Tu écris:
J'utilise "légitimiste" avec le sens du dictionnaire : "celui qui est partisan du souverain (ou de la dynastie) légitime". Orléaniste, c'est kif-kif.
En l’occurrence on voit que je ne suis pas en phase avec le pouvoir en place, aujourd'hui orienté par les lobbies écologistes, orientation acceptée par les politiques. Car à défaut de la force dictatoriale, la démagogie est l'autre méthode de manipulation du peuple, et le message écologiste par sa simplicité manichéenne, plait. Interdire NDDL ou le glyphosate, faire un "Paris-plage" ou la promotion du vert, est démagogique, c'est donc aujourd'hui une composante du pouvoir en place.
Ma métaphore concernant légitimistes et orléanistes se voulait éclairante dans le sens où ce sont deux attitudes conservatrices proches, mais relevant de conceptions assez différentes: j'y reviendrai en des termes plus explicites.
Les soi-disants "khmers verts" que tu agites comme des grigris, ce ne sont qu'illusions hallucinatoires destinées à apporter un peu de crédit à tes convictions idéologiques, par contraste négatif. En réalité, on observe seulement un verdissement cosmétique du discours officiel à des fins manipulatoires: pas une destruction de la nature qui ne s'accompagne de propos émus sur la nécessité de la préserver, c'est devenu un incontournable de la propagande. Notre- Dame-des-Landes est emblématique de cette démarche: initialement conçue pour satisfaire à l'ego de
J-M Ayrault qui voulait laisser une merde portant son nom (l'ayraultport!
) à la postérité, ce dossier ne répondait à aucune utilité réelle et dès lors qu'il ne fut plus premier ministre, ce bazar embarrassant à été liquidé et, pourquoi se priver, autant en profiter pour se faire un peu de promotion, ce fut au nom de l'écologie
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Nos dirigeants sont orléanistes, ne l'oublions pas!
Dit autrement les choses seront plus claires: tout système génère des comportements qui font sens à l'intérieur de celui-ci, y compris dans les discours. Très logiquement en découlent plusieurs comportements adaptatifs: les agents de conformité, ceux de diversité et ceux de contestation. Sous des apparences logiques (rationnelles, scientifiques ou mystiques, selon les caractéristiques du système considéré) la divergence des opinions s'établit selon et à partir des catégories particulières au système à l'intérieur duquel s'expriment ces divers courants.
Les agents de conformité s'efforcent de défendre le modèle dans son intégralité, sans tolérer le moindre élément "contrariant" et produisent un discours invariablement apologétique.
Les agents de diversité, quant à eux défendent, certes le même modèle, mais en acceptant d'importantes critiques (telles qu'ici la perte de la biodiversité ou la responsabilité anthropique dans divers domaines). En l'intégrant dans leurs discours, ils s'efforcent de se blinder de la sorte contre les agents de la troisième sorte et de conforter le modèle: ainsi la transition écologique est utilisée pour camoufler la transition énergétique et par là coupe l'herbe sous le pied des critiques. La catégorie des agents de contestation est également intéressante car, au delà de la véhémence de leur opposition, se loge une faiblesse principielle, celle qui réside dans l'utilisation des mêmes catégories subjectives que les deux premières et donc le fait qu'ils ne se battent nullement contre le système en tant que cause, mais seulement contre ses conséquences, ce qui peut s'entendre, mais qui reste délicat à articuler et offre un boulevard aux catégorie précédentes.
Pour résumer, un système ne peut s'appréhender (quasiment dans les deux sens du terme!) que de l'extérieur, toute critique immanente finit, elle-aussi, paradoxalement, par renforcer le système car son travail est volontiers récupéré par les agents de diversité (c'est même son destin, puisque situé sur le même plan), sous une forme en quelque sorte "inactivée", déchargée de son potentiel critique et qui participe désormais activement à la dynamique systémique.
On le voit, les déterminismes sont puissants et, malheureusement, c'est plutôt par les contraintes auxquelles se heurtent le système qu'il évolue, au grand détriment des possibilités émancipatrices des hommes: ne leur reste le plus souvent que la consolation de verbaliser ces évolutions dans des récits qui, au prix de circonvolutions acrobatiques, s'efforcent de leur rendre le premier rôle, tant il est peu flatteur de n'être que le jouet d'un deus ex machina.