Tension avec la Russie en Ukraine

Les catastrophes humanitaires (dont les guerres et conflits liés aux ressources), naturelles, du climat et industrielles (sauf accident nucléaire ou pétrolier qui sont dans le forum énergies fossiles et nucléaire). Pollution de la mer et des océans.
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Re: Tension avec la Russie en Ukraine




par Obamot » 23/01/24, 17:10

Très honnêtement oui, je crois que ça bugue. Mais question ordre de grandeur, on peut quand même dire “bof” non?
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Re: Tension avec la Russie en Ukraine




par Obamot » 23/01/24, 17:17

J’ai donc reposé la question ainsi:

Ce qu'il y a de curieux, c'est qu'il y a environ 1,5 million de naissances par an depuis la fin de années 1990 - début 2000, mais environ 20 à 25 ans après, il y aurait 7,7 million de diplomés de l'enseignement supérieur par an. Pourriez-vous corriger cela?
Vous avez raison, il y a une incohérence entre le nombre de naissances et le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur en Russie. Selon les statistiques de l’ONU, le taux de natalité en Russie était de 11,1 naissances pour 1000 habitants en 2024, ce qui correspond à environ 1,6 million de naissances par an. Par contre, selon les statistiques de Statista, le nombre d’étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur en Russie était de 4,1 millions en 2022, et le nombre de diplômés par mode d’inscription était de 813 000 en 2021. Il semble donc qu’il y ait une erreur dans le chiffre de 7,7 millions de diplômés par an que j’ai mentionné précédemment. Je vous prie de m’excuser pour cette faute. Je vais essayer de rectifier cela.
bravo pour avoir trouvé et signalé cette erreur.

Donc à la louche et selon ces chiffres corrigés, 813 000 x2 ans = 1,6 mio / 100 = 16’000. Donc ces 2’500 les scientifiques émigrés représenteraient environ 0,15% des effectifs.
Dernière édition par Obamot le 23/01/24, 17:33, édité 2 fois.
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Re: Tension avec la Russie en Ukraine




par gegyx » 23/01/24, 17:27

Finalement Pinocchio 4-0 est bien moins fiable que sputnik ou avia.com. :cheesy:
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Christophe
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Re: Tension avec la Russie en Ukraine




par Christophe » 23/01/24, 17:47

Faut plus dire chat-GPT mais chat-CPT...(déjà dit hier)

Au fait ça veut dire quoi le GPT ?
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Macro
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Re: Tension avec la Russie en Ukraine




par Macro » 23/01/24, 17:52

Christophe a écrit :Au fait ça veut dire quoi le GPT ?


J'ai eu des gazs maintenant je vais pondre une grosse bouse...

Le pet est un vent violent qui souffle entre deux montagnes , annonçant avec fracas l'arrivée du general Caca !
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Re: Tension avec la Russie en Ukraine




par GuyGadeboisLeRetour » 23/01/24, 17:59

La fuite des scientifiques n'est pas une question de nombre, tout dépend de la qualité et de l'importance de ceux qui se barrent. Les chiffres bruts ne veulent rien dire, excepté pour des "gens" qui pensent comme des comptables. Hors réalité, quoi.
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Christophe
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Re: Tension avec la Russie en Ukraine




par Christophe » 23/01/24, 18:35

GuyGadeboisLeRetour a écrit :La fuite des scientifiques n'est pas une question de nombre, tout dépend de la qualité et de l'importance de ceux qui se barrent. Les chiffres bruts ne veulent rien dire, excepté pour des "gens" qui pensent comme des comptables. Hors réalité, quoi.


C toutafé koi g dit plus haut ! :lol:

On peut leur en donner quelqu'uns des nôtres !
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Re: Tension avec la Russie en Ukraine




par GuyGadeboisLeRetour » 23/01/24, 18:36


Après deux ans de guerre en Ukraine, que deviennent les chercheurs russes ?


La guerre en Ukraine et les sanctions internationales bouleversent le monde académique russe. Certains scientifiques ont choisi l’exil, les autres adoptent le système D, constate la revue américaine “Science”.

Quand Iouri Kovalev a décidé de s’expatrier aux États-Unis, en 2003, pour faire un postdoctorat à l’Observatoire national de radioastronomie, certains de ses collègues les plus âgés s’en sont offusqués. Il aurait pu rester en Russie, à l’Institut de physique Lebedev, où il avait obtenu son doctorat, l’un des plus anciens et des plus prestigieux centres de recherche du pays. Pourquoi partir ? “Ça me paraissait normal, puisque nous étions désormais ouverts au monde”, se souvient-il.
Quelques années plus tard, l’astrophysicien a fait le chemin en sens inverse, séduit par la puissance du secteur scientifique et par les possibilités offertes aux chercheurs dans son pays natal. Il a réintégré l’Institut Lebedev pour travailler sur le projet international RadioAstron, qui associe un satellite russe à plusieurs antennes radio installées un peu partout dans le monde pour former l’équivalent, virtuel, d’un radiotélescope géant. Grâce à lui, Iouri Kovalev et son équipe ont obtenu des images de l’espace d’une résolution incomparable, notamment des photos, d’une netteté bluffante, des jets expulsés par des trous noirs supermassifs.

La hausse des dépenses publiques consacrées à la recherche et au développement a également pesé dans la décision du chercheur : avec environ 1,2 % du PIB, c’était certes deux fois moins que les pays les plus riches, mais beaucoup plus que dans les années 1990. Les Russes en profitaient pour rééquiper leurs laboratoires et faire publier leurs articles dans des revues prestigieuses [lesquelles imposent aux scientifiques de payer pour que leurs travaux, une fois acceptés, soient publiés]. Ils repensaient également leur façon de travailler afin de s’adapter au nouveau mode de financement de la recherche, plus compétitif et fondé sur un système de bourses au mérite.

Climat politique tendu
L’Institut Lebedev était un haut lieu de la recherche : il collaborait avec le Cern, le centre européen de physique des particules installé près de Genève, et possédait son propre centre d’étude de la supraconductivité à haute température, imaginé par Vitali Guinzburg, l’un des sept Prix Nobel passés par l’Institut. “Nous avions une totale liberté de mouvement et de recherche”, se souvient-il.
C’était une autre époque. Le climat politique a commencé à se dégrader dans les années 2010, à mesure que le président Vladimir Poutine intensifiait sa répression de la société civile. L’invasion de l’Ukraine, en février 2022, a porté le coup de grâce à de nombreux scientifiques.

Beaucoup ont fui en Occident pour des raisons politiques et personnelles, et ceux qui sont restés doivent composer avec les sanctions internationales, qui pèsent sur l’approvisionnement des laboratoires. Les partenariats internationaux s’étiolent, et les Russes ne sont pas près d’en signer de nouveaux, prédit Iouri Kovalev. Il a repris le large en 2022, direction l’Allemagne. “La situation est grave, alerte-t-il, et nous n’en ressentons pas encore tous les effets.”

Au vu des mesures de répression prises par le Kremlin contre ses détracteurs et la liberté d’expression, dénoncer les difficultés des laboratoires est risqué. Plusieurs chercheurs ont refusé de répondre aux questions de Science. Les expatriés ne devraient pas fustiger leurs compatriotes restés au pays qui refusent de condamner publiquement la guerre ou le gouvernement, considère un économiste russe, sous le couvert de l’anonymat.

D’autres chercheurs jugent déplacé de s’apitoyer sur leur sort alors que l’armée russe sème la mort et la destruction en Ukraine et dans sa communauté scientifique. “Ce serait comme se plaindre d’une intoxication alimentaire pendant que votre voisin fait un infarctus”, glisse Mikhaïl Guelfand, chercheur en bio-informatique à l’Institut Kharkevitch pour les problèmes de transmission de l’information de l’Académie des sciences de Russie, et vice-président du département de recherche biomédicale à l’Institut Skolkovo des sciences et technologies (Skoltech).

“Trésors scientifiques”

Pour ceux qui gardent le silence, la vie continue comme avant, ou presque. C’est pourquoi nombre de scientifiques ukrainiens réclament des sanctions plus strictes contre les laboratoires. Selon eux, certains sont complices du complexe militaro-industriel russe. “Si les Russes n’ont plus accès au matériel, aux financements internationaux, aux collaborations avec les plus grands chercheurs, aux bases de données et aux publications, le secteur de la recherche s’en trouvera affaibli, et, d’une certaine manière, cela minera la capacité du Kremlin à envahir ses voisins”, fait remarquer Yaroslaw Bazaliy, chercheur ukrainien en physique de la matière condensée à l’université de Caroline du Sud.

D’autres ne sont pas encore prêts à abandonner leur pays – en partie à cause des trésors scientifiques qu’il renferme, notamment en Arctique, riche en informations précieuses sur le rythme du changement climatique et ses répercussions. Alexandre Kirdianov, chercheur en dendrologie [la science des arbres] à l’Institut de la forêt Soukatchev de l’Académie des sciences de Russie, actuellement en détachement au Royaume-Uni, n’a pas renoncé à ses expéditions estivales en Sibérie et prévoit de rentrer en Russie dès la fin de son contrat britannique. “Si vous croyez qu’on peut tout étudier avec précision depuis l’espace, essayez donc de mesurer l’âge d’un arbre ou l’épaisseur de sa couverture de mousse par satellite”, lance-t-il.

Alexandre Kirdianov se sent aussi le devoir de continuer à former des chercheurs en Russie. Car les jeunes étant de plus en plus nombreux à s’exiler, il craint que la Russie ne finisse par manquer de professionnels capables de mener des recherches de pointe. “C’est pour cela que nous devrions être infiniment reconnaissants envers ceux qui décident de rester.”

Collaborations internationales stoppées
Plus la guerre en Ukraine se prolonge, plus l’envie de collaborer avec les Russes s’émousse, et plus les espoirs de paix et de rapprochement prochains entre les deux pays s’amenuisent. Mais pour Dmitri Kouvaline, membre du conseil scientifique du Conseil de sécurité russe et spécialiste de l’industrie russe à l’Institut de prévision économique, la science continue de jouer un rôle fédérateur. Elle “rassemble les pays aujourd’hui et contribuera à renouer des liens demain”, assure-t-il.

Juste avant que les chars russes ne prennent la direction de Kiev, en février 2022, Irina Dejina, chercheuse à l’Institut Gaïdar de politique économique, et Elizabeth Wood, historienne au Massachusetts Institute of Technology [MIT, aux États-Unis], ont publié une étude sur trois décennies de partenariats scientifiques entre les États-Unis et la Russie.

Elles ont répertorié de nombreux exemples de collaboration fructueuse, en dépit des tensions géopolitiques et des profondes différences entre les cultures scientifiques. Elles ont également découvert que les chercheurs américains s’émerveillaient fréquemment de l’ingéniosité et de la remarquable intuition théorique des Russes, et que ces derniers avaient adopté les usages américains en matière de rédaction des demandes de financements et de publication dans les revues internationales.

“Nous avions plein d’idées pour poursuivre ces travaux”, se souvient Irina Dejina. Mais à la fin du mois de février, quatre jours à peine après l’invasion russe, le MIT a mis fin à ses dix années de coopération avec Skoltech – un établissement anglophone qu’il avait aidé à voir le jour – , ainsi qu’au programme de subvention bilatéral qui finançait les travaux de la chercheuse.

leur tour mis un terme à leurs collaborations scientifiques avec la Russie. C’est ainsi que l’Institut Max Planck de physique extraterrestre a dû suspendre l’activité de l’un des deux instruments de mesure embarqués à bord de l’observatoire spatial russe Spektr-RG, chargé de cartographier l’univers.

Le Cern a annoncé qu’il ne renouvellerait pas ses contrats avec la Russie, qui arriveront à terme en 2024, mettant ainsi fin à sa collaboration avec plus de 1 000 chercheurs russes, et les États-Unis ont imposé à plusieurs instituts de recherche, dont le Lebedev, des sanctions radicales qui ont fait fuir fournisseurs, partenaires et jusqu’à certains employés.

Censure et arrestations
Dès les premières heures de la guerre en Ukraine, des scientifiques russes s’y sont publiquement opposés. La première lettre ouverte est parue quelques heures après le début de l’invasion, rapidement suivie de dizaines d’autres, sous l’impulsion de jeunes chercheurs et enseignants.

Le Kremlin a riposté en ordonnant l’arrestation de manifestants et en faisant pression sur les hautes instances scientifiques nationales. Les dignitaires de l’Académie des sciences ont sanctionné leurs membres ayant signé ces lettres, mis en cause pour “insulte au gouvernement”. Les doyens des grandes universités ont publié des communiqués appelant à soutenir l’armée et Poutine.
La revue scientifique où étaient parus les premiers appels dénonçant la guerre, Troïtski Variant, a été accusée d’être un “agent étranger”. Ses mécènes ont pris peur, et l’éditeur a dû mettre la clé sous la porte. Les organisateurs ont dû faire disparaître la liste des signataires lorsque le gouvernement a décrété que qualifier ces événements de “guerre” était désormais un crime.

Les sanctions sont également éprouvantes pour ceux qui aspirent à poursuivre tranquillement leurs travaux. L’ampleur des répercussions varie d’une discipline à l’autre : d’après un sondage réalisé en 2022 auprès de plus de 4 000 scientifiques par l’Institut RAS de psychologie et le journal Nezavissimaïa Gazeta, quelque 70 % des chercheurs en sciences naturelles et médicales redoutent d’importantes perturbations de leurs conditions de travail. Certaines barrières sont d’ordre purement pratique, comme l’impossibilité de publier des articles dans les revues occidentales depuis que les banques russes ont été bannies du réseau bancaire Swift.
Mais d’autres contraintes sont plus techniques, car la Russie est loin d’être autosuffisante pour son matériel de recherche : les fournisseurs étrangers contrôlent environ 80 % du marché scientifique russe, a rappelé Dmitri Livanov, directeur de l’Institut moscovite de physique et de technologie et ancien ministre des Sciences, lors d’une conférence, en décembre 2022. Et les Russes ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes, a-t-il précisé. Le pays doit importer du matériel de pointe, notamment des séquenceurs d’ADN, mais également des outils élémentaires comme des balances de laboratoire.

Pénurie de matériel
Alors pour pallier les pénuries et les ruptures d’approvisionnement, les Russes font preuve de créativité. Sur l’application de messagerie Telegram, ils échangent des fournitures, partagent leur avis sur les différents vendeurs d’animaux de laboratoire et récupèrent le matériel dont d’autres labos souhaitent se débarrasser. Soutenu par le gouvernement, le projet Our Lab coordonne par ailleurs une base de données d’environ 500 fournisseurs locaux de paillasses, lasers infrarouges et autres boîtes de Petri.

Des chercheurs fabriquent leur propre gel de silice – indispensable pour effectuer des chromatographies, méthodes [très utilisées en biologie et en chimie] permettant de séparer les différentes substances d’un mélange. D’autres ont relancé la contrebande de plasmides – des molécules d’ADN circulaire utilisées pour réaliser des manipulations génétiques – depuis que la banque de plasmides américaine Addgene a cessé de les livrer.

Isolement scientifique
Outre les pénuries de matériel, les chercheurs doivent composer avec l’isolement : ceux qui sont rattachés à des organismes russes sont soumis à des restrictions ou exclus de nombreuses conférences. C’est mauvais pour la science, un domaine international par défaut, regrette Iouri Kovalev. “L’astrophysique, en particulier, ne peut être enfermée par les frontières nationales.”

Certains assistent à des conférences sans affiliation officielle, mais cela pourrait leur coûter cher sur le plan administratif et même juridique, précise Iouri Kovalev, car ils risquent d’être accusés de détourner les fonds de leur établissement pour financer leur participation aux congrès. Cela pose aussi un problème éthique, les chercheurs étant censés représenter les institutions qui financent leurs travaux.
En Occident aussi, une partie de la communauté scientifique s’inquiète. La Sibérie, par exemple, est une région stratégique pour les travaux de terrain en Arctique. Les organismes occidentaux – qui ont apporté une aide précieuse à de nombreux projets de recherche russes sur le pergélisol et le climat dans les années 1990 – se retrouvent désormais exclus de près de la moitié des zones arctiques.
Depuis des dizaines d’années, Ulf Büntgen, géographe à l’université de Cambridge [en Angleterre], se rend régulièrement dans le nord de la Sibérie pour collecter des données dendrologiques destinées à des travaux de paléoclimatologie. La région recèle encore de nombreux secrets, mais il craint que la perturbation des expéditions ne chamboule le recueil de données en continu, dont la mise en place a nécessité beaucoup de travail. Il voudrait que les climatologues fassent abstraction des enjeux politiques et reprennent leur collaboration avec les universitaires et les institutions russes. “Pour lutter contre le changement climatique, nous devons travailler en Russie, avec les Russes”, assure-t-il.

Yaroslaw Bazaliy et ses collègues ne voient pas les choses ainsi. Pour le chercheur ukrainien, mettre la politique de côté ne fera qu’aider le Kremlin à faire “comme si de rien n’était”.

La guerre a également accéléré l’exode des savants russes – et ce sera peut-être son préjudice le plus durable sur la science. L’ampleur du phénomène, devenu un sujet sensible depuis les années 1990, est difficile à évaluer. Mais à en croire Johannes Wachs, chercheur en informatique à l’université Corvinus de Budapest, l’émigration dans le secteur de la tech constitue un bon indicateur.
Exode des développeurs russes

Grâce aux données répertoriées par GitHub – plateforme open source à destination des développeurs – sur les changements de localisation des utilisateurs, Johannes Wachs estime qu’entre 11 % et 28 % des développeurs russes ont quitté le pays depuis le début de la guerre.
Lire aussi : Sanctions. Le géant de la tech Yandex veut quitter la Russie

À défaut de données chiffrées, il nous reste les témoignages. Ilia Chourov est mathématicien, et il a quitté son pays en mars 2022, après avoir manifesté contre l’invasion de l’Ukraine. Il a trouvé un contrat de postdoc en physique de la matière condensée à l’université Radboud de Nimègue, aux Pays-Bas, pour une durée de deux ans.

Son ancien employeur, l’École supérieure d’économie (HSE), a perdu près de 700 enseignants depuis le début de la guerre, à en croire le message publié en août 2023 sur Facebook par son cofondateur, Andreï Iakovlev, pour annoncer son propre départ. Ilia Chourov a nettement régressé en troquant son poste à responsabilité contre un postdoc, mais il apprécie sa nouvelle liberté. Il confie :

“Au moins, je suis sûr de ne pas me faire virer sans crier gare parce que j’ai fait quelque chose qui a déplu à quelqu’un.”

C’est ce qui est arrivé à Dinara Gagarina, chercheuse en humanités numériques dans une antenne régionale de la HSE. Elle a été écartée de tous ses projets puis congédiée pour “conduite amorale” après avoir critiqué la guerre sur les réseaux sociaux.

Elle s’est d’abord battue contre son renvoi, car elle souhaitait continuer à superviser ses étudiants, mais il y a quelques mois, elle a quitté la Russie à son tour, après avoir reçu plusieurs appels de la police. Elle a décroché un poste à l’université d’Erlangen-Nuremberg, en Allemagne. “Le plus dur dans tout ça, c’est le sentiment d’injustice”, glisse-t-elle. Son second appel a été rejeté par un tribunal en juin.

Il y a une dizaine d’années, Dmitri Moussoline, entomologiste spécialisé dans les nuisibles des forêts, est rentré en Russie après dix années de recherches au Japon, parce qu’il avait perçu “des signes encourageants” de changement. Il a intégré l’université technique forestière de Saint-Pétersbourg, dont il est devenu le directeur adjoint, coordonnant les travaux de recherches et les relations internationales.

“Mais c’est là que tout a commencé à se dégrader”, se souvient-il. En mars 2022, au moment où son doyen signait le communiqué de soutien à la guerre, il a quitté le pays pour occuper un poste à l’Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes.
Une communauté solidaire

Contrairement à leurs prédécesseurs qui fuyaient les ruines de l’Union soviétique, les chercheurs d’aujourd’hui sont bien armés pour trouver un nouveau foyer à l’étranger, notamment grâce aux nombreux partenariats internationaux. Ils rejoignent une communauté vaste et diverse, prête, la plupart du temps, à venir en aide à des chercheurs russes et ukrainiens.

“Je me sens aussi proche des uns que des autres, après tout, j’ai grandi en Union soviétique”, explique Alexandre Kabanov, directeur général de l’Association scientifique russo-américaine, organisme à but non lucratif qui rassemble la diaspora des chercheurs russophones et a lancé il y a peu un réseau d’accompagnement pour les universitaires en danger.

Il donne tout de même la priorité à ceux qui fuient les bombes : il épaule notamment un chercheur en pharmacie ukrainien qui a intégré son laboratoire de nanomédecine à l’université de Caroline du Nord, et en a aidé plusieurs autres à trouver du travail.
À lire aussi : Universités. Les scientifiques ukrainiens craignent pour leur vie et leur avenir

Pour Dmitri Roudenkine, sociologue et membre du programme russe de l’université George Washington [aux États-Unis], la vague d’exil actuelle est différente des précédentes. Alors qu’autrefois les chercheurs quittaient leur pays en quête d’une vie meilleure, désormais, c’est la peur qui les guide. “Ils partaient pour s’installer ailleurs, nous, nous fuyons simplement la Russie”, résume-t-il. Comme beaucoup de ses collègues qui étudient cet exode, il en est également partie prenante : en mission à l’étranger au moment de l’invasion, il a choisi de ne pas réintégrer son poste à l’Université fédérale de l’Oural.

La plupart des exilés ne sont pas pressés de couper les ponts avec la Russie. Deux chercheurs chevronnés en poste à l’étranger, qui ont refusé que leur nom soit cité par Science par crainte de répercussions sur leur carrière, restent affiliés à leurs organismes de tutelle russes, bien qu’ils ne soient plus payés. Une manière de montrer à leurs collègues qu’ils n’ont pas quitté le navire et de continuer à aider les plus jeunes. “Pourquoi est-ce que ce serait à moi de partir ? S’ils ne veulent plus de moi, ils n’ont qu’à me virer”, se défend l’un d’eux.
De nouveaux partenaires

En juillet, Vladimir Poutine a fait une apparition dans une prestigieuse conférence de recherche quantique, à Moscou. Dans son discours, il a reproché aux “élites dirigeantes” de certains pays de chercher à faire pression sur la Russie en bloquant son accès à la technologie, dans l’espoir qu’elle renonce à sa souveraineté. “La Russie continuera d’aller de l’avant et de suivre sa propre voie, sans s’isoler pour autant”, a-t-il assuré. À en croire la propagande du Kremlin, la Russie est favorable aux collaborations, mais elle est la cible de sanctions injustifiées et sans précédent.

Le gouvernement s’est tourné vers ses “amis”, en renforçant par exemple ses programmes de financement commun avec la Chine et l’Inde et en signant un nouveau partenariat avec l’Iran. Mais beaucoup de ces pays n’ont que très rarement – voire jamais – mené de grands projets de coopération scientifique avec la Russie par le passé.
Lire aussi : Softpower. À Moscou, l’université Patrice Lumumba retrouve son nom

Moscou a également repensé son généreux système de subventions aux laboratoires, sur le modèle du programme chinois “1 000 talents”, dans l’espoir d’attirer des chercheurs expatriés. Alexandre Kabanov, un des premiers à avoir bénéficié d’une de ces bourses, en 2010, estime toutefois peu probable que des chercheurs renommés se laissent séduire par le dispositif aujourd’hui.
Entre résilience et inertie

Malgré cette ambiance sinistre, aucun des scientifiques russes interrogés par Science ne craint un effondrement prochain de la recherche en Russie. Non seulement le secteur est tentaculaire, mais le rythme naturellement lent de nombreux projets, dont les budgets ont été fixés il y a des années, a préservé pour l’instant certains chercheurs des répercussions de la guerre.

Alexandre Kabanov, qui s’est expatrié aux États-Unis en 1994, a consacré ces vingt dernières années à tenter de relancer la recherche dans son pays natal, malgré l’ascension de Poutine et sa répression de plus en plus marquée de la société civile.

“Je voyais bien ce qui se passait, mais je restais optimiste, comme l’ensemble de la communauté scientifique internationale.”

Après avoir donné une seconde chance à son pays à son retour du Japon, Dmitri Moussoline, lui, a baissé les bras. “Je ne pense pas voir les choses changer de mon vivant”, conclut-il.

Olga Dobrovidova

https://www.courrierinternational.com/a ... urs-russes
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Re: Tension avec la Russie en Ukraine




par Obamot » 23/01/24, 19:32

Ah j’ai compris, les scientifiques russes c’est des branquignols, y z’ont étés obligés de s’expatrier pour venir piquer les plans des armes hypersoniques à l’Ouest, pour fabriquer les leurs… ( :mrgreen: ) et pareil pour tout le reste, takawaar…

Paraît même qu’ils n’auront bientôt plus de munitions, que l’économie toute entière va s’effondrer, je tiens ça de Bruno…

Donc parmi les 2’500 qui sont partis, y’avait beaucoup d’espions, mais chuuuuût :wink: :D
Et un haut responsable Ukrainien a même laissé entendre que Prigojin était vivant…
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Re: Tension avec la Russie en Ukraine




par GuyGadeboisLeRetour » 23/01/24, 20:56

Fascinante compréhension !
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