration apparente : les causes sont multiples et difficiles à endiguer. Les démographes ont déjà prévu que la population mondiale se stabiliserait en 2050 autour de 8 à 9 milliards d’individus avant de, peut-être, commencer à décroître. Certes, les pays en développement auront alors achevé leur transition démographique. Mais si c’était aussi parce que l’humanité arrive de moins en moins bien à fabriquer des enfants ? Et si notre finitude était là, en nous, dans nos cellules reproductrices ? Viendra-t-il un jour où, comme dans Les Fils de l’homme [1] , l’homme le plus jeune du monde aura 18 ans et l’humanité regardera sa mort en face ?
Les scientifiques se refusent évidemment à dresser des scénarios aussi catastrophistes. Avec la prudence qui les caractérise, ils rappellent, comme l’épidémiologiste Bernard Jégou, que « la relation entre la baisse tendancielle de la qualité du sperme et la fertilité n’est pas une relation automatique [2] ». Le Dr Roullet souligne d’ailleurs que dans les situations d’infécondité, le problème vient de la femme dans 40 % des cas, de l’homme dans 40 %, et d’une incompatibilité entre les deux pour les 20 % restants. Mais elle dit aussi qu’ « on ne peut plus échapper à la modernité » : nos organismes sont rattrapés par nos modes de vie. Car la fécondité, et en particulier la fécondité masculine, est attaquée par une foule d’éléments inhérents à la société de consommation.
[1] Roman de P. D. James, adapté au cinéma par Alfonso Cuarón en 2006 avec Clive Owen et Julianne Moore.
[2] Dans une vidéo réalisée par l’Inserm, disponible surhttp://www.inserm.fr/reves-de-recher ... nard-jegou
Source et suite: http://www.gqmagazine.fr/pop-culture/gq ... oides/7230
B) Ce soir sur Arte à 22h10
Mâles en péril
Réalisateurs: Sylvie Gilman, Thierry de Lestrade
Auteur : Sylvie Gilman
Producteurs : ARTE France, POINT DU JOUR
Diminution spectaculaire de la qualité et du nombre de spermatozoïdes, explosion des cancers du testicule, augmentation des malformations génitales à la naissance. Notre capacité à nous reproduire serait-elle menacée ?
Prix Europa 2008
Prix des Lycéens / Pariscience 2008
Produits de beauté, jouets, emballages, etc. : beaucoup de produits que nous manipulons au quotidien pourraient nuire à la fertilité masculine. Une enquête exceptionnelle sur les composants chimiques qui menacent la reproduction du genre humain.
À partir de résultats scientifiques éloquents et d'entretiens avec des chercheurs, le film enquête sur cette tendance potentiellement aussi inquiétante que le réchauffement planétaire. Aujourd'hui, du Danemark aux États-Unis en passant par la France, les scientifiques s'accordent pour lui attribuer une origine commune : des substances chimiques qui envahissent notre environnement et perturbent notre système endocrinien.
Diminution spectaculaire de la qualité et du nombre de spermatozoïdes (- 50 % en cinquante ans), explosion des cancers du testicule (multipliés par quatre en soixante ans), augmentation des malformations génitales du petit garçon à la naissance... : notre capacité à nous reproduire serait-elle menacée ? Et pourquoi ? À partir de résultats scientifiques éloquents et d'entretiens avec des chercheurs, le film enquête sur cette tendance potentiellement aussi inquiétante que le réchauffement planétaire
Source: http://www.artevod.com/malesenperil
Extrait: http://www.artevod.com/bandeAnnoncePlay ... cheId=2165
Minisite: http://www.arte.tv/fr/2281146.html
4 autres extraits: http://www.arte.tv/fr/Males-en-peril/2293846.html
Probablement dès demain sur Arte+7...
ps: Mesdames je suis persuadé que ce forum héberge de très bons jeunes et moins jeunes mâles alpha intelligents, cultivés, ayant une vie saine et donc non polluée et qui seraient ravis de faire quelques dons! Avis aux amatrices!! :cheesy: