Ce soir, à la télé, un documentaire détaille le recyclage des déchets nucléaires dans le monde. Les auteurs affirment qu'une partie des déchets français est entreposée en Sibérie.
Arte diffusera à 20 h 45 un documentaire réalisé par Laure Noualhat, journaliste à Libération, et Éric Guéret, co-réalisateur, intitulé Déchets, le cauchemar du nucléaire. Une enquête sur le circuit des déchets nucléaires à travers le monde. Et qui fait déjà du bruit.
Les auteurs y contestent le chiffre des « 96 % de matières radioactives recyclables comme l'annonce l'industrie du nucléaire. En fait, seulement 10 % sont recyclables », affirme Éric Guéret.
Aujourd'hui, un peu plus de 850 tonnes de combustibles usés des centrales d'EDF sont retraités, chaque année, à la Hague (Manche). L'usine d'Areva y sépare les matières radioactives sous trois formes : le plutonium (1 %) dont une partie est transformée en nouveau combustible, le Mox ; des déchets ultimes inutilisables (4 %) ; et, surtout, l'uranium de retraitement (les 95 % restants). Cet uranium est théoriquement recyclable.
Or, une grande partie (85 %) de l'uranium de retraitement est entreposée à Pierrelatte (Drôme). « EDF a fait le choix d'une réserve stratégique de matières premières, le fameux « bas de laine » », explique Christophe Neugnot, directeur de communication de l'usine Areva de la Hague. Une autre partie est envoyée en Russie, vers le complexe atomique de Tomsk-7, en Sibérie. Une information déjà révélée par Greenpeace, en 1984, lors du naufrage du cargo Mont-Louis, qui transportait une cargaison d'uranium français issu du retraitement à destination de la Russie.
La France ne sait pas faire
En Sibérie, cette matière est réenrichie pour être réutilisée, car la France ne dispose pas de la technologie pour le faire. Problème : « Il n'y a que 10 % de cette matière qui revient en France pour être réutilisée, assure Éric Guéret. Le reste, de l'uranium appauvri, est stocké en Russie. Ces déchets deviennent alors propriété des Russes. »
Areva annonce pour 2012 l'installation à Pierrelatte de l'usine Georges-Besse II, qui permettra de réenrichir cet uranium. Mettra t-elle fin aux transports en Sibérie ? « Nous ne sommes que prestataires, précise Christophe Neugnot. Ce sera à l'électricien de choisir s'il utilisera ce service, car EDF est le propriétaire de ces matières. »
Éric Guéret s'interroge : « Si EDF fait le choix du bas de laine, pourquoi, alors, envoyer en Russie une partie de cet uranium, puisque si peu de matière revient en France pour être réutilisée. Pourquoi ne pas tout garder à Pierrelatte, quand on sait le coût important et les risques qu'impliquent de tels transports ? »
Sabrina ROUILLÉ.
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